ALGÉRIE
La proclamation du 1er Novembre a énoncé les principes de l’Etat algérien et non pas ses fondements (Djerbal)
COMMEMORATION DU 59E ANNIVERSAIRE DU DECLENCHEMENT DE LA REVOLUTION ARMEE
ALGER- La proclamation du 1er Novembre a énoncé les principes de l’Etat algérien et n’avait pas pour "projet" d’en mettre en place les fondements, a affirmé l’historien et directeur de la revue Naqd, Daho Djerbal.
"La proclamation du 1er novembre 1954 n’avait pas pour objectif et projet de mettre en place les fondements de l’Etat indépendant mais n’en a fait que référence. Ce sont les principes qui ont été énoncés et non pas les fondements institutionnels, constitutionnels et politiques de l’Etat algérien", a soutenu l’historien dans un entretien accordé à l’APS, la veille de la commémoration du 59ème anniversaire du déclenchement de la révolution armée.
"La Déclaration du 1er Novembre a mis en place les principes qui devraient conduire à l’élaboration de ces fondements et les conditions pour mener la lutte pour la libération du pays", a-t-il ajouté. Contrairement à de nombreux historiens et chercheurs qui considèrent que la proclamation du 1er novembre a jeté les "fondements" d’un Etat algérien,
Daho Djerbal, est d’avis que le projet d’indépendance du pays devait, par la suite, être fondé sur le plan institutionnel, d’où la formation d’un gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA). "Il s’agissait alors de savoir si ce serait une monarchie, une république ou une fédération maghrébine et le GPRA constituait déjà un élément institutionnel et c’est la plate-forme de Tripoli qui allait mettre en place le fondement", a-t-il rappelé.
Il a souligné, à ce propos, que pour les dirigeants de l’époque il était question de préciser "quelles sont les options fondamentales de l’Etat indépendant algérien et sur quelles bases politiques, économiques et sociales devait-il être fondé".
"C’est l’Assemblée constituante de septembre 1962 qui représente les fondements juridiques, institutionnels et constitutionnels", a-t-il relevé, affirmant que "tout cela (Fondements de l’Etat algérien) ne pouvait donc pas être contenu dans la seule Déclaration de novembre 1954".
Evoquant la question de la participation du mouvement national algérien aux élections pour les Assemblées française et algérienne durant la colonisation, Daho Djerbal a noté que "la création de l’Organisation spéciale +OS+ puis du Front de libération national +FLN+ n’a été que l’aboutissement d’un processus qui va se concrétiser en 1947 avec la création par le Parti du peuple algérien +PPA+ du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques +MTLD+ en vue de participer aux élections".
Car, a-t-il expliqué, il s’agissait de mettre à "profit" ces élections pour faire la "propagande de l’idée d’indépendance" qui n’était pas partagée par d’autres organisations dont l’Union démocratique du Manifeste algérien (UDMA), qui ne luttaient pas pour une indépendance "totale" de l’Algérie.
"Le Manifeste du Peule algérien de 1943 parlait de +la participation algérienne au gouvernement de leur pays+ et non pas d’indépendance et cela personne ne le relève", a-t-il opiné, estimant "nécessaire" de clarifier cette question.
L’historien a souligné, à ce propos, que les militants du PPA qui ont rejoint les "Amis du manifeste des Libertés" et qui ont pris part aux manifestations du 8 mai 1945 ne l’ont, en revanche, pas fait pour "exiger une indépendance partielle, une autonomie ou un gouvernement provisoire mais une séparation de l’Algérie de la France avec un gouvernement et une souveraineté algériens".
D’où leur participation au processus électoral, a-t-il dit, pour "légitimer" une large représentation et leur revendications d’indépendance qui devaient être "l’expression" même de la "volonté" du peuple algérien.
(APS)
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