Entre espoir et volonté de changement, les Algériens de France ont commencé à voter
Les tensions de la campagne en Algérie, où plusieurs meetings ont été perturbés et où le président sortant, invisible depuis des semaines, est soupçonné d'organiser des fraudes, se ressentent jusque devant l'école algérienne du 19ème arrondissement de Paris transformée en bureau de vote. Là, une dizaine de personnes se sont drapées dans l'étendard national vert et blanc et entonnent d'une voix forte des chants patriotiques.
Ils lancent un cri du cœur en forme d'avertissement aux électeurs qui pénètrent dans l'école : « Notre coeur est rempli de colère contre ce scrutin truqué ! » Si ce tapage semble intriguer les passants, les Algériens qui se dirigent vers les urnes, eux, mettent un point d'honneur à n'accorder aucun regard aux perturbateurs.
LE VOTE DOIT ÊTRE UNE FÊTE
« J'ai déjà voté bien sûr, j'étais le premier ! Je suis venu à 8 heures ce matin. »Radieux, un octogénaire installé en France depuis 50 ans fait le trajet pour la deuxième fois de la journée. Il est revenu au bureau pour accompagner son meilleur ami. Dans leurs costumes marine très chic, les deux vieillards brandissent tous deux leur index taché d'encre rouge comme un signe de victoire. Derrière eux, une femme d'une quarantaine d'années sort de l'isoloir l'air très satisfait, réajustant un brushing déjà impeccable.
Dans ce bureau où une centaine de personnes avaient déjà défilé à la mi-journée, les électeurs se sont apprêtés : le vote doit être une fête. Costumes de rigueur pour les hommes et bijoux assortis pour les femmes, moins nombreuses, qui les accompagnent ou sont venues seules.
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Les partisans du candidat Bouteflika – les plus nombreux – disent leurs espoirs pour un quatrième mandat, à l'image d'un couple discret originaire de Mostaganem, la « ville des mimosas ». L'épouse, Mazouna, s'exprime avec un calme déterminé : « Nous avons beaucoup souffert, traversé des choses affreuses. C'était la terreur permanente pendant les années noires, et il ne faut pas oublier tout ce que Bouteflika a fait pour nous. Il a ramené la sécurité, c'est le meilleur. »
Au premier étage, devant le bureau numéro 5, un père de famille à l'allure sportive tient un discours moins policé : « Il y a clairement un malaise à éradiquer dans notre société. L'actuel président a amené l'instabilité et maintenant, on aspire à mieux. Il faut que d'autres personnes prennent le pouvoir. » Vote-t-il pour Ali Benflis, cet homme du sérail qui entend désormais incarner le changement et se pose en principal rival de M. Bouteflika ? On ne le saura pas.
Par Marine Messina
source: Le Monde
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