Le sort du pays, objet de spéculations au Qatar
Le Doha Institute et nous
Le proche avenir de l’Algérie est actuellement ouvert à toutes les spéculations. D’après l’analyse de l’Israélo-Palestinien, Azmi Bishara, installé au Qatar, notre pays est, de nouveau, à la croisée des chemins. Il estime qu’à cause des menaces d’instabilité, l’oligarchie militaire et le DRS vont probablement accepter le principe d’élections présidentielles ouvertes afin de prémunir le régime de la contagion du Printemps arabe qui, à l’en croire, se déplace aujourd’hui dangereusement vers l’Algérie.
D’abord, qu’est-ce que le Doha Institute ? The Arab Center for Research & Policy Studies (Centre arabe de recherches et d'études politiques), communément appelé Doha Institute, basé au Qatar, se décrit, sur son site comme un “institut de recherche indépendant spécialisé dans les sciences sociales”.
En réalité, il ne s’agit, ni plus ni moins, que d’un démembrement du ministère qatari des Affaires étrangères dirigé par l'actuel Premier ministre, cheikh Hamad Bin Jassim. Ce centre “scientifique” organise régulièrement des conférences (qui se tiennent parfois sous le patronage du prince héritier, cheikh Tamim bin Hamad al-Thani, l’étoile montante au Qatar) où des leaders islamistes tels Rached Ghannouchi, Khaled Mechaâl ou Hassan al-Tourabi tiennent régulièrement le haut de l’affiche. Une des figures de proue de ce centre est Azmi Bishara, un intellectuel et homme politique issu d'une famille chrétienne palestinienne. Arabe-Israélien, il a été membre de la Knesset de 1996 à 2007 avant de démissionner de son poste de député, accusant les autorités israéliennes de le persécuter pour ses positions politiques. Visé par une enquête policière dont on ignore les motifs, il a quitté Israël, soi-disant, pour des vacances familiales et pour donner des conférences dans les pays arabes, et non pour se soustraire à l'enquête de police israélienne. Aujourd’hui, il s’essaye à partir de Doha à l’analyse politico-sécuritaire de l’Algérie et avance plusieurs hypothèses. En étudiant les implications politiques de la détérioration de l’état de santé du chef de l'État algérien, Abdelaziz Bouteflika, il écarte, d'emblée, sa candidature pour un quatrième mandat, et ce, malgré l'insistance des “centres de pouvoir associés avec le Président et dont les intérêts se croisent” et qui en font, selon lui, désespérément la promotion. Un projet voué à l’échec et qui soulève, d’après lui, “l’inéligibilité de Bouteflika”. Dès lors, le débat politique invoquant l'article 88 de la Constitution prévoyant le cas d'empêchement et ouvrant la voie à une élection présidentielle anticipée est pour lui “le signe de la fin d'une ère et le début d'une autre”. Il note, par ailleurs, qu’en essayant de rassurer le public sur la santé du président Bouteflika, le gouvernement Sellal n’a pas réussi à convaincre “qui que ce soit”.
Sur le plan intérieur, il observe une situation politique instable parce que l’État dans son ensemble est accroché aux “décisions” d’un président absent. Une situation qui perdure, d’après lui, depuis 2005 et qui s’est intensifiée après la récente indisposition du Président. À cet égard, Bishara parle même d’une baisse de performance des institutions de l’État dont certaines sont, selon lui, aujourd’hui dans un “état de paralysie”. Il croit savoir également que l’instruction des affaires de corruption impliquant des proches du Président est un “message politique adressé à lui et à ses partisans à l'effet de s’éloigner de toute idée d'un quatrième mandat”.
Le limogeage de Saïd Bouteflika, conseiller auprès de son frère-président et dont le nom est désormais associé aux affaires de corruption, en particulier dans le secteur de l'énergie, est, pour lui, “un autre indicateur” des pressions exercées sur le clan présidentiel. Mais par qui ?
Il a bien sûr la réponse : le différend entre Bouteflika et l'institution militaire porte sur deux questions fondamentales : son ambition pour un quatrième mandat (qui s’est évaporé avec sa maladie) et la corruption qui implique son entourage.
L’ANP face à un dilemme
“Face à la propagation de la corruption, l'armée n'a rien fait. Et c’est normal, car elle aurait été accusée de coup de force contre l’autorité civile.” Bishara note que l’armée a préféré garder, ainsi, le silence en dépit de l’appel de certaines parties qui avaient demandé son intervention pour mettre fin aux dérives de certaines institutions de l’État. D’après Bishara, l'armée algérienne fait face aujourd’hui à “un dilemme peu enviable”. Avec une menace aux frontières et ses implications sur la sécurité nationale, l’ANP se concentre essentiellement sur sa mission première : protéger le pays. “L’Armée algérienne cherche à poursuivre son processus de professionnalisation en restant à l’écart de la politique mais l’instabilité locale et régionale pourrait la contraindre à intervenir de nouveau afin de contrôler la situation.” Pour lui, il est clair que le contexte international et régional n’est pas favorable à un retour en force de l’armée dans l’actualité politique algérienne. Par conséquent, “on peut supposer que l’armée vaparier sur une sorte de “chaos créatif” dont le point de départ serait un débat controversé autour de la maladie de Bouteflika et qui déboucherait sur des décisions légitimement fondées sur la Constitution. Une situation idéale qui permettrait à l’armée de ne pas interférer”. L’objectif serait de faire participer, selon lui, les différentes forces politiques dans le jeu électoral afin de donner de la crédibilité et de la légitimité au scrutin “avant de retourner aux anciennes pratiques”. Il s’agit, d’après lui, de démontrer, dans l’immédiat, “la bonne foi du système”. Cette tendance va probablement s’imposer parce que le pays a atteint, selon lui, un degré de blocage qui menace désormais sa stabilité. D’après lui, l’armée algérienne ne pourra pas agir à cause notamment des contraintes constitutionnelles et des changements structurels qu’elle a connus par le rajeunissement de sa chaîne de commandement et le départ des “Janviéristes”, considérés comme des putschistes en puissance.
D’après Bishara, la nouvelle génération d'officiers algériens (qui n'appartient pas à la vieille garde de la Révolution) veut garder l'armée hors de la sphère politique avant de préciser que lorsque l’on parle du rôle de l'armée dans la vie politique en Algérie, il ne s’agit pas moins que du renseignement militaire, le DRS qui aurait jusqu’à présent une influence dans les articulations de l’État et dans la décision politique. Bishara croit même savoir que le régime algérien se caractérise par des équilibres précis entre les différents centres de décision. C’est pourquoi, il n’exclut pas la candidature de l’ancien Premier ministre, Ahmed Ouyahia, qui, selon ce postulat, viendrait “perpétuer le système avec quelques modifications mineures pour en améliorer l’apparence”. Pour lui, l’absence même de Bouteflika lors des élections à venir devrait être perçue comme un gage d’ouverture.
“Ce scénario fonctionnant sur la base d’une rupture avec l'ère Bouteflika sera sans doute adossé à des garanties secrètement ou ouvertement négociées avec les parties prenantes.” Quant à l’option pour une “transition démocratique”, elle pourrait consister, selon lui, “à ouvrir la porte de la course à la présidentielle à des personnalités susceptibles de réviser les règles du jeu, sur une base démocratique afin d’éviter au pays le glissement vers une plus grande instabilité, voire la violence”. D’après cette assertion, le pouvoir serait donc capable d’engager des figures de l'opposition à Bouteflika, à l’image de l’ancien Chef du gouvernement, Ahmed Benbitour, qui a déjà annoncé son intention de se présenter aux élections de 2014. Sur ce registre des candidats dits “du système”, il pourra être fait appel également au “réformateur”, l’ancien Premier ministre Mouloud Hamrouche. De même que l’auteur de l’analyse s'attend à la candidature de l’islamiste Abderrezak Makri, nommément cité. Dans ce document qui apporte plus de questions que de réponses, Bishara s’interroge à la fin sur la position de l'institution militaire : “Sera-t- elle prête à essayer une nouvelle ère politique et à faire avancer le pays vers une transition démocratique ?” Il dit ne pas disposer à ce sujet d’indications concluantes même s’il pense que le pouvoir des lobbyistes et les intérêts liés à la corruption feront tout pour faire capoter une telle option qui risquerait, dans le cas échéant, de les mettre au banc des accusés, pour ne pas dire sous les verrous. Il souligne, à cet égard, que la corruption s’est structurée en Algérie au point où elle peut désormais mobiliser ses forces, ses fameux “baltaguia” économiques.
