jeudi 28 décembre 2017

Les pionniers : le pied est déjà dans l’étrier Par Amin Zaoui

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Depuis 1949, l’année de la crise berbère, les voix libres n’ont pas cessé de crier haut et fort appelant à “la réhabilitation pure et simple de la langue amazighe dans son sol natal, sur les langues de ses enfants”.
Depuis cette date, des générations ont vu, ont vécu l’amertume politique et identitaire pour assurer l’avenir de cette langue.
Au cours de cette période 1949-2016, beaucoup de voix nobles ont marqué l’histoire de la cause berbère. Si quelques-unes ont été atténuées, d’autres n’ont jamais baissé ni les bras, ni les plumes, ni les cordes !
La langue tamazight a subi tous les malheurs de l’Histoire. La folklorisation. La marginalisation. La banalisation. L’effacement. Le dénigrement. L’accusation de trahison nationale.
Si la génération d’aujourd’hui commence à voir une petite lueur, c’est d’abord grâce à la femme kabyle. Grâce à la femme chaouie, à la femme targuie, à la femme de Beni Snous et… bravo pour toutes ces femmes, grand-mères, mères, tantes, sœurs, filles, qui, avec fierté, ont sauvegardé haut cette langue dans leurs chants, dans leurs tenues, dans leurs arts culinaires.
Grâce à la musique, aux voix mielleuses des rossignols qui ont placé haut cette langue, sur les cordes, dans les airs et dans les cœurs. Bravo à Taos Amrouche, à Cherif Kheddam, à Cheikh El-Hasnaoui, à Slimane Azem, à Matoub Lounès, à Aït Menguellet, à Idir, à Takfarinas, à Hnifa, à Cherifa, à Karima, à Malika Doumaz…
Si la langue et la culture amazighes ont survécu, c’est grâce aussi aux écrivains courageux : les poètes, les nouvellistes, les romanciers et les chercheurs. Bravo à Si Mohand Ou Mhand, Belaïd Ath Ali, Rachid Aliche, Amar Mezdad, Ben Mohamed, Saïd Sadi, Da Abdallah Hammane, Brahim Tazaghart, Halima Toudert, Ahcène Mariche, Nadia Sadat, Lounès Améziane.
Si la langue amazighe a survécu, c’est grâce aussi aux traducteurs qui n’ont pas cessé de revivifier cette langue en lui injectant d’autres énergies linguistiques. Bravo à Saïd Boulifa (1863-1931), à Mouloud Feraoun, à Mouloud Mammeri, à Mohamed Arab Aït Kaci qui a traduit Le Vieil Homme et la Mer, au poète Abdellah Haman qui a traduit Roméo et Juliette de Shakespeare, au poète Louni Hocine qui a traduit Le Prophète de Khalil Gibran. Bravo aux traducteurs du Coran : Kamel Naït Zerrad, Ramdane Aït Mansour et Si Hadj Mohand Tayeb.
Bravo à ceux qui ont gardé la place de cette culture à travers la langue française : Taos Amrouche, Jean Amrouche, Mouloud Feraoun, Mouloud Mammeri, Nabil Farès, Tahar Djaout, Youcef Nacib, Tasaâdit Yacine, Abdennour Abdesselam, Salem Chaker, Saïd Chemakh, Youcef Merahi, Younès Adli, Rachid Mokhtari, Abderrezak Dourari… et d’autres. Bravo à une centaine d’associations culturelles implantées dans toute l’Algérie, qui ont offert un travail culturel de proximité d’une grande qualité, et qui ont participé à l’apprentissage de la langue tamazight en l’absence de son enseignement à l’école publique.
Le combat intellectuel pour “le droit à la vie  pour la langue amazighe” creuse une nouvelle étape, certes beaucoup de choses ont été réalisées, mais cela n’est que le commencement d’un long parcours. Mais le pied est déjà dans l’étrier !

Amin Zaoui
aminzaoui@yahoo.fr
source : https://www.liberte-algerie.com/chronique/les-pionniers-le-pied-est-deja-dans-letrier-341

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