La chronique de Hafid DerradjiNous sommes d'accord avec vous, Monsieur le Premier ministre
Lors de sa visite de travail dans la wilaya de Sétif la semaine dernière, le Premier ministre Abdelmalek Sellal a déclaré que l’Algérie avait éminemment besoin de changements. Des changements qui doivent s’opérer dans le calme et non dans l’anarchie et la violence, selon lui.
Il a également évoqué la nécessité d’entamer des révolutions, économique, technologique et culturelle, sans pour autant reproduire l’expérience du Printemps arabe. L'Algérie a déjà connu sa révolution au début des années quatre-vingt-dix et payé un lourd tribut en instabilité, en traumatismes et pertes en vies humaines et matérielles, a-t-il rappelé.
Des propos justes et éloquents que nul ne peut contredire, sauf les opportunistes et les sceptiques partisans des troubles et animés de mauvaises intentions car incapables d’offrir une alternative pour le pays.
Le Premier ministre reconnaît par cette déclaration, que des changements doivent impérativement survenir dans le choix des responsables, tout comme dans les mentalités, les pratiques et les politiques adoptées dans de nombreux domaines.
C’est aussi un aveu pour dire que nous avons besoin d’entreprendre des révolutions comme celles décidées et mises en place par le président Boumediene dans les années soixante-dix dans les domaines de l'agriculture, de l'industrie et de la culture.
Cependant, Monsieur le ministre, nos révolutions se doivent d’être tangibles et profondes et non superficielles et conjoncturelles, car les lacunes sont multiples et n’ont que trop porté préjudice à l’Algérie et à son peuple.
En effet, une révolution économique est fondamentale parce que notre économie est malade, nos ressources s'épuisent, la valeur du dinar ne cesse de baisser et la facture des importations augmente année après année. Alors que l’argent public est détourné au vu et au su de tous.
Cette révolution est nécessaire, pour lutter contre la mauvaise gouvernance, la dilapidation, le gaspillage, le pillage et le vol. Nous voulons d’une révolution économique qui ne reproduit pas l'échec. Une révolution qui sacralise l’effort, le travail et les compétences. Nous voulons bannir le favoritisme dans les nominations des fonctionnaires à tous les niveaux.
Notre révolution doit mettre fin à l'économie de la rente qui dépend des revenus des hydrocarbures et ignore les nombreux potentiels dans l’agriculture, le tourisme et les autres ressources naturelles, pouvant créer de la richesse et de l’emploi.
Monsieur le Premier ministre, nous avons effectivement besoin d’une révolution technologique qui donne aux jeunes issus des universités et des instituts la place qui leur revient, qui leur permet d’entrer dans le monde du travail, d’assumer des responsabilités et d’investir leur savoir et leurs compétences pour l’édification de l’Algérie.
Nous voulons une administration moderne et développée s'appuyant sur les nouvelles technologies, les sciences et les techniques de tous genres. Sans quoi, nous continuerons à perdre notre temps, nos efforts et nos ressources dans des futilités alors que les autres peuples et nations avancent.
Quant à la révolution culturelle dont il a reconnu la nécessité, elle est le fondement de toutes les révolutions et la plus importante, car notre crise est d’ordre moral et éducatif.
Nous voulons une révolution intellectuelle, scientifique, artistique et morale où la diversité et les différences culturelles sont source de richesse, non de conflit. Une révolution qui permette à tout un chacun d’exprimer sa différence dans le respect de l’autre.
La révolution culturelle à laquelle nous aspirons, commence par la formation de l'individu et la construction de la famille tout en restant à l’écoute de la rue, de la mosquée, de l'école, des mouvements associatifs et des différentes institutions de l’État.
Cette révolution ne se fera pas sans le renforcement des lois et le respect que nous devons les uns aux autres, afin d’apprendre à nos enfants le véritable sens de l’amour de la patrie et du nationalisme.
Nos enfants doivent savoir que le patriotisme rime avec des actes concrets, des responsabilités et des devoirs. Le nationalisme n’est pas un fonds de commerce qu’on utilise pour des compromis ou pour désavouer ceux qui ne partagent pas notre avis.
Le Premier ministre reconnaît que nous avons besoin de ces révolutions et personne ne le contredira à ce propos. Mais il sait pertinemment que de telles révolutions ne se feront pas sans volonté politique réelle et efficace. Elles doivent impliquer tous les pans de la société et des institutions de l’État. Elles n’auront jamais lieu sans une grande conscience populaire et officielle, un souffle nouveau et des idées neuves dans les institutions de l’État.
Aujourd’hui, nous sommes "fatigués" de l’échec et de la régression. Nous sommes conscients que nous ne pourrons jamais construire du nouveau avec du vieux, et nous ne voulons pas rester les otages de mentalités qui pratiquent l’exclusion et la vengeance et qui répandent la culture de la haine et de la rancune.
Monsieur le Premier Ministre, dans les sociétés modernes, tout est interconnecté. De ce fait, la révolution dont vous parlez, doit se fixer des objectifs et des priorités et offrir les possibilités de sa réalisation dans l'Algérie d'aujourd'hui qui possède toutes les ressources humaines et matérielles pour se concrétiser. Elle attend juste une volonté politique, les conditions appropriées et plus de liberté et de démocratie !
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