jeudi 24 octobre 2013

Terrorisme et processus politique bloqué

Tunisie, la montée des périls





Tunis
Des milliers de manifestants ont occupé hier la place de la Kasbah, à Tunis, pour réclamer le départ du gouvernement. Sur le front sécuritaire, la situation s’est dégradée. Six décès ont été enregistrés dans les rangs des forces de l’ordre suite à un échange de tirs avec des terroristes à Sidi Ali Ben Oun. C’est dire la haute tension qui a caractérisé cette journée du 23 octobre.

De notre correspondant
Alors que le pays se préparait hier à l’ouverture du dialogue national, la scène politique s’est soudainement brouillée avec une occupation de la Casbah par des milliers de manifestants et l’annonce d’une dizaine de décès parmi les forces de l’ordre suite à un échange de tirs avec des éléments d’un «groupe terroriste» du côté de Sidi Ali Ben Oun (gouvernorat de Sidi Bouzid). Comment en est-on arrivé là ?
Sur l’avenue Bourguiba, des milliers de manifestants s’étaient rassemblés depuis le début de la matinée. Le drapeau tunisien était certes fortement présent pour indiquer la portée nationale de l’événement. Il s’agissait effectivement du deuxième anniversaire des élections du 23 octobre 2011.
Toutefois, les étendards du Front populaire et d’Al Massar étaient également présents, histoire d’attirer l’attention.
Vers midi, les manifestants se sont déplacés vers la Kasbah, siège du gouvernement, pour demander son départ. Pour sa part, la présidence du gouvernement avait annoncé pour 11h30 une déclaration de presse de Ali Laârayedh suite à un Conseil ministériel extraordinaire consacré à la question du dialogue national. Ali Laârayedh devait annoncer dans cette déclaration l’intention de son gouvernement de démissionner.
Surprise, vers 10h30, un mail est envoyé aux journalistes pour annoncer le report de la déclaration de presse à 14h30.
Entre-temps, les manifestants arrivent devant le siège du gouvernement. Le principal slogan était «Laârayedh, dégage !»
Le terrorisme a encore frappé
Sur un troisième plan, la séance d’ouverture du dialogue national était prévue à 15h, soit après la déclaration de presse de Ali Laârayedh, histoire de répondre à une condition posée par l’opposition consistant en l’intention de démission du gouvernement Laârayedh et le passage de témoin à un gouvernement de technocrates indépendants au bout de trois semaines.
Le dialogue national n’a pas eu lieu en raison de l’absence de la déclaration du chef du gouvernement. Et l’information sur le décès de six agents de la Garde nationale a été le coup de massue final à tous ceux qui espéraient encore voir le dialogue national démarrer hier.
En effet, vers 14h30 parvenait à Tunis l’information des décès d’agents des forces de l’ordre, gâchant ainsi l’ordre du jour du chef du gouvernement. Le terrorisme venait encore de frapper.
Le secrétaire général régional du syndicat des forces de l’ordre à Sidi Bouzid a parlé, à la télévision nationale, d’une mission de prospection d’une unité de la Garde nationale dans des maisons délaissées du côté de Sidi Ali Ben Oun, près de Sidi Bouzid.
«Alors que la patrouille opérait dans des maisons en bas d’une colline, elle a été attaquée par des terroristes postés plus haut, ce qui explique le nombre élevé de victimes», a indiqué cette source qui dénombre six décès et quatre blessés. Elle a également fait part de deux blessés parmi les terroristes.
La Tunisie n’a pas fêté dans la joie le deuxième anniversaire des élections du 23 octobre 2011. Et l’espoir de voir démarrer le dialogue national s’est volatilisé avec ces incidents terroristes imprévus. La Tunisie plonge dans le doute.
Mourad Sellami El Watan
 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire