Massacre de Sétif : la France se déplace pour les commémorations

La France sera représentée en Algérie ce dimanche pour le 70e anniversaire du massacre de Sétif. Photo d'illustration prise lors des commémorations organisées à Sétif le 08 mai 2012 © Maxppp
Le secrétaire d'Etat aux anciens combattants, Jean-Marc Todeschini, est en Algérie ce dimanche pour commémorer le 70e anniversaire du massacre de Sétif. La répression du 8 mai 1945 a fait plusieurs milliers de morts parmi les Algériens. C'est l'une des pages les plus noires de l'Algérie française, mais la France qui a reconnu une tragédie inexcusable refuse d'aller jusqu'à la repentance.
A l'époque, l'Algérie est française et dans le Constantinois, dans l'est du pays, comme à Sétif, on célèbre la fin de la Seconde Guerre mondiale. Environ 150.000 Français d'Afrique du Nord ont combattu, mais les Algériens veulent profiter de cette journée pour demander la libération de leurs leaders nationalistes. Le climat est tendu depuis le début du mois de mai, et quand en tête de la manifestation de Sétif un jeune homme brandi le drapeau algérien, tout dérape. Nous sommes devant le café de France. Un commissaire de police tente de s'emparer du drapeau, des Européens s'en mêlent, la police tire, et la manifestation tourne à l'émeute.
Il y a 28 morts chez les Européens et le mouvement gagne les villages alentours, à Guelma, Kheratta, l'armée intervient. Plusieurs milliers d'Algériens seront tués, 45 000 selon le gouvernement algérien, 8.000 pour certains historiens. Côté Européens, on s'accorde sur le chiffre de 110 morts, contesté par les pieds noirs. Tous les témoignges parlent de scènes de massacres et beaucoup y voient comme les prémices de la guerre d'indépendance, une répetition de la Toussaint rouge, l'insurrection de 1954.
La France pour la première fois représentée à Sétif
70 ans plus tard, c'est la première fois ce dimanche qu'un membre du gouvernement français se rend sur place, à Sétif, pour commémorer cette page sombre de l'Algérie française. Le 27 février 2005, c'est l'ambassadeur de France en Algérie, Hubert Colin de Verdière, qui avait reconnu une responsabilité de la France dans ces massacres. Il avait évoqué une "tragédie inexcusable". En décembre 2012, le président François Hollande avait reconnu "les souffrances que la colonisation avait infligé" aux Algériens et dénoncé un "système colonial profondément injuste et brutal".
Mais l'Algérie souhaite que la France aille au-delà de cette politique "des petits pas" et qu'elle "s'excuse" pour son passé colonial. Paris refuse de faire acte de "repentance". "Le but du voyage, c'est de mettre en lumière la mémoire partagée", dit-on dans l'entourage de Jean-MarcTodeschini.
Le secrétaire d'Etat aux anciens combattants se rend donc à Sétif en avril plutôt que le 8 mai, pour des raisons d'agenda. Il poursuivra sur Mers-el-Kebir, dans le golfe d'Oran, pour commémorer tout autre chose, le 75ème anniversaire de l'attaque de la marine française par les britanniques en juillet 1940, pour éviter que la base, sous contrôle de Vichy, ne tombe aux mains des Allemands.
Les explication de Benjamin Stora au micro de simon Le Baron :
http://www.franceinfo.fr/actu/article/massacre-de-setif-la-france-representee-pour-la-premiere-fois-en-algerie-669559
Les explications de l'historien Benjamin Stora au micro de Simon Le Baron
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire