mardi 15 janvier 2013

EXPLOITATION DU GAZ DE SCHISTE

L'Algérie manquera-t-elle de pétrole?

Certains gisements sont en déclin
Certains gisements sont en déclin

L'économie nationale, qui n'a pas le choix des armes, semble pratiquement résignée à opter pour cette technique d'exploitation des hydrocarbures non conventionnels.
L'Algérie, qui est confrontée à la problématique de sa dépendance par rapport à ses exportations en hydrocarbures qui appelle à une mise en oeuvre, en urgence, d'une économie productrice de richesses hors secteurs pétrolier et gazier, doit aussi faire face à un potentiel épuisement de ses gisements. «Nous sommes dans le même niveau de production que celui réalisé l'année dernière, mais avec une petite diminution de la production de nos partenaires en association qui est justifiée par certains gisements qui sont en déclin», avait affirmé le 23 décembre 2012 le P-DG de Sonatrach, Abdelhamid Zerguine, aux journalistes, en marge de sa visite d'inspection du site de la future raffinerie de Tiaret (voir L'Expression du 26 décembre). L'option prise par le gouvernement pour recourir à l'exploitation du gaz de schiste pour pallier ce type de scénario constitue donc une piste à ne pas écarter comme l'indique aussi l'annonce du premier forage pétrolier d'exploration offshore en Algérie qui doit en principe être réalisé par le groupe français CGG Veritas. Selon une information rapportée par des médias français, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, aurait confié à des journalistes que la France et l'Algérie allaient prochainement signer «un accord permettant des recherches françaises sur le territoire algérien dans le domaine de l'exploitation du gaz de schiste» avait rapporté sur son site le magazine économique, L'Expansion. Le Premier ministre a quant à lui donné un sursis à ce projet qui fait débat sans confirmer les confidences du chef de la diplomatie française. En tous les cas, si cela doit se faire cela sera en 2040. Pas avant. L'exploitation du gaz de schiste en Algérie est une option pour le très long terme: «On ne va pas le pomper aujourd'hui... mais à échéance très lointaine allant à l'horizon 2040», avait déclaré Abdelmalek Sellal, le 22 novembre à Alger lors d'une rencontre avec les représentants de l'Union générale des travailleurs algériens (Ugta) et de ceux du patronat. Pourquoi cette «année butoir»? On peut trouver un début de réponse dans les analyses et les prévisions de certains experts. «Veut-on hâter la fin du pétrole en pompant d´une façon inconsidérée pour tarir les réserves prouvées de pétrole? A une cadence de 2 millions de barils par jour, en 2032 nous serons à sec.» avait prévenu le Pr Chems Eddine Chitour dans une interview accordée à L'Expression au mois d'avril 2009. Il n'est donc nullement farfelu de penser que l'Algérie pourrait manquer de pétrole d'ici 2040. L'exploitation du gaz de schiste dans une telle situation sera incontournable. L'affaire donne l'impression d'avoir été déjà tranchée. Le ministre de l'Energie et des Mines n'a pas écarté le recours à cette alternative, qui pourrait avoir des conséquences irréversibles sur l'environnement. Cette exploitation se fera «dans le strict respect de la réglementation en matière de protection des aquifères et de l'environnement», a affirmé sur un ton rassurant Youcef Yousfi qui s'est exprimé le 8 janvier devant les membres de l'Assemblée nationale populaire. Les craintes ont fait aussitôt surface. «Je propose un amendement à ce projet de loi qui porte sur l'annulation de tous les articles relatifs aux hydrocarbures non conventionnels», a répondu le vice-président du groupe parlementaire du FLN. En introduisant l'exploitation des gaz non conventionnels, «le gouvernement ignore sciemment les dangers encourus en raison de cette exploitation et, bien au contraire, rassure que l'extraction ne va pas polluer les eaux souterraines au Sahara», a ajouté Tliba Baha Eddine. «Nous ne sommes pas convaincus (de cette exploitation), ceci n'est pas un discours politique, mais plutôt des propos tenus par des experts qui contredisent vos arguments... Le peuple algérien n'a nul besoin de bombe à retardement», a surenchéri Fillali Ghouini, député de l'Alliance pour l'Algérie verte (AAV). Qu'en pensent les experts? Les pétroliers, français particulièrement, se veulent rassurants quant à la fracturation hydraulique, technique utilisée pour l'extraction du gaz de schiste, pointée du doigt. Elle «comporte des risques. Mais aujourd'hui nous sommes en mesure de les encadrer», affirme Pascal Baylocq, président du comité de réflexion sur les gaz non conventionnels au sein du GEP-Aftp. Le tubage et la cimentation des puits permettraient une étanchéité parfaite des forages, notamment au moment du passage dans les nappes phréatiques écrit le mensuel économique L'Expansion qui cite ce responsable. Les débats sont ouverts... Quant à l'Algérie qui n'a pas le choix des armes, elle semble pratiquement résignée à opter pour cette technique, très controversée, d'exploitation des hydrocarbures non conventionnels...

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