lundi 21 octobre 2013

La chronique de Hafid DerradjiDe quelle souveraineté parlez-vous, messieurs ?


Au lendemain de la diffusion du match Burkina Faso-Algérie par la télévision algérienne et la polémique qu’elle a engendrée autour des droits de diffusion,  certains milieux ont parlé de nationalisme, de souveraineté et de dignité nationale alors qu’il s’agit d’une affaire purement commerciale entre deux chaînes de télévision.
On a vite fait de transformer l’affaire en un enjeu national dont tout le mode parle à tort et à travers, dans le but bien entendu,  de régler leurs comptes et de détourner l'attention de l'opinion publique nationale du problème centrale de cette question, à savoir l'échec des nouveaux responsables de la télévision algérienne à obtenir les droits de diffusion du match de football, qu’ils auraient pu avoir à moindres coûts et sans controverse aucune.  

Dans ce cas précis, le débat aurait dû tourner autour des raisons de régression de la télévision algérienne ou, autour de la question des droits de diffusion, en faisant appel à des spécialistes et des observateurs, pour parler des transformations que connaît ce domaine à travers le monde, alors que l’Algérie est encore à la traîne.

Il est désolant de voir qu’un petit bout de papier brandi à Ouagadougou et une phrase prononcée par le commentateur à la fin du match aient créé la polémique et suscité des réactions virulentes, quand les scandales de corruption et les défaillances que connaît l’Algérie à tous les niveaux, diplomatique, économique, social et moral nous laissent indifférents. 

Certains médias et opportunistes ont même évoqué un préjudice porté à la patrie et à la souveraineté nationale. C’est à croire qu’ils s’adressaient à un  autre peuple. Un peuple qui ignorerait que la véritable souveraineté, nous en jouissons quand nous sommes maîtres de nos décisions politique, diplomatique et économique.  Nous l’aurons le jour où nous serons débarrassés du complexe français et américain qui nous tient à la gorge. Cette souveraineté, nous la proclamerons lorsque nous serons libérés des détenteurs des richesses, qui contrôlent les partis politiques et les institutions et quand nous mettrons fin à l'économie de bazar créée avec les revenus des hydrocarbures.

Nous l’aurons cette souveraineté, le jour où nous cesserons de porter atteinte à la dignité du peuple que nous écrasons tous les jours, en profitant de sa crédulité et de son amour profond pour son équipe nationale, afin de l’occuper et de l’éloigner des enjeux réels du moment. 

Aujourd'hui, la souveraineté rime avec force, instruction et morale.  Elle signifie prendre son destin en main et se préoccuper de son peuple en répondant à son souhait d’une vie décente et digne.  La souveraineté, n’est pas ce terme creux que nous servons au peuple selon les circonstances du moment pour le manipuler et lui mentir. 

Et le nationalisme est cet esprit qui nous habite et qui grandit en nous.  C’est un sentiment qui s'incarne dans nos réflexions et nos actions.  Le nationalisme n’est pas un slogan démagogique, que nous utilisons comme fonds de commerce pour manipuler le peuple à notre guise. Le nationalisme réel s’exerce au quotidien par chaque personne qui fait son devoir fidèlement et consciencieusement, sans piller ni voler les richesses et les ressources de ce peuple.  Le nationalisme signifie bannir toute forme de haine et d’exclusion, à l’encontre de ceux qui vous contredisent ou qui ne sont pas de votre région !
Faut-il aujourd’hui rappeler que l'Algérie pour laquelle des hommes et des femmes ont payé de leur vie, l’Algérie dans laquelle nous avons grandi à l’époque de Boumediene ne pleure pas, ne se plaint pas, n’implore pas et ne supplie pas !  Et surtout elle ne se met pas dans une situation aussi gênante, face à une chaîne de télévision qui n’a pas encore bouclé dix ans d’existence. 

C’est une Algérie qui ne polémique pas autour d’une banderole, révélant que la télévision algérienne n’a pas payé les droits de diffusion d’un match, ni autour des propos d’un présentateur prononcés avec tout l'amour qu’il porte à son pays et l’amertume qu’il ressent pour la télévision nationale.  Une télévision à laquelle les responsables portent préjudice tous les jours par leurs pratiques médiocres, en dépit des compétences et des capacités qui existent dans cette institution.  Et malgré la grandeur de ce cher pays qui aurait pu et aurait dû, être aujourd’hui leader dans tous les domaines politiques, économiques, culturels et sportifs si ce n’était les échecs répétés de nombreux responsables dans l’exercice de leurs fonctions…

Alors, l’Algérie qui se révolte pour une banderole brandie dans un stade, une phrase prononcée par un commentateur, un billet publié dans la presse ou pour un avis politique différent.  Cette Algérie qui estime que sa souveraineté se limite au droit de regarder un match de football sur une télévision nationale, laquelle ne cesse de violer la souveraineté et l’honneur des Algériens, est loin, très loin des aspirations de nos enfants. 

Les enfants de l’Algérie que nous avons nourris de haine, de rancune et de désespoir au lieu de leur apprendre l'amour, le respect et l'espoir.  Pire encore, nous leur mentons et les trahissons et nous les encourageons à « s’attaquer aux autres, à voler et à violer les droits d'autrui alors que tous les moyens légaux et légitimes existent pour obtenir ces droits ». 

"Comme il a dit lui ".

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