Amirouche Laïdi est le président du Club Averroès, une structure de promotion de la diversité dans les médias en France. Avec le célèbre chanteur Charles Aznavour, l’acteur Saïd Taghmaoui et la présidente des Marianne de la diversité, Fadila Mehal, il a signé une contribution dans le journal Le Monde, sur les promesses non tenues du président français concernant la lutte anti-discrimination et la promotion de la diversité.
Pourquoi avez-vous lancé cette initiative aujourd’hui ?
Les associations discutent, depuis des mois, des conséquences de l’élection du nouveau président de la République sur des sujets comme la discrimination et la promotion de la diversité. Nous attendions de voir quelles seront les mesures qui seraient adoptées concernant ces questions. Mais nous nous sommes rendu compte qu’elles ont été oubliées. Cette tribune vise donc à rappeler les engagements que M. Hollande avait pris quand il était candidat à la présidentielle.
Vous évoquez l’exclusion des personnes issues de l’immigration des importantes institutions et des contrôles au faciès. Le gouvernement de gauche applique-t-il une politique de droite ?
Ce n’est pas ce que nous disons. Parmi les promesses du candidat Hollande, devenu aujourd’hui président, figurent le vote des étrangers et la lutte contre les contrôles au faciès. Mais les étrangers n’ont toujours pas le droit de voter. Les contrôles au faciès et les exclusions des personnes des postes dans les grandes institutions perdurent. Ces questions ne constituent donc plus une priorité pour le président. C’est le rôle de tous les citoyens d’être attentifs aux promesses électorales et de les faire rappeler à celui qui les a tenues.
Mais un plan de lutte contre la discrimination est annoncé pour mardi…
On peut très bien dire que le gouvernement agit avec prudence et qu’il avance par étapes. Et on pourrait comprendre cela. Mais depuis qu’il est en place, il a banni tous les discours liés à la lutte contre les discriminations. (Le plan de lutte contre les discriminations) est la première proposition du gouvernement depuis dix mois. Et je pense qu’il ne va rien se passer demain.
Pourquoi pensez-vous que la création d'un grand ministère de l'égalité, de la diversité et de la lutte contre les discriminations pourrait apporter une réponse aux problèmes posés ?
L’identification d’une personne ou d’une institution qui sera en charge de ces questions liées à la promotion de l’égalité, à la lutte contre les discriminations est une priorité pour savoir qui s’occupe de quoi. Après, il est certain qu’on n’ira pas très loin si cette institution n’a pas beaucoup de pouvoir.
Qu’attendez-vous concrètement de François Hollande ?
La démocratie n’est pas faite uniquement pour voter tous les cinq ans. J’attends à ce que le candidat Hollande, qui est aujourd’hui président, tienne ses promesses électorales. La France est un pays cosmopolite. Il faut faire valoir la diversité culturelle, qui est un atout même par rapport à la crise économique, à la mondialisation, à la conquête des marchés. Il faut valoriser cette diversité.
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