Le projet de frappe aérienne contre la Syrie : objet de calculs stratégiques
Le jeu trouble de Riyad, l’embarras de Paris et la reculade de Washington
Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Saoud al-Fayçal, a appelé hier les pays arabes à soutenir l’opposition syrienne qui réclame une intervention militaire étrangère contre le régime de Bachar al-Assad.
Le ministre saoudien s'exprimait lors d'une conférence de presse au Caire avant une réunion des chefs de diplomatie arabes sur la situation en Syrie, alors que plusieurs pays occidentaux, États-Unis en tête, envisagent à moyen terme des frappes en réponse à une attaque chimique le 21 août près de Damas. De son côté, la Ligue arabe a réitéré son engagement à respecter les décisions des Nations unies et celles issues de la légalité internationale concernant la crise syrienne. “La Ligue arabe est une organisation régionale qui se conforme aux décisions des Nations unies et de la légalité internationale et c’est là un point à prendre en ligne de compte concernant toute décision”, a déclaré le secrétaire général adjoint de l’organisation, Ahmed Benhelli, à l’issue de 140e session du conseil de la Ligue arabe, réunie au niveau des délégués permanents, au sujet d'une information faisant état d'un mandat accordé par la ligue, aux États-Unis pour diriger une frappe contre la Syrie. Il a précisé, à ce propos, que la réunion des ministres arabes des Affaires étrangères sera consacrée aux derniers développements en Syrie pour parvenir à une décision consensuelle qui permette à la Syrie de surmonter cette crise et au peuple syrien de réaliser ses aspirations au changement, au développement et à la démocratie. Dans une déclaration au terme d’une rencontre de concertation avec le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi, il a affirmé que “la ligue ne permet l'usage de la force d'aucune partie en dehors de la légalité internationale”, rappelant que la position de la Libye s'inscrivait dans le sillage du consensus arabe.
Bachar al-Assad : “La Syrie fera face à toute agression extérieure”
Face à cette agitation internationale, le président Bachar al-Assad a déclaré, hier, au lendemain des déclarations de Barack Obama, que son pays “est capable de faire face à toute agression extérieure”. Le chef de l'État syrien, cité par l'agence officielle Sana, a ajouté que “la Syrie grâce à la résistance de son peuple et de son armée continue d'accumuler les victoires jusqu'au retour de la sécurité et de la stabilité dans le pays”. Le président Assad a fait cette première déclaration à l’occasion d'une rencontre avec un haut responsable iranien, a précisé Sana.
Auparavant, le vice-ministre syrien des Affaires étrangères, Fayçal Moqdad, avait affirmé que le président américain était “hésitant et confus” et accusé le gouvernement français d'être “irresponsable” et de soutenir Al-Qaïda. Si le président US avait conditionné une intervention militaire par un soutien du Congrès, le secrétaire d’État, John Kerry, a assuré hier que les États-Unis avaient reçu et analysé des échantillons prouvant l’utilisation de gaz sarin dans l'attaque chimique du 21 août attribuée par Washington au régime Al-Assad. Une façon d’enfoncer le bouchon et d’accuser officiellement Damas d’être à l’origine de l’attaque alors que la rébellion syrienne, soutenue par Al-Qaïda, détient selon Téhéran l’arme chimique depuis 2012.
