Face au blocage de ses projets en Algérie : Issad Rebrab part à la conquête de l’Afrique.

Issad Rebrab part à la conquête de l'Afrique. Le président de Cevital, premier groupe privé algérien en termes de chiffre d'affaires (3 milliards de dollars en 2011), veut investir dans l'agriculture, la pêche et l'agroalimentaire dans plusieurs pays africains. « Je suis allé au Soudan, en Éthiopie, au Kenya, en Tanzanie et en Côte d'Ivoire. Dans tous ces pays, j'ai été reçu par les plus hautes autorités gouvernementales (président, vice‑président, Premier ministre et ministres). Tous ces pays sont demandeurs d'investissements dans l'agriculture et l'agroalimentaire », explique à TSA M. Rebrab.

Pionnier dans l'entrepreneuriat en Algérie, le patron de Cevital, se projette dans l'avenir afin de se positionner dans un secteur clé pour la sécurité alimentaire mondiale, principal enjeu économique du xxi^e siècle. « Pour assurer la sécurité alimentaire de certains pays d'Afrique et de notre pays, nous avons le devoir d'investir dans la production agricole industrielle », affirme M. Rebrab.

 

Le choc d'une crise alimentaire mondiale est inévitable en raison de l'augmentation de la population de la planète et du niveau de vie de grands pays comme la Chine, l'Inde, le Brésil et le Mexique. La crise alimentaire mondiale constitue une véritable menace pour l'Algérie qui importe l'essentiel de sa nourriture de l'étranger, selon M. Rebrab. La facture alimentaire de l'Algérie dépasse les cinq milliards de dollars par an. « En cas de sécheresse dans les pays producteurs de céréales, et nous l'avons vécu en 2007‑2008 lorsque la Russie et le Vietnam avaient décidé de ne pas exporter leur blé et leur riz, chaque pays réservera sa production pour sa population. Même avec de l'argent, on risque de ne pas pouvoir s'approvisionner en produits de première nécessité, notamment en céréales », prévient‑il.

 

Lors de sa tournée africaine et de ses premiers pas à l'international, Issad Rebrab a été agréablement surpris par la dynamique économique dans plusieurs pays africains, aujourd'hui sous‑développés et confrontés à des crises alimentaires, alors qu'ils disposent de terres arables non exploitées. « Les terres arables situées dans les pays développés sont en majorité exploitées. En Afrique, il y a des centaines de millions d'hectares de terres arables qui ne sont pas encore exploitées. Le potentiel de plusieurs pays africains est énorme. Par exemple, l'Éthiopie dispose de 73 millions d'hectares de terres arables. Ce pays exploite à peine quinze millions d'hectares d'une façon artisanale. Il dispose de douze fleuves. C'est le château d'eau de l'Afrique de l'est », ajoute‑t‑il. « Je croyais que l'Éthiopie était un pays aride ! » confie‑t‑il.

 

Pragmatiques, les dirigeants africains ont proposé à M. Rebrab des terres à cultiver et des projets à réaliser dans l'agro‑industrie. « Le Soudan met à ma disposition 5 0000 hectares, la Tanzanie 100 000 hectares, la Côte d'Ivoire 50 0000 hectares et l'Éthiopie 300 000 hectares » , détaille le patron de Cevital. En Afrique, Issad Rebrab veut planter et cultiver du riz, du blé, du maïs, de la betterave sucrière, de la canne à sucre, du soja, du tournesol et des légumes secs. Il veut aussi investir dans la pêche à Djibouti, où il a été reçu par le président de la République.

 

« Nous n'avons pas arrêté les montants que nous comptons investir dans ces pays. Aujourd'hui, nous sommes en train de prospecter, de faire des études de faisabilité pour des projets agricoles et la réalisation des sucreries, des unités de trituration de graines oléagineuses, production d’aliments de bétail », explique M. Rebrab qui compte sur des financements extérieurs pour internationaliser son groupe. « Nous avons pris attache avec la Banque mondiale et la Banque africaine de développement qui sont très sensibles à la crise alimentaire mondiale pour financer nos projets », explique M. Rebrab qui assure qu'il n'a pas besoin de transférer des fonds de l'Algérie pour réaliser ses investissements en Afrique. «  Nous avons suffisamment de crédibilité et de savoir‑faire, des banques étrangères sont prêtes à nous accompagner. Nous pouvons investir à l'étranger, en partenariat avec des groupes locaux et avec des banques internationales comme la SFI ou la BAD », explique‑t‑il.

 

En partant à la conquête de l'Afrique, Issad Rebrab cherche aussi à internationaliser son groupe afin de lui permettre de se développer en dehors de l'Algérie où nombre de ses projets attendent des autorisations du Conseil national de l'investissement (CNI) depuis 2005. Le patron de Cevital s'est plaint, à maintes reprises, de l'absence de réponses de la part du CNI pour ses projets dans plusieurs secteurs comme la sidérurgie, l'immobilier, la pétrochimie, les cimenteries, l'aluminerie, la trituration de graines oléagineuses, etc.

In TSA