D’abord, qu’est-ce que le Doha Institute ? The Arab Center for Research & Policy Studies (Centre arabe de recherches et d'études politiques), communément appelé Doha Institute, basé au Qatar, se décrit, sur son site comme un “institut de recherche indépendant spécialisé dans les sciences sociales”.
En réalité, il ne s’agit, ni plus ni moins, que d’un démembrement du ministère qatari des Affaires étrangères dirigé par l'actuel Premier ministre, cheikh Hamad Bin Jassim. Ce centre “scientifique” organise régulièrement des conférences (qui se tiennent parfois sous le patronage du prince héritier, cheikh Tamim bin Hamad al-Thani, l’étoile montante au Qatar) où des leaders islamistes tels Rached Ghannouchi, Khaled Mechaâl ou Hassan al-Tourabi tiennent régulièrement le haut de l’affiche. Une des figures de proue de ce centre est Azmi Bishara, un intellectuel et homme politique issu d'une famille chrétienne palestinienne. Arabe-Israélien, il a été membre de la Knesset de 1996 à 2007 avant de démissionner de son poste de député, accusant les autorités israéliennes de le persécuter pour ses positions politiques. Visé par une enquête policière dont on ignore les motifs, il a quitté Israël, soi-disant, pour des vacances familiales et pour donner des conférences dans les pays arabes, et non pour se soustraire à l'enquête de police israélienne. Aujourd’hui, il s’essaye à partir de Doha à l’analyse politico-sécuritaire de l’Algérie et avance plusieurs hypothèses. En étudiant les implications politiques de la détérioration de l’état de santé du chef de l'État algérien, Abdelaziz Bouteflika, il écarte, d'emblée, sa candidature pour un quatrième mandat, et ce, malgré l'insistance des “centres de pouvoir associés avec le Président et dont les intérêts se croisent” et qui en font, selon lui, désespérément la promotion. Un projet voué à l’échec et qui soulève, d’après lui, “l’inéligibilité de Bouteflika”. Dès lors, le débat politique invoquant l'article 88 de la Constitution prévoyant le cas d'empêchement et ouvrant la voie à une élection présidentielle anticipée est pour lui “le signe de la fin d'une ère et le début d'une autre”. Il note, par ailleurs, qu’en essayant de rassurer le public sur la santé du président Bouteflika, le gouvernement Sellal n’a pas réussi à convaincre “qui que ce soit”.
Sur le plan intérieur, il observe une situation politique instable parce que l’État dans son ensemble est accroché aux “décisions” d’un président absent. Une situation qui perdure, d’après lui, depuis 2005 et qui s’est intensifiée après la récente indisposition du Président. À cet égard, Bishara parle même d’une baisse de performance des institutions de l’État dont certaines sont, selon lui, aujourd’hui dans un “état de paralysie”. Il croit savoir également que l’instruction des affaires de corruption impliquant des proches du Président est un “message politique adressé à lui et à ses partisans à l'effet de s’éloigner de toute idée d'un quatrième mandat”.
Le limogeage de Saïd Bouteflika, conseiller auprès de son frère-président et dont le nom est désormais associé aux affaires de corruption, en particulier dans le secteur de l'énergie, est, pour lui, “un autre indicateur” des pressions exercées sur le clan présidentiel. Mais par qui ?
Il a bien sûr la réponse : le différend entre Bouteflika et l'institution militaire porte sur deux questions fondamentales : son ambition pour un quatrième mandat (qui s’est évaporé avec sa maladie) et la corruption qui implique son entourage.
