mardi 10 décembre 2013

Le Bloc-notes de Ghani GedouiBouteflika, Hassan II et Benflis



J’ai une conviction : si Hassan II n’était pas mort, l’Algérie et le Maroc fileraient le parfait amour au lieu de cette relation de chaud et de froid, de tensions et d’invectives par presses interposées.
Bouteflika et Hassan II se respectaient et même s’aimaient. A la mort de Hassan II en 1999, Bouteflika aurait pu dire : « Sans lui, je reste seul. » Et c’est vrai que l’Algérien comme le Marocain n’ont pas d’équivalent ailleurs. Ce sont deux hommes  d’État d’exception. Et l’histoire leur rendra justice, j’en suis sûr. Hassan II, qui connaissait très bien la personnalité de Bouteflika pour l’avoir longtemps pratiqué à l’époque de Boumediene, aurait très vite trouvé un consensus d’homme à homme, autour d’un verre de thé, pour que les relations entre les deux pays prennent une nouvelle tournure. Bouteflika et  Hassan II sont des joueurs d’échecs qui connaissaient les pesanteurs de la géographie : on est voisins. Et à ce titre, à défaut de changer de voisins, il faudra changer de politique. Et pour changer de politique, il faudra être deux avec la même vision de l’histoire, la même culture politique à base de compromis, la même volonté et la même épaisseur.
Mohamed VI est d’une autre eau, d’une autre génération. Au-dessous ? Différente. Il  a une autre vision qui ne tient pas compte de l’histoire commune des deux peuples, ni de la psychologie du président algérien qui aurait pu être son père et son maître, comme le fut Hassan II. Pour faire simple, il n’a pas les clefs, comme les avait Hassan II,  pour décoder la personnalité de Bouteflika.Un exemple entre mille : comment peut-on demander la normalisation entre les deux pays alors qu’un adolescent algérien croupit dans une prison à cause d’un différend avec un jeune Marocain ? Comme la justice marocaine est rendue au nom du roi, on comprend vite que si Mohamed VI voulait apaiser les choses, il aurait fait un geste en faveur du jeune algérien. Hassan II l’aurait fait. Bouteflika, dans le même cas, aurait agi de même. Parce que tous deux savent la portée de pareil geste. Mohamed VI non.
Un autre exemple : la condamnation futile et burlesque (une amende de 20 euros environ), par la justice marocaine, du Marocain qui a arraché le drapeau algérien du consulat. Au délit, on ajoute la provocation. C’est mettre à nouveau de l’huile sur le feu. L’Algérie doit-elle faire appel ? Pourquoi faire appel à une justice quand le message politique est clair ?.  Détail troublant : Mohamed VI donne l’impression de ne s’intéresser que d’un œil à la politique. En dilettante. Comme si la charge royale l’écrasait et qu’il laissait faire ses hommes et ses courtisans pour gérer à sa place -et souvent mal, les affaires entre les deux pays. Ou est-ce également fait pour montrer les limites du gouvernement Benkirane ? Quoi qu’il en soit, pour Hassan II, le dossier des relations avec l’Algérie était trop sérieux pour qu’il le délègue. Il agissait en roi, comme dernier recours. Mohamed VI en prince. Attendant le recours. Mais de qui sinon de lui-même ?

Benflis et les sirènes.

Les journaux s’activent, les réseaux de soutien soutiennent. On attend, ils attendent plutôt, que Ali Benflis, candidat très malheureux en 2004, fasse acte de candidature pour bouter Bouteflika  de la présidence, cette présidence qui lui tend la main, qui lui ouvre ses bras, qui lui dit : « Viens ! Mais viens donc ô toi que j’attends depuis 2004 ! »  C’est ce chant si beau, chant des sirènes, chant de la séduction, chant de la mort que fredonnent ses partisans. Mais Ali Benflis a passé l’âge de croire à l’existence des sirènes. A près de 70 ans, il s’est laissé avoir une fois en 2004, il ne se fera pas avoir une seconde fois. Intoxiqué par la presse qui a fait de lui son champion, manipulé par quelques cercles, il  avait cru, de bonne foi, qu’il lui suffisait de paraître pour être élu. Il pensait que Bouteflika était cuit, fini, mort pour tout dire. Il avait découvert, à cette occasion, en sillonnant l’Algérie profonde là où bat le cœur de l’Algérie et non les cercles algérois où l’on rêve d’un président à leur mesure : c’est-à-dire à leurs bottes, je disais donc qu’il a découvert que cet homme honni par ses alliés était aimé par cette Algérie que ses soutiens en décalage avec la réalité ne connaissent pas. J’ai vu, lors de ces élections, combien Benflis était agressif et remonté, j’ai vu combien il était outrancier, excessif et même sectaire contre son ancien chef qui l’ignorait superbement, lui donnant ainsi une belle leçon de marketing politique corrigée à l’algérienne.