John Kerry : “Les échantillons ont révélé l’utilisation du gaz sarin”
“Des échantillons de cheveux et sanguins se sont révélés positifs à des traces de gaz sarin”, a déclaré sur NBC News le secrétaire d’État, évoquant “un développement très important dont nous avons pris connaissance dans les dernières 24 heures, grâce à des échantillons des premiers secours dans l’est de Damas fournis aux États-Unis et qui ont désormais été testés”. Il a précisé sur la chaîne CNN que ces éléments étaient “indépendants” de ceux collectés en Syrie par les enquêteurs de l’ONU. Évoquant la décision de Barack Obama de demander au Congrès son autorisation pour lancer des frappes sur la Syrie, le secrétaire d’État a assuré être confiant. “Je pense que le Congrès la votera”, a assuré l’ex-sénateur sur NBC, appelant ses anciens collègues à la responsabilité, au nom de la “crédibilité” des États-Unis et du respect de la convention sur les armes chimiques, adoptée par le Congrès. De son côté, le président français, François Hollande, qui se montrait déterminé à frapper sans délai la Syrie, se retrouve contraint d'attendre le bon vouloir de l'allié américain et confronté à une contestation croissante de l'opposition qui réclame un vote au Parlement, comme aux États-Unis et en Grande-Bretagne. Critiqué en politique intérieure pour être trop consensuel, le président français s'est révélé en chef de guerre au Mali puis en Syrie, se disant “déterminé” à “punir” le régime de Bachar al-Assad.
Hollande coincé par l’opposition et son alignement à Washington
Le chef de l'État et des armées s’apprêtait ainsi à engager les forces françaises à deux reprises en l’espace de huit mois sur un théâtre d’opérations extérieur. Mais la France, devenue brusquement le meilleur allié des États-Unis sur la Syrie après la défection britannique, risque bien de se retrouver aussi “à la remorque” des Américains, comme le redoutait l’ancien Premier ministre, François Fillon. Après le veto du Parlement britannique à une intervention en Syrie, Barack Obama a annoncé samedi soir sa décision de consulter le Congrès américain. Alors que les frappes aériennes semblaient imminentes, les débats devant la Chambre des représentants et le Sénat américains ne s'ouvriront que le 9 septembre. “Si les États-Unis décidaient de ne pas intervenir, la France ne pourrait pas intervenir toute seule c'est clair, car il faut une coalition pour assurer la légitimité de l'intervention”, a reconnu la présidente socialiste de la commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale, Élisabeth Guigou.
À Paris, un proche du dossier affirme que “plus la sanction s'éloignera de la date du 21 août plus elle risque d'être affaiblie dans ses effets militaires et politiques”. “On était prêt, le ciblage était fait, mais il est bien clair qu’on est obligé de suivre le tempo des Américains”, ajoute une source militaire qui s'étonne du “battage” fait depuis 10 jours autour de frappes annoncées. “On a trop crié.” En attendant, François Hollande fait face aussi à une pression politique croissante. L'Exécutif avait envisagé un simple débat sans vote au Parlement le 4 septembre, mais il est déjà contraint de lâcher du lest.
Valls : “On ne change pas la Constitution en fonction des événements”
Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, recevra ainsi dès aujourd’hui les principaux responsables parlementaires pour les informer de la situation en Syrie. Sera-ce suffisant ? Les appels se font de plus en plus pressants pour l'organisation d'un vote en bonne et due forme. Après François Fillon et Jean-François Copé, le patron de l'UMP (droite), qui ont tiré la sonnette d'alarme devant les risques d'une entrée en guerre, le centriste Jean-Louis Borloo a réclamé samedi, dans la foulée de la déclaration de Barack Obama, “un vote formel” au Parlement français. Si quelques appels en ce sens ont été lancés jusque dans les rangs de la majorité, l'Exécutif semblait hier matin peu enclin à organiser ce vote des parlementaires. Mme Guigou a expliqué qu'au terme de la Constitution de la Ve République, le chef de l'État et chef des armées détient “la responsabilité de décider” et peut se passer de l'accord du Parlement pour engager les forces armées à l'étranger. D'après l'article 35 de la Constitution, “le gouvernement informe le Parlement de sa décision de faire intervenir les forces armées à l'étranger, au plus tard trois jours après le début de l'intervention. Il précise les objectifs poursuivis. Cette information peut donner lieu à un débat qui n'est suivi d'aucun vote”. Un vote ne doit légalement intervenir que si la durée de l'intervention excède quatre mois, comme ce fut le cas récemment pour le Mali. Le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, a renchéri en jugeant qu'on ne “change pas la Constitution en fonction des événements”. “La fonction présidentielle, il faut la préserver”, a-t-il insisté.
