vendredi 16 novembre 2012

Dans leur ouvrage "Le Pen, une histoire française", paru jeudi, Pierre Péan et Philippe Cohen affirment qu'il n'existe aucune preuve que le fondateur du Front national a pratiqué la torture lors de la guerre d'Algérie.

 

Pour Cohen et Péan, rien ne "prouve" que Jean-Marie Le Pen a torturé en Algérie.

Ce n’est ni un "pamphlet" ni une "hagiographie". Accusés de "dédiaboliser" voire de "banaliser" Jean-Marie Le Pen dans leur ouvrage paru jeudi 15 novembre "Le Pen, une histoire française", Pierre Péan et Philippe Cohen, co-auteurs de la biographie du leader frontiste n’en finissent plus de se défendre.
"Nous sommes des journalistes. Qu’est-ce qu’on sait faire ? Une enquête. Nous ne sommes pas des militants ni associatifs ni politiques", affirmé Pierre Péan, jeudi, lors d’une interview accordée à RTL.
"On n'est pas arrivé avec des matraques", a-t-il ajouté, faisant valoir un devoir de "compréhension" et ajoutant que "le moins que l'on puisse dire, c'est que la diabolisation, elle, n'a pas réussi".
"De façon exhaustive toutes les saillies antisémites sont là, toutes les saillies racistes sont là", a rappelé le journaliste d’investigation connu pour ses livres polémiques comme "Une jeunesse française" sur François Mitterrand ou encore "La face cachée du Monde".
"Aucune vérité révélée ni établie"
Raison de cette polémique ? La remise en cause des accusations de torture en Algérie que l’ancien président du Front national (FN) a toujours lui-même réfutées. Pour les deux co-auteurs de "Le Pen, une histoire française", "aucune vérité révélée ni établie" ne permet de le dire. "La possible conviction [...] que Le Pen, s'il a sans doute brutalisé des Algériens, n'a pas pratiqué la 'torture institutionnelle', telle qu'elle a été massivement employée durant la bataille d'Alger sous le contrôle de la hiérarchie militaire française", nuancent-ils néanmoins.
Pourtant, 50 ans après l'indépendance de l'Algérie, ce pan de la vie de Jean-Marie Le Pen fait toujours l'objet de nombreuses spéculations. Et la question de la torture est devenue récurrente.
L'affaire du poignard révélée par Le Monde en 2002
Le 4 mai 2002, veille du second tour de la présidentielle confrontant Jacques Chirac à Jean-Marie Le Pen, Mohamed Moulay avait confié au journal Le Monde l'histoire de son père Ahmed torturé par une vingtaine de parachutistes le 3 mars 1957, sous les yeux de sa famille. Parmi eux, un homme grand, fort, et blond, que ses hommes appellaient " mon lieutenant ".
Âgé de 12 ans à l'époque, Mohamed s'était alors emparé d'un poignard laissé par mégarde par l'un des parachutistes. Un nom était inscrit sur la lame : "JM Le Pen 1er REP". Après la parution de l'article, le leader du Front national avait lancé des poursuites pour diffamation. En vain. Jean-Marie Le Pen avait perdu le procès en première instance, en appel et son pourvoi en cassation avait été rejeté.
Après 20 heures d’entretiens avec l'ancien leader frontiste, Pierre Péan et Philippe Cohen viennent donc battre en brèche ses accusations. Les deux auteurs estiment que "davantage qu'un Mussolini français, Le Pen apparaît quelque part comme le fils inattendu de [l'écrivain controversé] Céline et [du publicitaire] Séguéla". "Même le racisme ou l'antisémitisme [...] relèvent de la provocation plus que de l'intime conviction, ce qui, politiquement, ne change rien sur le fond [...]".
Pas de réaction du côté du principal intéressé. Son entourage a fait savoir qu'il était parti en vacances mercredi, "pour trois semaines aux Caraïbes".

Assiya HAMZA

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire