Ça y est :le package va être complété et livré : une APN, des mairies puis, prochainement, une constitution que personne ne lira et que tout le monde subira puis des présidentielles que personne ne choisira sauf l'intéressé et ses actionnaires. Donc, deux ans presque après les révolutions des voisins, le régime s'en sort plus fort, plus solide, plus implanté et plus légitime. Et c'est étrange ce jeu de chance de la dictature molle que nous subissons : les malheurs d'autrui font sa survie comme une vieille fille qui rajeunit quand meurt ses rivales dont elle absorbe la jeunesse et la peau fraiche. Cela est arrivé avec les attentats du 11 septembre 2001 et cela arrive à nouveau avec le printemps « arabe » et cela va être consolidé avec la crise au Nord Mali. Au fil du temps, notre Pouvoir qui est notre Devoir, grandit, devient plus fort, retrouve son utilité internationale et régionale et nous, en comparaison, nous devenons plus petits, plus légers, plus futiles, plus invisibles. Nous, nos luttes, nos réclamations, nos enfants et notre façon d'exiger des comptes ou de la transparence.
Aux yeux de l'Occident qui vote et élit, la Tunisie de Benali avait la légitimité du pain qui passait avant celle de la démocratie,selon Jacques Chirac. L'Egypte avait celle du bouchon régional et de la rente géostratégique, selon les experts. Celle de la Libye était celle des gisements et du poids d'influence sur le Sahel. D'un coup, l'Algérie, après 2011 bénéficie des trois excuses, en même temps et à haute dose : la rente géo-stratégique avec le Mali, la rente des ressources avec les gisements de gaz et de pétrole, et la rente du « pain » genre «vaut mieux la caste d'Alger que des islamistes quoique l'on dise en public».
Aux yeux de l'Occident qui vote et élit, la Tunisie de Benali avait la légitimité du pain qui passait avant celle de la démocratie,selon Jacques Chirac. L'Egypte avait celle du bouchon régional et de la rente géostratégique, selon les experts. Celle de la Libye était celle des gisements et du poids d'influence sur le Sahel. D'un coup, l'Algérie, après 2011 bénéficie des trois excuses, en même temps et à haute dose : la rente géo-stratégique avec le Mali, la rente des ressources avec les gisements de gaz et de pétrole, et la rente du « pain » genre «vaut mieux la caste d'Alger que des islamistes quoique l'on dise en public».
Kamel Daoud in Le quotidien d'Oran.
Bouteflika&Cie ne pouvaient rêver de mieux pour asseoir l'idée aujourd'hui en voie de parachèvement est-ouest, du 4ème mandat. Aux yeux du monde qui décide, Bouteflika vaut mieux que Morsi, Ghannouchi, Marzouki et les milices libyennes. Et nous ? Vous mangez mieux et vous avez le calme sous les fenêtres. L'Occident nous parle comme Jacques Chirac a parlé aux tunisiens, il y a des années, de part les fenêtres de Benali et sa femme.
Dans son truculent entretien à Algérie news, paru dernièrement, Sid Ahmed Ghozali a été de mauvaise foi comme à son habitude (en accusant le Quotidien d'être une officine du Pouvoir) mais il a touché du doigt un concept essentiel du Pouvoir : la légitimité. Elle est passée, selon lui, de la légitimité du « j'ai fait la guerre de Libération », à celle de « je suis dans l'armée héritière de celle qui a fait la guerre », à celle de « j'ai fait la lutte anti-terroriste des années 90 » (légitimité par le sécuritaire), à celle de « je suis proche de Bouteflika depuis ses vingt ans de disgrâce et je suis proche de sa famille ». Le tout allant dans le sens de la légitimité opportuniste internationale : je suis vital, important, incontournable et essentiel à plus de 70 ans. On lira et relira ces compliments de l'Occident qui en abuse à l'adresse d'une Algérie que l'on sait vaniteuse et nostalgique des années 70 : le rôle dit « incontournable » de l'Algérie, dispense aujourd'hui le peuple de voter ou de se soulever. On restera assis donc à regarder le régime promener le nœud de papillon que Sid Ahmed a perdu. Nous les indigènes que destin dessert à chaque. Car l'Algérie est incontournable justement. Mais nous, on est contournables. Par tous.
Bouteflika&Cie ne pouvaient rêver de mieux pour asseoir l'idée aujourd'hui en voie de parachèvement est-ouest, du 4ème mandat. Aux yeux du monde qui décide, Bouteflika vaut mieux que Morsi, Ghannouchi, Marzouki et les milices libyennes. Et nous ? Vous mangez mieux et vous avez le calme sous les fenêtres. L'Occident nous parle comme Jacques Chirac a parlé aux tunisiens, il y a des années, de part les fenêtres de Benali et sa femme.
Dans son truculent entretien à Algérie news, paru dernièrement, Sid Ahmed Ghozali a été de mauvaise foi comme à son habitude (en accusant le Quotidien d'être une officine du Pouvoir) mais il a touché du doigt un concept essentiel du Pouvoir : la légitimité. Elle est passée, selon lui, de la légitimité du « j'ai fait la guerre de Libération », à celle de « je suis dans l'armée héritière de celle qui a fait la guerre », à celle de « j'ai fait la lutte anti-terroriste des années 90 » (légitimité par le sécuritaire), à celle de « je suis proche de Bouteflika depuis ses vingt ans de disgrâce et je suis proche de sa famille ». Le tout allant dans le sens de la légitimité opportuniste internationale : je suis vital, important, incontournable et essentiel à plus de 70 ans. On lira et relira ces compliments de l'Occident qui en abuse à l'adresse d'une Algérie que l'on sait vaniteuse et nostalgique des années 70 : le rôle dit « incontournable » de l'Algérie, dispense aujourd'hui le peuple de voter ou de se soulever. On restera assis donc à regarder le régime promener le nœud de papillon que Sid Ahmed a perdu. Nous les indigènes que destin dessert à chaque. Car l'Algérie est incontournable justement. Mais nous, on est contournables. Par tous.
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