Nicolas Sarkozy s'est trouvé à deux doigts, pendant sa campagne présidentielle de 2012, de dénoncer les accords d'Evian, sur les conseils de Patrick Buisson, selon un livre des journalistes du Monde Ariane Chemin et Vanessa Schneiderdont le quotidien a publié ce mardi les bonnes feuilles. Un an après l'affaire des enregistrements Buisson qui ont signé la rupture de Nicolas Sarkozy avec son ancien conseiller de l'ombre, Le Mauvais Génie (Fayard, 304 p.) reviennent sur la manière dont ce proche de l'extrême droite a influencé l'ensemble du quinquennat Sarkozy.
Sur les accords d'Evian, signés en 1962 pour mettre fin à la guerre d'Algérie, Patrick Buisson a donc suggéré de revenir sur la disposition qui prévoit que «les ressortissants algériens résidant en France, et notamment les travailleurs, auront les mêmes droits que les nationaux français, à l’exception des droits politiques», expliquent les journalistes du Monde. Escomptant gagner avec cette proposition les ultimes voix qui manquaient à Nicolas Sarkozy pour l'emporter face à François Hollande, Patrick Buisson aurait ainsi poussé à supprimer le «certificat de résidence», un titre de séjour spécifique que peuvent obtenir les Algériens. Le candidat aurait d'abord accepté, prévoyant d'en parler sur France 2 le 26 avril 2012, avant de se rétracter : «Je ne l’ai pas senti». Ce «nabot» n’a «aucun courage», a alors pesté Patrick Buisson. Ce dernier affublait par ailleurs Nicolas Sarkozy de surnoms comme «talonnettes », le «zinzin» ou «tête creuse».

AUSSI CONSEILLER AUPRÈS DE MÉLENCHON

Ariane Chemin et Vanessa Schneider reviennent également sur le contexte de l'arrivée de Patrick Buisson à la tête de la chaîne Histoire, au sein du groupe TF1 : c'est Nicolas Sarkozy qui aurait proposé cette nomination à Martin Bouygues, lequel aurait accepté bien volontiers, cette arrivée dans le groupe permettant d'avoir un lien direct avec l'Elysée. Par la suite, Patrick Buisson a obtenu pour sa chaîne plusieurs subventions des ministres de la Culture qui se sont succédé, dont 270 000 euros lorsqu'il s'agissait de Christine Albanel.
Les journalistes reviennent également sur la relation amicale qui lie Patrick Buisson et Jean-Luc Mélenchon, ce dernier supportant mal qu'il y soit fait référence. «Mélenchon a pris l’habitude de consulter son nouvel ami avant chaque décision stratégique. Buisson met avec plaisir sa science des sondages à son service. Il est de ceux qui l’encouragent à quitter le Parti socialiste en 2008», écrivent Ariane Chemin et Vanessa Schneider. Egalement soutenu par Buisson dans son souhait de se présenter à la présidentielle de 2012, Mélenchon réservera ses flèches les plus meurtrières à François Hollande et Marine Le Pen, tandis que Nicolas Sarkozy vantera son tempérament.
LIBERATION AVEC AFP