Si la question relative à la perspective d'une réconciliation avec le peuple n'en finit pas de se rappeler à notre souvenir, elle tarde indéfiniment à avoir une réponse. En réalité, nous ne savons pas quand nous devons signer cette réconciliation avec le peuple, ni comment la mettre en œuvre. Nous ne savons pas pourquoi nous sommes incapables de nous réconcilier avec le peuple alors qu'une réconciliation avait été mise en branle voici une douzaine d'années avec les groupes armés au moyen d'une consultation référendaire et du choix du peuple à oublier tragédies et drames et à tourner la page d'une décennie sanglante et destructrice qui a failli emporter la Nation entière.
À quand la réconciliation avec le peuple ? À l'heure de la célébration du cinquantième anniversaire de l'indépendance nationale, nous ne pouvons faire l'économie d'une telle question. Face aux difficultés et lacunes endurées sur les registres politique, économique, culturel, sportif et médiatique et face aux aléas de la quotidienneté, nous ne pouvons résister à l'envie de la susciter à nouveau.
Pour y parvenir, nous avons besoin de sursaut et d'audace pour nous réconcilier avec nous‑mêmes, puis avec le peuple, auquel nous devons présenter des excuses pour avoir failli à son égard pendant cinquante ans. Il nous appartient également, en guise de bilan, d'avouer que nous avons réussi parfois et failli souvent. Une fois ces impératifs remplis, nous passerons à l'étape du redressement, de la réforme et du changement.
Notre réconciliation avec le peuple sans honte ni la moindre hésitation relève d'une nécessité absolue. Il y va du parachèvement de l'édification d'un État et du développement de la quiétude au sein de la société. Ainsi seulement, nous vaincrons le dépit et l'esprit de défaitisme envahissant qui s'est emparé des gens. Cela ne saurait se concrétiser sans donner aux Algériens de la génération de l'indépendance la possibilité participer au processus de décision et de décider de son propre destin comme l'avait plaidé dernièrement le président de la République à Sétif. Dans un discours qui a fait date, le chef de l'État avait frappé les esprits en estimant que la génération de la Révolution avait vécu et qu'il était temps qu'elle passe le témoin.
La réconciliation avec le peuple suppose le retrait de la gestion des affaires publiques de visages qui, aux yeux Algériens, suscitent irritation et rejet. Des personnes qui ont lamentablement échoué dans la gestion des affaires de la cité et qui, de surcroît, n'arrivent pas à comprendre les attentes du peuple à l'heure des défis du troisième millénaire, des nouvelles technologies et du professionnalisme.
La réconciliation commencera à devenir une réalité lorsque la génération de l'indépendance fera son baptême du feu dans l'exercice des responsabilités, en les assumant avec honnêteté et sincérité loin de la culture de l'exclusion, du règlement de comptes, de la culpabilisation et de la haine que certains cherchent à cultiver.
La réconciliation avec le peuple signifie aussi la levée de la tutelle qui pèse sur le peuple, les partis politiques, les organisations de la société civile et la justice le cheminement vers un pluralisme politique de très bonne facture, à rebours du "carnavalisme", du folklore et de la politique à grand tintamarre. La réconciliation avec le peuple suppose d'aller, sans attendre, vers l'ouverture du champ audiovisuel pour en faire un champ soumis au seul pouvoir de la conscience professionnelle, de l'éthique, et des règles du métier et non au pouvoir des influences et des forces de l'argent.
La réconciliation suppose aussi l'ouverture d'un débat et d'un dialogue tous azimuts dans tous les registres de la vie nationale (politique, économique, sociale, culturelle, sportive…), en se fixant pour but de choisir les hommes et de définir des projets en phase avec nos besoins et avec l'ère du temps. Ce débat et les objectifs qu'il recherche sont d'autant plus nécessaires que l'Algérie jouit de toutes les potentialités nécessaires (institutions, compétences, ressources matérielles et humaines) et que les citoyens partagent en commun un atout de taille : l'amour du pays avec passion et loin de toute surenchère de quiconque.
Lorsque nous nous accorderons mutuellement des concessions, lorsque nous nous réconcilierons de la sorte avec les Algériens, nous aurons parachevé l'édification de l'État algérien pour l'émergence duquel se sont sacrifiés des hommes : un État de droit et de justice réconcilié avec tous ses enfants et qui n'exclut personne. Un État qui retient les leçons et les expériences du passé, bonnes ou mauvaises, regarde vers l'avenir avec optimisme et espoir, avec nos divergences, quitte à remettre en cause nos choix.
La réconciliation avec le peuple implique la réconciliation avec la Nation pour éviter les drames vécus par d’autres peuples et d’autres pays qui n’ont pas notre héritage historique, révolutionnaire, humain et matériel et qui n’ont pas résisté, comme l’a fait le peuple algérien durant la colonisation française, puis durant la décennie noire des années 1990. La réconciliation nationale avec ceux qui sont sortis du droit chemin durant cette décennie noire doit être parachevée par une réconciliation entre le peuple et ceux qui ont échoué et ont fauté…
in TSA.
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