INTERVIEWMerzak Allouache : « Je suis frustré de ne pas pouvoir présenter mes films au public algérien »
Le réalisateur algérien multiplie les trophées et les distinctions. Merzak Allouache vient d’être consacré cinéaste de l’année par le magazine américain Variety Moyen-Orient. Interview.
Que représente, pour vous, cette nouvelle distinction ?
C’est toujours bien de voir des choses qui se passent autour de notre travail. En Algérie, des gens tournent des films qui existent le temps d’une projection officielle. Les choses se sont réduites en peau de chagrin. Je suis content quand j’obtiens un prix ou qu’un de mes films passe dans un ou plusieurs festivals. La reconnaissance qu’il y a autour des films me permet de tourner d’autres productions. Cela n’empêche pas que je suis toujours dans cette espèce de grosse frustration de ne pas pouvoir présenter mes films au public algérien.
C’est toujours bien de voir des choses qui se passent autour de notre travail. En Algérie, des gens tournent des films qui existent le temps d’une projection officielle. Les choses se sont réduites en peau de chagrin. Je suis content quand j’obtiens un prix ou qu’un de mes films passe dans un ou plusieurs festivals. La reconnaissance qu’il y a autour des films me permet de tourner d’autres productions. Cela n’empêche pas que je suis toujours dans cette espèce de grosse frustration de ne pas pouvoir présenter mes films au public algérien.
Vous vous considérez comme étant un cinéaste qui se doit d’être engagé…
Je me considère, depuis toujours, comme un cinéaste qui a un devoir d’engagement. Quand je tourne un film, je suis obligé de raconter une histoire dans un environnement précis. Quand je raconte une histoire d’amour à Alger, il faut que je la mette dans un contexte. On ne peut pas raconter faussement une histoire d’amour. Et en tant que cinéaste, je ne peux pas travestir la réalité. Mais cela ne signifie pas que mes films sont des tracts ou des espèces de slogans à rallonge.
Je me considère, depuis toujours, comme un cinéaste qui a un devoir d’engagement. Quand je tourne un film, je suis obligé de raconter une histoire dans un environnement précis. Quand je raconte une histoire d’amour à Alger, il faut que je la mette dans un contexte. On ne peut pas raconter faussement une histoire d’amour. Et en tant que cinéaste, je ne peux pas travestir la réalité. Mais cela ne signifie pas que mes films sont des tracts ou des espèces de slogans à rallonge.
Sur quel projet travaillez-vous actuellement ?
Je commence à écrire quelque chose mais je ne peux pas vous en dire plus. Pour l’instant, je m’occupe de la diffusion de mon dernier film (Les Terrasses (Es-stouh), ndlr). Après le festival de Venise, il est programmé à Abu Dhabi puis à Londres. Nous avons un problème qui s’est aggravé depuis un peu plus d’une dizaine d’années. Notre cinéma ne rencontre pas le public dans les pays européens. On peut faire beaucoup de villes, en France par exemple, mais dans le cadre de rencontres ou de festivals. Le public n’a pas envie de voir nos films quand ils sortent dans les salles. Quand je présente mes films en France, je vois surtout un public intellectuel.
Je commence à écrire quelque chose mais je ne peux pas vous en dire plus. Pour l’instant, je m’occupe de la diffusion de mon dernier film (Les Terrasses (Es-stouh), ndlr). Après le festival de Venise, il est programmé à Abu Dhabi puis à Londres. Nous avons un problème qui s’est aggravé depuis un peu plus d’une dizaine d’années. Notre cinéma ne rencontre pas le public dans les pays européens. On peut faire beaucoup de villes, en France par exemple, mais dans le cadre de rencontres ou de festivals. Le public n’a pas envie de voir nos films quand ils sortent dans les salles. Quand je présente mes films en France, je vois surtout un public intellectuel.
En Algérie, la gestion des salles de cinéma dépendra désormais du ministère de la Culture. Qu'en pensez-vous ?
Il faut retaper et remettre en service ces salles et former des gens pour les diriger. Mais ce n’est pas suffisant si on veut que le cinéma retrouve sa place en Algérie. Il est nécessaire de s’occuper des générations futures. La reprise des salles de cinéma n’est pas une fin en soi. Qu’ils reprennent bureaucratiquement les salles en les arrangeant et en les entretenant pour des rencontres politiques ou je ne sais quoi, ne changera pas grand-chose. Au Maroc, il y a des films qui arrivent à faire des chiffres très importants au box-office national, aujourd’hui. Ce qui permet de redistribuer l’argent pour tourner les films. En Algérie, le cinéma est alimenté par l’agent du pétrole. Ce n’est pas normal. Mais heureusement qu’il y a cet argent pour produire des films.
Il faut retaper et remettre en service ces salles et former des gens pour les diriger. Mais ce n’est pas suffisant si on veut que le cinéma retrouve sa place en Algérie. Il est nécessaire de s’occuper des générations futures. La reprise des salles de cinéma n’est pas une fin en soi. Qu’ils reprennent bureaucratiquement les salles en les arrangeant et en les entretenant pour des rencontres politiques ou je ne sais quoi, ne changera pas grand-chose. Au Maroc, il y a des films qui arrivent à faire des chiffres très importants au box-office national, aujourd’hui. Ce qui permet de redistribuer l’argent pour tourner les films. En Algérie, le cinéma est alimenté par l’agent du pétrole. Ce n’est pas normal. Mais heureusement qu’il y a cet argent pour produire des films.
Propos recueillis par Hadjer Guenanfa
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