Pas seulement un débat, comme celui qui sera organisé mercredi 4 septembre dans l'après-midi, mais un vote pour ou contre une intervention militaire ciblant le régime de Bachar al-Assad. Une disposition utilisée en 1991 avant de s'engager pour la guerre du Golfe : le gouvernement peut engager sa responsabilité comme l'avait fait Michel Rocard à l'époque ou bien décider de questionner les parlementaires uniquement sur la Syrie.
Ce vote est d'autant plus réclamé par l'opposition qu'il a déjà eu lieu ou va être organisé prochainement en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis. Le premier, outre-Manche, a mis fin aux velléités martiales de David Cameron tandis que Barack Obama entend obtenir du congrès américain une légitimité pour intervenir militairement en Syrie. Voici donc François Hollande pris en tenaille entre les institutions, qui ne l'obligent à rien, et la pression de plus en plus forte des parlementaires.

1- Pour renforcer la légitimité de sa décision
Pourquoi il va organiser ce vote
En l'état, l'opinion publique française est largement hostile à une intervention militaire de Paris sans mandat des Nations unies. Celui-ci étant quasi-impossible à obtenir en raison du vote russe et chinois, François Hollande peut chercher à convaincre les Français en montrant qu'il a le soutien de la classe politique, aujourd'hui divisée. "Un consensus politique pourrait avoir un effet d'entraînement et convaincre certains segments de l'opinion qui sont hostile", analyse Yves-Marie Cann, de l'institut CSA. C'est exactement ce que cherche à faire Barack Obama aux Etats-Unis. "Le résultat d'une telle consultation ne ferait aucun doute", prédit même le député socialiste Jean-Christophe Cambadelis dans Libération (lien abonné). L'élu parisien fait référence à un vote de confiance qui serait positif grâce à la majorité absolue des Socialistes. En revanche, le résultat est plus difficile à anticiper si le vote porte sur la seule question syrienne ; selon le député UMP Yves Nicolin (qui a consulté ses collègues de l'opposition par SMS), 80% du groupe "ne voterait pas un engagement militaire".

2- Pour mettre l'opposition face à ses responsabilités
Demander leur avis aux parlementaires, c'est également pour François Hollande l'occasion de mettre députés et sénateurs face à leurs responsabilités. S'ils sont unanimes pour dénoncer les massacres commis par Bachar el-Assad, il n'y a en revanche pas de consensus sur le moyen de mettre un terme au conflit. De deux choses l'une : soit le Parlement valide son choix d'attaquer Damas et personne ne pourra plus critiquer cette décision. A l'inverse, un non permettrait à François Hollande de ne pas porter seul la responsabilité d'une inaction en Syrie. Il pourrait aussi expliquer qu'il a tout tenté pour endiguer les massacres de Bachar el-Assad.

3- Pour avoir un discours cohérent avec lui-même
Enfin, en décidant de consulter le Parlement, François Hollande se mettrait également en conformité avec le discours qu'il tenait il y a dix ans. Alors Premier secrétaire du Parti socialiste, il avait pris la parole à l'Assemblée nationale pour réclamer un vote avant que Jacques Chirac ne prenne une décision sur un éventuel engagement militaire en Irak.