1-Tout ce qui est excessif fait peur et traduit un manque de maîtrise de soi, donc une insuffisance caractérielle. Décodage : peut-on confier les commandes du pays à un agité, un emporté, un excité dans un pays qui l’est déjà assez ? C’est jeter une allumette dans un baril de poudre.
 2-On n’insulte pas un aîné, ni un ex-chef qui vous a mis à des hauts postes de responsabilité, un ex-chef dont on ne tarissait pas d’éloges il y  a peu et qu’on décrivait comme un sauveur. Décodage : ingratitude et fourberie. Comment peut-on faire confiance à un responsable qui se retourne violemment contre son bienfaiteur ? Comme il a poignardé dans le dos Bouteflika, il peut oublier ses promesses électoralistes.
3-Audience et popularité. Benflis était connu par une élite, Bouteflika par toute l’Algérie. On ne vote jamais pour un inconnu. Mais pour un homme qu’on connait. Résultat des courses : Un peu plus de 6% et des poussières pour Ali Benflis. Mettons les choses au point : Ali Benflis est un homme de valeur, un homme intègre. Aussi succulent qu’un morceau de chocolat. C’est pour cette raison qu’il ne peut pas résister à la chaleur des élections. Comme le chocolat, il fond. Benflis est fondant. S’il se présente, il me fendra le cœur. Mais il n’ira jamais. Sauf si Bouteflika ne se présente pas. Il a appris la leçon.

3G

On attend d’elle des miracles. Qu’elle nous rende plus beaux, plus sympas et plus riches, qu’elle change nos vies. L’attente est telle qu’on attend tout d’elle, cette désirable qui se fait tant désirée. Objet de tous les fantasmes, on pense qu’elle va transfigurer nos vies. Ta femme ne t’aime plus ? Te casse pas la tête. Avec la 3G, elle sera folle de toi. Et toi mademoiselle, t’as pas trouvé de prétendants à ton goût ? Facile. La 3G t’offrira le prince charmant. Et toi, le harrag qui rêve de départ, vas-tu prendre la mer ? Patiente un peu. Avec la 3G, tu iras où tu voudras. Virtuellement. Tu es « hittiste », pauvre, dégoûté, pas de problèmes : la 3G va faire de toi ce que tu voudras. Vahid Halilodzic a un caractère de chien ? Aucun souci : la 3G va faire de lui un épagneul qui se laissera caresser et mordre sans broncher. Ça vous va ? Très bien.

Je ne demande ni beauté, ni jeunesse, ni richesse. A quoi bon, on se lasse de tout. Mes désirs sont plus prosaïques. Je demanderai à la 3G qu’elle nous rende moins nerveux, moins impulsifs et moins négatifs. Je demanderai aux réseaux sociaux qui vont prendre une autre ampleur, d’être moins vulgaires. 3G, es-tu là ?
PS:
Les sites électroniques, je dis bien sites et non journaux, donnent parfois la parole à des  spécialistes autoproclamés en télécoms qui préconisent ni plus ni moins que l’entrée d’un quatrième opérateur en Algérie. C’est faire injure aux trois existants. Comme si les 3 opérateurs actuels qui offrent des prix et des services de niveau international et compétitifs ne suffisaient pas. A quelles fins cette proposition ? Sans doute pour pousser Orange dont le spécialiste passe pour être proche. Proche d’un opérateur qui doit se mordre les doigts pour son refus de s’engager en Algérie en 2001.
Ghani Gedoui
source : tsa

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