Le ministre saoudien s'exprimait lors d'une conférence de presse au Caire avant une réunion des chefs de diplomatie arabes sur la situation en Syrie, alors que plusieurs pays occidentaux, États-Unis en tête, envisagent à moyen terme des frappes en réponse à une attaque chimique le 21 août près de Damas. De son côté, la Ligue arabe a réitéré son engagement à respecter les décisions des Nations unies et celles issues de la légalité internationale concernant la crise syrienne. “La Ligue arabe est une organisation régionale qui se conforme aux décisions des Nations unies et de la légalité internationale et c’est là un point à prendre en ligne de compte concernant toute décision”, a déclaré le secrétaire général adjoint de l’organisation, Ahmed Benhelli, à l’issue de 140e session du conseil de la Ligue arabe, réunie au niveau des délégués permanents, au sujet d'une information faisant état d'un mandat accordé par la ligue, aux États-Unis pour diriger une frappe contre la Syrie. Il a précisé, à ce propos, que la réunion des ministres arabes des Affaires étrangères sera consacrée aux derniers développements en Syrie pour parvenir à une décision consensuelle qui permette à la Syrie de surmonter cette crise et au peuple syrien de réaliser ses aspirations au changement, au développement et à la démocratie. Dans une déclaration au terme d’une rencontre de concertation avec le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi, il a affirmé que “la ligue ne permet l'usage de la force d'aucune partie en dehors de la légalité internationale”, rappelant que la position de la Libye s'inscrivait dans le sillage du consensus arabe.
Bachar al-Assad : “La Syrie fera face à toute agression extérieure”
Face à cette agitation internationale, le président Bachar al-Assad a déclaré, hier, au lendemain des déclarations de Barack Obama, que son pays “est capable de faire face à toute agression extérieure”. Le chef de l'État syrien, cité par l'agence officielle Sana, a ajouté que “la Syrie grâce à la résistance de son peuple et de son armée continue d'accumuler les victoires jusqu'au retour de la sécurité et de la stabilité dans le pays”. Le président Assad a fait cette première déclaration à l’occasion d'une rencontre avec un haut responsable iranien, a précisé Sana.
Auparavant, le vice-ministre syrien des Affaires étrangères, Fayçal Moqdad, avait affirmé que le président américain était “hésitant et confus” et accusé le gouvernement français d'être “irresponsable” et de soutenir Al-Qaïda. Si le président US avait conditionné une intervention militaire par un soutien du Congrès, le secrétaire d’État, John Kerry, a assuré hier que les États-Unis avaient reçu et analysé des échantillons prouvant l’utilisation de gaz sarin dans l'attaque chimique du 21 août attribuée par Washington au régime Al-Assad. Une façon d’enfoncer le bouchon et d’accuser officiellement Damas d’être à l’origine de l’attaque alors que la rébellion syrienne, soutenue par Al-Qaïda, détient selon Téhéran l’arme chimique depuis 2012.
John Kerry : “Les échantillons ont révélé l’utilisation du gaz sarin”
“Des échantillons de cheveux et sanguins se sont révélés positifs à des traces de gaz sarin”, a déclaré sur NBC News le secrétaire d’État, évoquant “un développement très important dont nous avons pris connaissance dans les dernières 24 heures, grâce à des échantillons des premiers secours dans l’est de Damas fournis aux États-Unis et qui ont désormais été testés”. Il a précisé sur la chaîne CNN que ces éléments étaient “indépendants” de ceux collectés en Syrie par les enquêteurs de l’ONU. Évoquant la décision de Barack Obama de demander au Congrès son autorisation pour lancer des frappes sur la Syrie, le secrétaire d’État a assuré être confiant. “Je pense que le Congrès la votera”, a assuré l’ex-sénateur sur NBC, appelant ses anciens collègues à la responsabilité, au nom de la “crédibilité” des États-Unis et du respect de la convention sur les armes chimiques, adoptée par le Congrès. De son côté, le président français, François Hollande, qui se montrait déterminé à frapper sans délai la Syrie, se retrouve contraint d'attendre le bon vouloir de l'allié américain et confronté à une contestation croissante de l'opposition qui réclame un vote au Parlement, comme aux États-Unis et en Grande-Bretagne. Critiqué en politique intérieure pour être trop consensuel, le président français s'est révélé en chef de guerre au Mali puis en Syrie, se disant “déterminé” à “punir” le régime de Bachar al-Assad.
