vendredi 12 octobre 2012

LA CHEVILLE OUVRIÈRE DE LA FÉDÉRATION DE FRANCE : ALI HAROUN

Ali Haroun est né en 1927 à Alger. Peu de temps avant sa naissance, ses parents déménageront de la Casbah, où ils s’étaient installés au début des années 1900, pour rallier le quartier de la Redoute, aujourd’hui El Mouradia, sur les hauteurs d’Alger. C’est en 1933 à Alger que le jeune Ali Haroun entamera sa scolarité dans un établissement primaire du boulevard Bru, actuellement boulevard des Martyrs, ensuite à l’école Chazot (Sékou Touré) puis au collège Charles Lutaud (Aïssat Idir) à la place du 1er-Mai. Il effectuera son cycle secondaire au lycée Guillemin (Okba Ibnou Nafaâ), puis au lycée Thomas-Robert Bugeaud (Emir-Abdelkader) et, enfin, au lycée Emile-Félix Gautier (Omar-Racim) en 1946, année au cours de laquelle il décrochera son baccalauréat. S’ensuivra une inscription à la Faculté d’Alger pour suivre des études de droit durant deux années. Il poursuivra son cursus universitaire à Panthéon-Sorbonne (Paris) tout en travaillant pour subvenir à ses besoins. Après avoir obtenu une licence en droit, il décrochera le Certificat d’aptitude à la profession d’avocat (CAPA) et, enfin, un doctorat d’État.
Nous sommes au début des années 1950, le jeune Ali se rend à Tétouan (Maroc). Après le déclenchement de la révolution du 1er Novembre, il crée, en compagnie de Oujdi Damerdji, les premières cellules du FLN et sera chargé par Mohamed Boudiaf de prendre la direction du journal Résistance algérienne. De 1956 à 1957, il fait partie de l’équipe rédactionnelle du journal El Moudjahid puis, en avril 1958, le Front de libération nationale décide de le nommer responsable politique à la Fédération de France du FLN, dont les principaux dirigeants étaient Omar Boudaoud (chef du Comité fédéral), Ali Haroun (chargé de l’information), Kaddour Ladlani (responsable de l’organisation interne), Saïd Bouaziz (chargé de l’organisation des réseaux, des groupes armés et du renseignement) et Abdelkrim Souici (chargé des finances). Dans son ouvrage, La 7e Wilaya. La Guerre du FLN en France 1954-1962, Ali Haroun décrit la Fédération de France comme une organisation politico-militaire d’une redoutable efficacité.
Au déclenchement des manifestations du 17 octobre 1961, il avait 34 ans et siégeait au comité fédéral basé à Cologne (Allemagne) d’où partaient toutes les directives destinées aux représentants de l’organisation disséminés à travers le territoire français.
Au lendemain de l’indépendance, Ali Haroun est élu député à l’Assemblée constituante jusqu’en 1963. Par la suite, il se consacrera à l’exercice de son métier d’avocat et se retirera de la vie politique jusqu’en 1989, année où il créera la Ligue algérienne des droits de l’homme (LADH). Au mois de mars 1991, il occupera le poste de ministre délégué aux droits de l’Homme dans le gouvernement de Sid-Ahmed Ghozali et, après l’interruption du processus électoral en janvier 1991, du fait de son passé révolutionnaire dans la guerre de libération, Ali Haroun est désigné membre du Haut Comité d’État (HCE) présidé alors par Mohamed Boudiaf. En 1995, il est l’un des fondateurs, avec Réda Malek, du parti de l’Alliance nationale républicaine (ANR).
À la fin de son mandat de député à l’Assemblée constituante en 1963, Ali Haroun crée un cabinet d’avocats, en compagnie d’autres confrères, qui deviendra l’un des premiers cabinets d’affaires en Algérie. Aujourd’hui, il vit à Alger entouré de sa famille. Il est âgé de 85 ans.

Abderachid MEFTI
Renvois :
- (1) La Fédération de France du FLN et l’organisation du 17 octobre 1961, de Neil Mac Master
- (2) La 7e Wilaya. La guerre du FLN en France 1954-1962, de Ali Haroun.

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