vendredi 30 juin 2017

Simone Veil est connue principalement pour avoir obtenu la légalisation de l’avortement, rescapée de la Shoah mais elle a aussi sauvé des prisonnières pendant la guerre d’Algérie et cette face de la personnalité de Simone Veil les médias ne vous en parleront pas…



Figure du siècle, Simone Veil 
est morte à 89 ans

Simone Veil est connue principalement pour avoir obtenu la légalisation de l’avortement, mais elle a aussi sauvé des prisonnières pendant la guerre d’Algérie
Simone Veil est décédée vendredi à l'âge de 89 ans. (Reuters)

Rescapée des camps de la mort, elle avait porté la loi sur l'IVG en 1974

Simone Veil est décédée ce vendredi 30 juin 2017 au matin à son domicile à l'âge de 89 ans. Rescapée de la Shoah, grande figure politique française, l'ancienne ministre s'est éteinte à son domicile à 8h15. 
"Ma mère est morte ce matin à son domicile. Elle allait avoir 90 ans le 13 juillet", a indiqué son fils, l'avocat Jean Veil. 
Figure de la vie politique française, rescapée de la Shoah, ancienne ministre et ex-présidente du Parlement européen, elle était depuis l'adoption de l'IVG (interruption volontaire de grossesse) en 1975 une figure des droits des femmes.

Sa lutte pour donner aux femmes

le droit d'avorter

Ministre de la Santé entre 1974 et 1979, elle fait voter par une droite frondeuse, et avec le soutien de la gauche, la loi sur l'IVG (interruption volontaire de grossesse). "Je voudrais vous faire partager une conviction de femme. Je m'excuse de le faire devant cette assemblée presque exclusivement composée d'hommes. Aucune femme ne recourt de gaieté de cœur à l'avortement...", déclare-t-elle dans un discours resté historique. Certains croiront même la voir pleurer en retournant sur les bancs de l'Assemblée, harassée par les attaques de la droite. Interrogée par L'Express, trente ans plus tard, elle dément : "Eh bien, non, je n'ai pas du tout le souvenir d'avoir pleuré."

Arrêtée à 16 ans, puis déportée

Simone Veil est née, en 1927, à Nice. Ses parents ont quitté Paris pour s'y installer. Son père, André Jacob, est architecte. Sa mère, Yvonne Steinmetz, est mère au foyer. Ils seront quatre enfants élevés au sein d'une famille juive non pratiquante : Madeleine, Denise, Jean et Simone. Le mari a exigé que son épouse arrête ses études. La mère de Simone Veil inculquera à ses filles la nécessité des études, du savoir, de l'indépendance pour une femme. La crise de 1929 met à mal les affaires du père. Ils s'adaptent. La Seconde Guerre mondiale éclate. Ils tentent de survivre alors que la ségrégation des lois antijuives rend le danger de plus en plus prégnant. Simone Veil passe son baccalauréat en 1944. Elle est arrêtée, à 16 ans, dans les rues de Nice. Le reste de la famille est également arrêté par la Gestapo. Sa sœur Denise Vernay, résistante à 19 ans, est déportée à Ravensbrück. Son père et son frère sont déportés en Lituanie par le convoi 73. Simone Veil est envoyée à Auschwitz-Birkenau, avec sa sœur Madeleine (21 ans) et sa mère (43 ans). Elle se liera d'amitié, dans cet enfer, avec Marceline Loridan. Sa mère adorée meurt du typhus le 13 mars 1945. Les trois sœurs, Simone, Madeleine et Denise, sont les seules survivantes de la famille Jacob. Simone Veil attendra des années pour parler de la déportation de sa famille.
Elle épouse Antoine Veil, en 1946, avec qui elle aura trois fils. Jean (né en 1947), Nicolas (né en 1948 et mort en 2002), Pierre-François (né en 1954). La famille fut, tout au long de sa vie, son port d'attache. Dès son mariage, Simone Veil se souvient des conseils de sa mère. "Faire des études pour pouvoir travailler et être indépendante financièrement." Elle passe le concours de la magistrature et poursuit une brillante carrière de haut fonctionnaire. Elle devient en 1974 ministre de la Santé dans le gouvernement de Jacques Chirac, sous Valéry Giscard d'Estaing.
Simone Veil mettra aussi sa popularité au service de l'Europe. Elle sera notamment élue présidente du Parlement européen en 1979. Elle est ministre de la Santé dans le gouvernement d'Édouard Balladur de 1993 à 1995 puis siège au Conseil constitutionnel de 1998 à 2007.

