vendredi 25 janvier 2013

Sarkozy veut créer un fonds d'investissement


Nicolas Sarkozy ne s’en est jamais caché : du temps où il était à l’Élysée, il a souvent dit à des proches qu’un jour il basculerait dans le monde des affaires et chercherait à faire fortune. Dans le plus grand secret, c’est ce qu’il a donc commencé à faire : selon nos informations, l’ancien chef de l’État a en effet décidé de créer un fonds d’investissement et a commencé des prospections pour emmener dans l’aventure des grandes fortunes qui lui sont proches ainsi que des gigantesques institutions financières, dont des fonds souverains du Moyen-Orient et d’Asie. Les conférences qu’il a commencé à donner depuis l’automne dernier sont le prétexte pour nouer des contacts confidentiels et démarcher de potentiels investisseurs.
Nicolas Sarkozy, le 11 décembre, à une conférence de Doha, lorsqu'il applaudit le président du Gabon, Ali Bongo.Nicolas Sarkozy, le 11 décembre, à une conférence de Doha, lorsqu'il applaudit le président du Gabon, Ali Bongo.© (Reuters)
Sans craindre les potentiels conflits d'intérêts que ses démarches pourraient générer de la part d'un ancien chef de l'État, Nicolas Sarkozy veut rassembler 1 milliard d'euros. Et sans craindre les polémiques que son choix pourrait susciter, il projette d'implanter son fonds d'investissement à Londres. Mediapart a recueilli des témoignages très précis de sources financières et industrielles qui confirment ce projet.
La brigade financière détient également, selon nos informations, des indices de ce projet. Comme nous l'avions à l'époque raconté (lire Bettencourt: trois perquisitions chez Sarkozy), Jean-Michel Gentil, l'un des juges d'instruction en charge de l'affaire Bettencourt, a fait effectuer le 3 juillet 2012 avec la Brigade financière une série de perquisitions visant Nicolas Sarkozy : l'une à son cabinet d'avocats du boulevard Malesherbes (le cabinet Arnaud Claude et Associés), l'autre dans ses bureaux d'ancien président rue de Miromesnil et une dernière au domicile parisien de Carla Bruni-Sarkozy, où vit le couple. Et dans les données informatiques qui ont été saisies, les policiers ont trouvé des indications qui les ont surpris et qui étaient en fait les premières ébauches du projet. À notre connaissance, les discussions que mène Nicolas Sarkozy sont exploratoires, les statuts de la société n'auraient pas encore été déposés.
Remettant la Légion d’honneur le 23 octobre 2006 à son ami Stéphane Richard (l’ancien patron de Nexity puis directeur de cabinet de Christine Lagarde à Bercy et actuel patron de France Télécom), Nicolas Sarkozy, qui était à l’époque ministre de l’intérieur, avait étonné – et même choqué – l’auditoire rassemblé ce jour-là, pourtant habitué aux fastes de la vie parisienne, en avouant l’attrait qu’il avait pour l’argent. « Tu es riche, tu as une belle maison (...), tu as fait fortune. Peut-être plus tard y parviendrai-je moi-même. C'est la France que j'aime », avait-il dit en public. Avant de lâcher : « Un jour, je ferai comme toi... »
Ce jour semble donc arrivé. Car même si Nicolas Sarkozy siège désormais au Conseil constitutionnel et même s'il laisse l’UMP spéculer sur son hypothétique retour en politique, il a, lui, un projet secret qui vise à faire une entrée fracassante dans la vie des affaires en créant ce fonds d’investissement spécialisé dans le « private equity », comme on dit dans le jargon financier anglo-saxon, c’est-à-dire dans l’investissement dans des sociétés non cotées, l'une des activités parmi les plus rémunératrices pour leurs dirigeants. L'ancien chef de l'État n'aurait pas encore définitivement décidé de franchir le pas mais il a pris énormément de contacts en ce sens.
Pour l’heure, les prospections de Nicolas Sarkozy pour rassembler la somme considérable de 1 milliard d'euros sont restées très discrètes. Et les seules incursions dans la vie des affaires de Nicolas Sarkozy auxquelles la presse s’est jusqu’à présent intéressée sont ses conférences privées et hautement rémunératrices aux quatre coins du monde devant des parterres de financiers ou d’industriels.

source Mediapart.

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