«Un peu de colère». Voilà le sentiment qui a poussé Kamel Daoud a écrireMeursault, contre-enquête. Un roman, le premier de l’Algérien, qui reprend la trame de L’Étranger, d’Albert Camus.Meursault, contre-enquête, le roman de l’Algérien Kamel Daoud, est désormais disponible en vietnamien. De passage à Hanoi, l’écrivain revient sur la genèse de ce livre, qui redonne une identité à l’Arabe tué dans L’Étranger, d’Albert Camus.
Paru aux éditions Barzakh (Algérie) et Actes Sud (France), Meursault, contre-enquête, de l’écrivain algérien Kamel Daoud est désormais disponible en vietnamien. |
«Lors d’une rencontre avec un journaliste français, j’avais l’impression qu’il me posait la question si Camus était Français ou Algérien. Ça m’a agacé, a expliqué l’écrivain à la presse, le 5 juin à Hanoi. Le ramener à une question d’héritage entre les deux pays, c’est un peu réduire l’homme et son œuvre». En résulte une chronique, publiée en 2010 dans le Quotidien d’Oran, pour lequel Kamel Daoud écrit depuis dix-sept ans et dont il a été rédacteur en chef. Puis un roman, paru en 2013 aux éditions Barzakh (Algérie) et en 2014 chez Actes Sud (France).
Déjà traduit en plus de vingt langues, le roman l’est désormais aussi envietnamien. Et ce grâce au concours de l’Université de Hanoi. «Cette traduction a une résonance particulière, commente Kamel Daoud, au Vietnam pour promouvoir l’ouvrage. D’une part car le Vietnam et l’Algérie ont tous les deux été colonisés par la France. Mais aussi car cela m’évite d’être catalogué comme un écrivain qui n’écrit que pour l’Occident».
Ne pas être enfermé dans le temple camusien
Premier roman édité au Sud primé par la Francophonie Meursault, contre-enquête est le premier roman édité dans un pays du Sud à être primé par le Prix des cinq continents. Créé en 2001 par l’Organisation internationale de la Francophonie, il consacre chaque année un texte de fiction narratif - roman, récit, nouvelles - d’un écrivain témoignant d’une expérience culturelle spécifique enrichissant la langue française. Accueillant tout auteur d’expression française, il met en valeur l’expression de la diversité culturelle et éditoriale du français sur les cinq continents. |
Lauréat du Prix des cinq continents de la Francophonie 2014 (lire encadré), du Prix François Mauriac 2014 et du Prix Goncourt du premier roman 2015, Kamel Daoud reprend, dans son texte, des passages de L’Étranger. «Ça m’amusait. J’avais envie de les faire revivre à ma manière». Il pousse même la ressemblance jusqu’au nombre de pages. «J’ai écrit un roman à partir de Camus. Je l’utilise comme un grand interrogateur du XXe siècle. Mais je ne veux pas être enfermé dans le temple camusien», précise toutefois l’auteur né en 1970.
Pièce de théâtre et film inspirés du roman
Monument de la littérature, L’Étranger a été décortiqué, commenté, analysé. Mais personne n’avait jusqu’alors pensé à redonner un nom à l’Arabe.«Tant mieux, sourit Kamel Daoud, même si l’idée est, certes, évidente. Mais il y a des moments dans l’histoire où des choses arrivent. Peut-être fallait-il que le temps passe entre l’Algérie et la France. Je crois aussi que le crime de Meursault était tellement parfait que personne ne se souciait de l’Arabe».
À noter que le roman est en cours d’adaptation au théâtre. La pièce sera présentée en juillet au Festival d’Avignon, en France. La sortie d’un film est aussi prévue pour 2017.
Texte et photo : Angélique Rime/CVN
http://lecourrier.vn/un-roman-inspire-de-camus-traduit-en-vietnamien/179758.html
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire