vendredi 18 octobre 2013

PORTRAIT…

Boudiaf Abdelmalek



En apprenant sa nomination comme ministre de la Santé, l’exécutif de la wilaya d’Oran a dû pousser un grand ouf de soulagement. Certains directeurs ont même organisé des méchouis. C’est qu’il les faisait trimer comme pas possible, ces seigneurs qui annonçaient la concrétisation des projets avant même leur lancement, faisant avaler des couleuvres aux walis, mais aussi aux ministres en visite dans leurs wilayas respectives.
Ce syndrome de la couleuvre qu’on fait gober n’est pas spécifique à Oran, mais à toutes les wilayas. Pour avoir la paix, on déguise les chiffres, on les gonfle au besoin et hop ce gogo de ministre n’y verra que du feu. Il partira gai et content, bombant le torse en Conseil des ministres, faisant passer, à son tour, la couleuvre au président, au Premier ministre à la presse. Seulement, cette couleuvre si elle passe aisément dans les gosiers des autres, est avalée de travers par ce bon peuple qui subit la réalité et qui sait que tout ce raconte les uns aux autres est du vent. Dès son arrivée à Oran, Boudiaf Abdelmalek a érigé en principe de travail un vieil axiome tiré de la sagesse populaire : “On suivra le menteur jusqu’au pas de sa porte”. On lui annonce une réalisation ? Il descend sur le terrain avec le directeur concerné, mesurant au centimètre près le taux de réalisation. À 16h briefing avec tout l’exécutif qu’il mène au pas de charge. On entendrait une mouche voler. Voici les objectifs messieurs, voici vos délais et pas un jour de plus ! Et gare à celui qui faillit.
Ainsi, Oran qui croulait sous les détritus est devenu en un mois presque propre grâce à une campagne de salubrité. Au bout de quelques mois, il a pu agir sur cette force d’inertie qui bloquait la ville. Une quarantaine de projets visant à changer le visage de la capitale de l’Ouest sont lancés. Son rêve ? Faire de la ville une capitale financière avec son Wall Street. Folie ? Heureuse folie, car c’est elle qui permet de réaliser les rêves les plus fous. Voici Boudiaf ministre de la Santé. Le voici horrifié par l’état apparent du secteur. Comme il ne s’arrête pas à la façade, il a chargé une équipe d’experts de lui faire un diagnostic précis avec cette recommandation : “Ne vous fiez pas à ce que vous racontent les autorités locales ! Je veux du concret. Allez vers le mou, là où ça saigne !”. Il connaît trop ses pairs pour ne pas se défier d’eux. Habile en communication,  se piquant de culture, Boudiaf ignore ceux qui lui prêtent un amour immodéré pour le luxe et pour les affaires. Tant qu’il est efficace, il est au-dessus de tout soupçon, mais le jour où son étoile pâlira, on verra s’il a vraiment des poux dans la tête. Quoi qu’il en soit, avec sa capacité de travail, son pragmatisme et son volontarisme, il paraît capable de ressusciter ce moribond qu’est le secteur de la santé. Là aussi, Il suivra les menteurs jusqu’au pas de leurs portes. Ou de leurs coffres-forts…

 Hamid GRINE
hagrine@gmail.com

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