Un véritable défi opérationnel pour l’armée nationale populaire (ANP) qui n’a jamais eu à gérer ce type de situation depuis sa création. Mais aussi un coût financier élevé. L’opération de la Cédéao, qui sera appuyée par la France et les États‑Unis, devrait être rapide. Dès les premiers bombardements, les terroristes d’Aqmi et du Mujao vont sans doute se disperser dans le vaste désert du Sahel. Mais l’Algérie devra maintenir pendant de nombreux mois, voire des années, une forte présence militaire à ses frontières sud pour éviter une infiltration massive de terroristes sur son territoire. Le coût d’un tel déploiement est difficile à chiffrer. Mais il sera considérable.
La situation au Sahel a également porté un coup dur à l’ambition de puissance régionale de l’Algérie. Les responsables du pays réalisent qu’il ne suffit pas d’avoir l’armée la plus puissante et la mieux équipée de la région pour imposer ses vues aux voisins. L’Algérie a rapidement découvert qu’elle n’avait aucune influence sur les « autres pays du champ ». Cette structure, créée pour asseoir la domination régionale de l’Algérie et écarter la France et son allié marocain du dossier du Sahel, s’est avérée inefficace. Elle a même accentué l’isolement diplomatique de l’Algérie : la communauté internationale a préféré traiter avec la Cédéao et l’Union africaine (UA).
La cause ? Le Mali, la Mauritanie et le Niger écoutent davantage Paris qu’Alger. Et pour cause : ces pays dépendent économiquement davantage de la France que de l’Algérie. Malgré ses centaines de milliards de dollars engrangés ces dernières années grâce au prix du pétrole, l’Algérie n’a pas réussi à se doter d’une économie solide pour servir ses intérêts. Or, sans puissance économique, il est difficile de prétendre à un leadership régional.
Sonatrach, qui aurait pu être la force de frappe d’Alger dans la région, s’est montrée incapable de sortir des frontières de l’Algérie. Miné par la mauvaise gestion et la corruption, le groupe pétrolier a réalisé quelques investissements timides en Mauritanie et affiché des ambitions au Mali. Mais c’est insuffisant pour une politique de leadership régional. Les autres groupes publics algériens sont incapables de fonctionner correctement en Algérie et, à plus forte raison, de partir à la conquête de l’Afrique. Quant aux groupes privés, ils sont bridés par une législation qui leur interdit d’investir à l’étranger !
Résultat, c’est la France et le Maroc qui ont pris l’initiative. Illustration de cette situation : dans les télécommunications, c’est Maroc Télécom et Orange qui se font concurrence dans les pays du Sahel. Pendant que le ministère algérien des Finances s’est engagé dans d’interminables négociations pour racheter Djezzy !
Au lieu de prêter 5 milliards de dollars au FMI et de chercher à brider les investissements en modifiant régulièrement les lois, Alger aurait été mieux inspiré de développer son économie pour être mieux écouté par ses voisins. Dans le monde, les exemples de pays devenus leaders régionaux ou mondiaux grâce à l’économie sont nombreux : la Chine, l’Inde, la Turquie, la Corée du Sud… Mais aucun pays n’est devenu leader en dépensant des dizaines de milliards de dollars dans des achats d’armes.
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