mardi 5 mars 2013


Stéphane Hessel : l’ultime indignation


 
 Un grand qui est parti sur la pointe des pieds.
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Mort mercredi dernier à l’âge de 95 ans, le diplomate et écrivain, Stéphane Hessel, a laissé un grand vide dans les cœurs de ceux qui luttent pour un monde meilleur. Ces derniers lui ont rendu un vibrant hommage, place de la Bastille, jeudi dernier.

Paris
De notre correspondant
Ils étaient plusieurs milliers à se rassembler jeudi soir, à la place de la Bastille, à Paris, pour rendre hommage au philosophe et diplomate disparu, Stéphane Hessel. Jeunes, moins jeunes, étudiants, chercheurs, philosophes, chômeurs ou sans-papiers, tous sont venus, malgré le froid nocturne, pour saluer la mémoire d’un juste parmi les justes, d’un indigné qui a fait tant d’émules, pas uniquement en France, mais dans le monde entier. Les participants ont demandé à ce que Stéphane Hessel entre au Panthéon, aux côtés de grands noms de la politique et de la littérature française.
Grâce à son petit essai, Indignez-vous, publié en 2010, vendu à 4 millions d’exemplaires et traduit dans plusieurs langues, Stéphane Hessel a su capter l’esprit de la jeunesse mondiale. Celle-ci s’est inspirée de ses conseils pour organiser dans les pays d’Europe et aux Etats-Unis des mouvements de contestation demandant aux Etats de mettre en place une autre politique sociale, plus respectueuse des valeurs humaines, mais surtout créatrice d’emplois et de justice. De New York à Madrid, de Paris à Tel-Aviv, en passant par Londres et Rome, des dizaines de milliers de jeunes ont occupé les places centrales et les carrefours pour dénoncer les injustices sociales et économiques. Né en 1917 à Berlin, en Allemagne, Stéphane Hessel était fils d’un couple de juifs polonais.
A l’âge de 7 ans, il s’installe avec sa famille à Paris et sera naturalisé français en 1937. Elève doué et exigeant, il avait  fait de brillantes études en philosophie, avant d’être enrôlé dans les Forces françaises libres, en 1941. En 1944, il est arrêté par l’armée nazie puis déporté à Buchenwald. Il subira la torture et toutes sortes d’exactions, avant de parvenir à s’extraire de ce goulag en se faisant passer pour une autre personne. Homme de lettres, humaniste et grand défenseur des droits de l’homme, il fera une longue carrière diplomatique. Celle-ci a commencé en 1946 à l’ONU, avec René Cassin, Premier ministre sous le président français René Coty, avec lequel il contribuera à l’élaboration de la Déclaration universelle des droits de l’homme.
Infatigable avocat des Palestiniens
En 1955, il est nommé diplomate à l’ambassade de France au Viêtnam, où il resta deux ans, avant d’occuper  le poste de conseiller aux affaires culturelles et universitaires à l’ambassade de France à Alger de 1964 à 1968. C’est à cette époque qu’il s’est lié d’amitié avec bon nombre d’Algériens, notamment des intellectuels et certains hommes politiques avec lesquels il a gardé des liens étroits.
Stéphane Hessel n’avait cessé de faire des allers-retours entre la France et l’Algérie, car il croyait avec ferveur au dialogue des cultures et échanges entre les civilisations.  
Il était favorable à la création d’un Etat palestinien fiable aux côtés d’Israël. Il n’avait eu de cesse d’appeler Israël à appliquer les résolutions de l’ONU et à accorder aux Palestiniens leurs droits légitimes. Ce qui lui avait valu l’inimitié des organisations juives françaises.
En 1977, il est nommé par Giscard d’Estaing représentant de la France auprès des Nations unies à Genève, en Suisse. Homme de cœur et de gauche, il occupera plusieurs postes politiques et sera conseiller sous le règne du président Mitterrand.
Stéphane Hessel a milité en faveur des sans-papiers, notamment lorsqu’ils se sont réfugiés dans l’église Saint-Bernard dans le 18e arrondissement de Paris. A ce titre, il avait demandé à Alain Juppé, à l’époque Premier ministre, de ne pas utiliser la force contre les sans-papiers et leur famille, mais d’étudier les dossiers au cas par cas, avec une attitude bienveillante.

 
Yacine Farah El Watan

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