Le fameux cri d’autrefois : Kerry Go home ! Car si l’Amérique aime être démocrate chez elle, elle ne s’en soucie pas chez les autres. D’où la tentation d’écrire une vaine lettre ouverte à ce ministre du monde qui va venir chez nous. Pour lui dire l’essentiel : il va servir une mascarade de vote dans un pays qui a bonne mémoire de ceux qui ne le soutiennent pas dans les moments de peine et d’errance. Pour lui dire qu’on a souvenir d’un Kennedy qui a salué notre indépendance et qu’il vaut mieux que ce souvenir reste agréable et ne soit pas terni.
Pour lui dire que sa venue va servir à nous montrer un Président-candidat qui va jouer sur le clip, l’image, le mauvais son pour faire croire qu’il est vivant, qu’il gouverne, qu’il est choisi par Allah et les pluies. Pour lui dire que ce même Président n’est revenu dans ce pays que pour le plaisir égoïste de ce genre de mondanité et que cela va le ravir et nous ravir une chance d’aller sur nos lunes. Pour dire à Kerry qu’il ne faut pas qu’il vote à notre place, par son image et que sa visite, est un bulletin dans la main qui nous vole l’avenir.
Kerry go Home ! Car cela ne va pas nous servir. Mais nous déposséder. Cela va marquer notre mémoire et nous confirmer dans notre colère contre son pays. Nous préférons garder l’image de Kennedy saluant le courage de nos ancêtres que l’image ENTV de Kerry serrant la main à leurs faux descendants. Kerry Go home ! Car ce pays se souviendra lorsqu’enfin, un jour très proche, il sera libéré de ses « libérateurs » qui le colonisent au nom de la guerre et de la mémoire. On se souviendra que vous êtes venu voter à notre place et bénir chez nous ce que vous refusez à vos compatriotes : la servilité, la fraude, la matraque contre les manifestations libres, l’oppression de toute rébellion, l’équation humiliante de « pétrole contre nourriture », l’arnaque sur l’image et la vérité et les chiffres de participation. Vous venez valider un vol d’avenir et cela on ne vous le pardonnera pas.
Kerry Go home donc ! On vous accueillera le jour où vous accepterez de réélire un Obama de cent ans et pour un mandat à vie, et après des élections douteuses. On vous serrera la main le jour où votre démocratie acceptera un candidat qui ne parle pas, un homme assis qui ne bouge pas et un concurrent qui se fait remplacer par dix clowns aux dents forces et une photo vieille de quinze ans. En attendant, restez chez-vous. L’excuse d’un vieux rendez-vous ne nous ne convainc pas. Et chaque occidental qui vient chez nous se faire recevoir par ce président est un bras d’honneur fait à notre honneur de peuple jeune, libre qui rêve de lendemains meilleurs et qui se bat contre ses nouveaux oppresseurs.
On vous accueillera lorsque l’Amérique partagera notre triste sort: quand elle aura des églises meilleures que ses hôpitaux, quand son Président pourra rester à vie, quand son Etat sera un régime avec une Constitution par semaine, quand Obama se fera présenter par un personnage de dessin animé, quand vos ministres seront payés par les contribuables pour servir un candidat et abandonner un pays aux terrains vagues, quand le patron de votre commission de surveillance des élections sera un homme de main d’un candidat aux détriment des autres, quand vos TV fonctionneront comme des selfies pour un seul candidat, quand votre président ne parlera à son peuple que chaque trois ans et par lettres interposées et quand votre Obama ira se soigner en Russie ou à Cuba et quand l’Amérique sera, comme nous le sommes, la risée du monde.
Oui Monsieur Kerry, lorsque votre Amérique ressemblera à notre Algérie dans le désastre et l’insulte à l’avenir, venez chez nous voter. Sans cela, restez chez vous et ne venez pas bénir chez nous ce qui est, chez vous, un crime, un délit ou une corruption.
Nous voulons avoir un rêve, marcher sa lune, fonder un pays de lois et pas de droit de sang, rêver vivants, nous libérer, défendre nos acquis et nos frontières, parler nos langues, aimer et voyager. Et votre visite gâche ce rêve pour lequel les meilleurs d’entre nous luttent encore. A votre arrivée, on ne vous serrera pas la main, car vous avez choisi de serrer celle de notre adversaire et l’adversaire de nos enfants à venir. Vous ne visiterez pas l’Algérie, vous ne la comprendrez pas, vous passerez de l’avion au Palais, du baril au bâillement.
Le pays s’en souviendra, malgré le prétexte de votre calendrier.
On préfère le souvenir de Kennedy !
Par Kamel Daoud
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