vendredi 19 octobre 2012

RECONNAISSANCE DES MASSACRES DU 17 OCTOBRE 1961: Alger salue le geste de Hollande, la droite parisienne fulmine.

Mercredi, le jour même où François Hollande déclarait que son pays reconnaît avec lucidité les massacres du 17 Octobre 1961, le Premier ministre algérien, Abdelmalek Sellal, a salué les bonnes intentions affichées par la France. Si Alger a applaudi tout naturellement à ce pas franchi par la France vers la reconnaissance de ses crimes coloniaux, Paris a vécu une veille de weekend politiquement bouillonnante. 
 François Hollande a finalement eu l’audace politique qui manquait à ses prédécesseurs, Jacques Chirac d’abord et Nicolas Sarkozy ensuite. Mercredi dernier, il engageait solennellement la République française sur la voie de la reconnaissance de ses crimes coloniaux en Algérie, en reconnaissant «avec lucidité» les massacres du 17 Octobre 1961. Un acte salué par les autorités algériennes qui, depuis plusieurs années, réclament de la France une présentation d’excuses, voire la repentance pour ses crimes coloniaux. Le Premier ministre Abdelmalek Sellal a salué le geste de la France depuis le Sénat où il se trouvait pour la présentation du plan d’action de son gouvernement. Peu de temps après, c’était le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Amar Belani, qui twittait la satisfaction des AE. «Par la voix de son président, la France a rendu hommage à la mémoire des victimes de la répression sanglante du 17 Octobre 1961 en reconnaissant cette tragédie. Nous saluons cette prise de position, a-t-il écrit, poursuivant : «Cette position de M. Hollande rejoint la volonté exprimée par les plus hautes autorités des deux pays de se tourner vers l’avenir en exorcisant le passé à travers un examen lucide, courageux et objectif de notre histoire commune.» Pendant que les autorités algériennes et la classe politique prenaient acte du geste de François Hollande, en France, les partis de droite sont vite montés au front et ont ouvert les hostilités politiques avec Hollande et le Parti socialiste. François Fillon, Premier ministre sous Nicolas Sarkozy, s’en est pris avec une rare violence verbale à Hollande, dont il a fustigé la décision. «Ce n’est pas au président de la République de tenir ce discours de culpabilité (…) j’en ai assez que tous les quinze jours, la France se découvre une nouvelle responsabilité, mette en avant sa responsabilité historique permanente», a-t-il fulminé sur Radio Europe1. François Fillon, qui est en campagne pour la présidence de l’UMP, principal parti de droite en France, a estimé par ailleurs que «soit on met tout sur la table, soit on ne le fait pas». Fillon a, à l’occasion, ressassé le discours cher à la droite, en évoquant «les crimes en Algérie après l’indépendance, les massacres des harkis» ainsi que des «archives algériennes qui, a-t-il dit, n’ont jamais été ouvertes». Aussi a-t-il réclamé que celles-ci soient ouvertes et mises à la disposition des historiens. Même levée de boucliers contre Hollande de la part de l’extrême droite. Marine Le Pen, présidente du Front national, s’est élevée elle aussi contre la décision du président de la République française de reconnaître les massacres du 17 Octobre 1961.
Sofiane Aït Iflis  Le Soir d'Algérie. 

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