samedi 14 février 2015

13 février 1995 – 13 février 2015 : il y a vingt ans la Hafila s’était arrêté

Plus de vingt  ans auparavant, à des moments très difficiles de la République algérienne, des hommes et des femmes du monde des arts et des lettres menaient un réel combat contre l’intégrisme religieux, l’obscurantisme et la violence qui menaçaient de détruire tout les fondamentaux de la société algérienne pour que l’Algérie, son peuple et sa culture perdurent et ce juste en continuant à vivre, à produire et à créer même quand personne n’avait le courage d’en profiter ou de s’y intéresser.

Parmi ses héros de la culture algérienne, une figure familière à tous les algériens, un comédien qui sans le vouloir exprimait déjà sur les planches du quatrième art un désarroi profond qu’on ne pouvait percevoir à l’époque et qui paraît si claire et presque palpable aujourd’hui qu’il n’est plus et que nous pouvons aujourd’hui facilement comprendre et remettre dans son contexte maintenant que la  mort ne guette plus les citoyens chez eux, dans les bus, les marchés les salles de spectacles  et même les commissariats de  police.
Cet enfant terrible des planches qui a réussi à marqué même une génération qui ne l’a jamais connu, son nom il l’avait gratté sur les planches des théâtres algériens, qui l’ont un peu oublié et mis de côté son œuvre, et gravé en lettres d’or dans le cœur et l’esprit de trois générations d’algériens, Azzeddine Medjoubi avait été sauvagement assassiné par des terroristes, la main de l’obscurantisme et de l’ignorance , sur les marche du Théâtre national algérien Mahieddine Bachtarzi, il y a vingt ans le 13 février 1995 dont il assurait la direction et la survie.
Il y a vingt ans, la machine visant à dénuer le pays de toute identité et de toute culture, éliminant physiquement et violement tous ceux qui pouvait porter cela en eux et qui avait la capacité de sauvegarder cette culture et cette identité et de la diffuser, s’était abattu sauvagement sur celui qui respirait le théâtre et le diffusait  depuis son plus jeune âge.
En moins d’une année les deux monstres sacrés du théâtre algérien contemporain, Azzeddine Medjoubi et Abdelkader Alloula (assassiné en mars 1994), avaient été assassiné laissant derrière eux des familles inconsolables, un vide impossible à combler, un sentiment de terreur pour ceux qui serait tenté de commettre encore ce délit de créer, et surtout un génie incompris et inexploité.
Né le 30 octobre 1945 à Azzaba, pas loin de Skikda, Azzeddine Medjoubi avait intégré le Conservatoire d’Alger en 1963 encouragé par le comédien et metteur en scène Ali Abdoun, qui a toujours œuvré dans le domaine du théâtre populaire et du théâtre amateur jusqu’à aujourd’hui, avant de faire ses premiers pas à la radio et à la télévision.
A la demande de Mustapha Kateb il rejoint le Théâtre national algérien dès 1965 et crée et chapeaute pendant trois ans une troupe relevant de l’Union national de la jeunesse algérienne avant de retourner à la Rta qui le charge de l’adaptation de textes mais il garde un pied sur les planches en prenant sous son aile deux troupes de théâtre amateur de Saïda.
A la télévision Azzeddine Medjoubi avait joué dans   «  Journal d’un jeune travailleur », « Crime et châtiments », « La Grande Tentative », « La Clef » et « El-Tarfa » il fera également des apparitions remarqué dans le cinéma notamment avec leréalisateur Mohamed Chouikh.
Il crée avec Ziani Cherif Ayad, Sonia et Mhammed Benguettaff, la troupe indépendante «El-Qalâa» (La Citadelle) où il a été distribué dans notamment «El-Ayta»(1988), «Hafila Tassir» (nouvelle version, 1990) et «Hassaristan » (1991).
Il quitte en 1993 la troupe El-Qalâa et met en scène pour le compte du Théâtre régional de Batna Âalem El-Bâaouche qui obtient un prix au Festival international de Carthage et en 1994 pour le compte du théâtre régional de Béjaïa, il monte la pièce El-Houinta (La Boutique).
En décembre 1994 il est nommé directeur du Théâtre national algérien avant de ne laissé que son souvenir et celui de son inégalable interprétation et adaptation dans «Hafila Tassir» ou dans «Galou laareb» gravé dans les mémoires des algériens.
Aujourd’hui le théâtre régional de Annaba porte le nom de Azzeddine Medjoubi, quelques comédiens du théâtre de Batna porte en eux un peu de son génie, le télévision nationale diffuse à l’occasion l’enregistrement de Hafila Tassir mais l’essence de Medjoubi, son jeu de comédien, da voix qui faisait trembler le théâtre et son expression plus évocatrices que le texte, ne brille que très rarement sur les planches du théâtre.
Mohamed Rafik

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