"Vous offrez une image républicaine et morale"

En mars 2010, Simone Veil était entrée à l'Académie française, devenant ainsi immortelle. "La clé de votre popularité, il faut peut-être la chercher, en fin de compte, dans votre capacité à emporter l'adhésion des Français. Cette adhésion ne repose pas sur je ne sais quel consensus médiocre et boiteux entre les innombrables opinions qui ne cessent de diviser notre vieux pays. Elle repose sur des principes que vous affirmez, envers et contre tous, sans jamais hausser le ton, et qui finissent par convaincre. Disons-le sans affectation : au cœur de la vie politique, vous offrez une image républicaine et morale", avait alors déclaré Jean d'Ormesson lors du discours de réception. "Je considère votre parcours et je vous vois comme une de ces figures de proue en avance sur l'histoire", ajoutait-il alors.
La même année, dans un sondage Ifop pour le JDD, réalisé à l'occasion du 100e anniversaire de la journée des droits de la femme, Simone Veil était désignée 'femme préférée des Français'. "Il ne s’agit pas juste de popularité mais d’un témoignage de confiance qui me touche beaucoup. On me dit souvent que j’incarne la cause des femmes", réagissait-elle alors, appelant à avancer sur le chemin de l'égalité hommes-femmes.
 Simone Veil connue principalement pour avoir obtenu la légalisation de l’avortement, mais elle a aussi sauvé des prisonnières pendant la guerre d’Algérie
Simone Veil pendant le combat de sa vie en 1974

LA FACE PEU CONNUE
DE SIMONE VEIL 
Issue d'une famille juive profondément française et républicaine, Simone Jacob fait preuve très jeune d'une personnalité exceptionnelle. Une personnalité que le destin met à l'épreuve, lorsque la sauvagerie nazie la conduit, à dix-sept ans, avec sa mère et sa soeur aînée, dans le camp d'extermination d'Auschwitz. Elle en revient avec une volonté farouche de témoigner. Mariée, mère de famille, sa vie publique commence au ministère de la Justice, où elle est chargée des prisons. Confrontée aux atrocités de la guerre d'Algérie, elle prend une part essentielle au sauvetage des prisonnières. De la cause des femmes, elle fait ensuite son combat quand, ministre de la République, elle obtient en 1974 la légalisation de l'avortement, véritable révolution des moeurs dans ce pays. Pourquoi Simone Veil est-elle si populaire ? Pourquoi tant de Français, d'origines politiques, culturelles ou religieuses si différentes, se reconnaissent-ils en elle ? Retracer le destin tragique et superbe de Simone Veil, c'est avant tout comprendre l'Histoire de ce siècle.
Simone Veil connue principalement pour avoir obtenu la légalisation de l’avortement, mais elle a aussi sauvé des prisonnières pendant la guerre d’Algérie
En 1954, comme l’Ecole nationale de la magistrature n’existe pas encore, pour devenir magistrat, il faut d’abord exécuter différents stages, notamment au parquet pendant deux ans. A l’issue de cette période de formation, Simone Veil est reçue au concours. Elle est alors affectée à la direction de l’administration pénitentiaire. Elle occupe ce poste pendant sept ans. Au cours de ses contrôles dans les prisons, elle se rend compte des conditions de vie déplorables des détenus. Or, à cette époque, les médias comme l’opinion publique ne s’intéressent guère au problème, voire estiment que ces détenus ont mérité ce traitement. Par conséquent, un budget trop restreint pour faire de réelles réformes est consacré aux prisons empêchant d’améliorer la situation.
Observant également que la santé des détenus est préoccupante, la magistrate demande à ce qu’un camion radiologique passe dans tous les centres pour dépister les maladies, et crée également des centres médico-psycologiques au sein des maisons d’arrêt. Enfin, quelques bibliothèques et structures scolaires y sont ouvertes.
Simone Veil doit s’occuper d’un dossier très délicat : celui du sort des prisonniers en Algérie. Elle se rend donc sur place mais est très mal accueillie par les responsables pénitenciers. Le problème est compliqué : il s’agit de savoir si l’on garde prisonnier des centaines de personnes condamnées à mort alors que le Général de Gaulle a suspendu leur exécution en 1958. Pour trouver un compromis, ces détenus ont été transférés en métropole. En ce qui concerne le sort des femmes algériennes, la magistrate a demandé à ce qu’elles soient regroupées dans le même centre et puissent bénéficier de cours.

« Voix des enfants d'Izieu l'avocat Roland Rappaport est mort *** Devenu avocat en 1956, en pleine guerre d’Algérie il a défendu les militants du FLN

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