L’ANP face à un dilemme
“Face à la propagation de la corruption, l'armée n'a rien fait. Et c’est normal, car elle aurait été accusée de coup de force contre l’autorité civile.” Bishara note que l’armée a préféré garder, ainsi, le silence en dépit de l’appel de certaines parties qui avaient demandé son intervention pour mettre fin aux dérives de certaines institutions de l’État. D’après Bishara, l'armée algérienne fait face aujourd’hui à “un dilemme peu enviable”. Avec une menace aux frontières et ses implications sur la sécurité nationale, l’ANP se concentre essentiellement sur sa mission première : protéger le pays. “L’Armée algérienne cherche à poursuivre son processus de professionnalisation en restant à l’écart de la politique mais l’instabilité locale et régionale pourrait la contraindre à intervenir de nouveau afin de contrôler la situation.” Pour lui, il est clair que le contexte international et régional n’est pas favorable à un retour en force de l’armée dans l’actualité politique algérienne. Par conséquent, “on peut supposer que l’armée vaparier sur une sorte de “chaos créatif” dont le point de départ serait un débat controversé autour de la maladie de Bouteflika et qui déboucherait sur des décisions légitimement fondées sur la Constitution. Une situation idéale qui permettrait à l’armée de ne pas interférer”. L’objectif serait de faire participer, selon lui, les différentes forces politiques dans le jeu électoral afin de donner de la crédibilité et de la légitimité au scrutin “avant de retourner aux anciennes pratiques”. Il s’agit, d’après lui, de démontrer, dans l’immédiat, “la bonne foi du système”. Cette tendance va probablement s’imposer parce que le pays a atteint, selon lui, un degré de blocage qui menace désormais sa stabilité. D’après lui, l’armée algérienne ne pourra pas agir à cause notamment des contraintes constitutionnelles et des changements structurels qu’elle a connus par le rajeunissement de sa chaîne de commandement et le départ des “Janviéristes”, considérés comme des putschistes en puissance.
D’après Bishara, la nouvelle génération d'officiers algériens (qui n'appartient pas à la vieille garde de la Révolution) veut garder l'armée hors de la sphère politique avant de préciser que lorsque l’on parle du rôle de l'armée dans la vie politique en Algérie, il ne s’agit pas moins que du renseignement militaire, le DRS qui aurait jusqu’à présent une influence dans les articulations de l’État et dans la décision politique. Bishara croit même savoir que le régime algérien se caractérise par des équilibres précis entre les différents centres de décision. C’est pourquoi, il n’exclut pas la candidature de l’ancien Premier ministre, Ahmed Ouyahia, qui, selon ce postulat, viendrait “perpétuer le système avec quelques modifications mineures pour en améliorer l’apparence”. Pour lui, l’absence même de Bouteflika lors des élections à venir devrait être perçue comme un gage d’ouverture.
“Ce scénario fonctionnant sur la base d’une rupture avec l'ère Bouteflika sera sans doute adossé à des garanties secrètement ou ouvertement négociées avec les parties prenantes.” Quant à l’option pour une “transition démocratique”, elle pourrait consister, selon lui, “à ouvrir la porte de la course à la présidentielle à des personnalités susceptibles de réviser les règles du jeu, sur une base démocratique afin d’éviter au pays le glissement vers une plus grande instabilité, voire la violence”. D’après cette assertion, le pouvoir serait donc capable d’engager des figures de l'opposition à Bouteflika, à l’image de l’ancien Chef du gouvernement, Ahmed Benbitour, qui a déjà annoncé son intention de se présenter aux élections de 2014. Sur ce registre des candidats dits “du système”, il pourra être fait appel également au “réformateur”, l’ancien Premier ministre Mouloud Hamrouche. De même que l’auteur de l’analyse s'attend à la candidature de l’islamiste Abderrezak Makri, nommément cité. Dans ce document qui apporte plus de questions que de réponses, Bishara s’interroge à la fin sur la position de l'institution militaire : “Sera-t- elle prête à essayer une nouvelle ère politique et à faire avancer le pays vers une transition démocratique ?” Il dit ne pas disposer à ce sujet d’indications concluantes même s’il pense que le pouvoir des lobbyistes et les intérêts liés à la corruption feront tout pour faire capoter une telle option qui risquerait, dans le cas échéant, de les mettre au banc des accusés, pour ne pas dire sous les verrous. Il souligne, à cet égard, que la corruption s’est structurée en Algérie au point où elle peut désormais mobiliser ses forces, ses fameux “baltaguia” économiques.
Mohamed-Chérif LACHICHI
source liberté Algérie
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