Hollande coincé par l’opposition et son alignement à Washington
Le chef de l'État et des armées s’apprêtait ainsi à engager les forces françaises à deux reprises en l’espace de huit mois sur un théâtre d’opérations extérieur. Mais la France, devenue brusquement le meilleur allié des États-Unis sur la Syrie après la défection britannique, risque bien de se retrouver aussi “à la remorque” des Américains, comme le redoutait l’ancien Premier ministre, François Fillon. Après le veto du Parlement britannique à une intervention en Syrie, Barack Obama a annoncé samedi soir sa décision de consulter le Congrès américain. Alors que les frappes aériennes semblaient imminentes, les débats devant la Chambre des représentants et le Sénat américains ne s'ouvriront que le 9 septembre. “Si les États-Unis décidaient de ne pas intervenir, la France ne pourrait pas intervenir toute seule c'est clair, car il faut une coalition pour assurer la légitimité de l'intervention”, a reconnu la présidente socialiste de la commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale, Élisabeth Guigou.
À Paris, un proche du dossier affirme que “plus la sanction s'éloignera de la date du 21 août plus elle risque d'être affaiblie dans ses effets militaires et politiques”. “On était prêt, le ciblage était fait, mais il est bien clair qu’on est obligé de suivre le tempo des Américains”, ajoute une source militaire qui s'étonne du “battage” fait depuis 10 jours autour de frappes annoncées. “On a trop crié.” En attendant, François Hollande fait face aussi à une pression politique croissante. L'Exécutif avait envisagé un simple débat sans vote au Parlement le 4 septembre, mais il est déjà contraint de lâcher du lest.
Valls : “On ne change pas la Constitution en fonction des événements”
Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, recevra ainsi dès aujourd’hui les principaux responsables parlementaires pour les informer de la situation en Syrie. Sera-ce suffisant ? Les appels se font de plus en plus pressants pour l'organisation d'un vote en bonne et due forme. Après François Fillon et Jean-François Copé, le patron de l'UMP (droite), qui ont tiré la sonnette d'alarme devant les risques d'une entrée en guerre, le centriste Jean-Louis Borloo a réclamé samedi, dans la foulée de la déclaration de Barack Obama, “un vote formel” au Parlement français. Si quelques appels en ce sens ont été lancés jusque dans les rangs de la majorité, l'Exécutif semblait hier matin peu enclin à organiser ce vote des parlementaires. Mme Guigou a expliqué qu'au terme de la Constitution de la Ve République, le chef de l'État et chef des armées détient “la responsabilité de décider” et peut se passer de l'accord du Parlement pour engager les forces armées à l'étranger. D'après l'article 35 de la Constitution, “le gouvernement informe le Parlement de sa décision de faire intervenir les forces armées à l'étranger, au plus tard trois jours après le début de l'intervention. Il précise les objectifs poursuivis. Cette information peut donner lieu à un débat qui n'est suivi d'aucun vote”. Un vote ne doit légalement intervenir que si la durée de l'intervention excède quatre mois, comme ce fut le cas récemment pour le Mali. Le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, a renchéri en jugeant qu'on ne “change pas la Constitution en fonction des événements”. “La fonction présidentielle, il faut la préserver”, a-t-il insisté.
R. I./AFP/APS
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