dimanche 19 avril 2015

Massacre de Sétif : première visite d'un ministre français en Algérie en mémoire des victimes

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MASSACRE SETIF
INTERNATIONAL - Le secrétaire d'Etat français chargé des Anciens combattants,Jean-Marc Todeschini, a qualifié de "geste fort" sa visite dimanche 19 avril en Algérie pour marquer le 70e anniversaire du massacre d'Algériens à Sétif sous la colonisation française, dans un entretien accordé à l'agence APS.
"Ce dimanche, pour la première fois, à la parole viendra s'ajouter le geste, traduction concrète de l'hommage de la France aux victimes et de la reconnaissance des souffrances infligées" aux Algériens, a déclaré Todeschini jugeant que son voyage est un "geste fort", selon des propos rapportés samedi par APS. En février 2005, l'ambassadeur de France en Algérie, Hubert Colin de Verdière, avait reconnu une responsabilité de la France dans le massacre de Sétif en évoquant une "tragédie inexcusable".
Mais aucun membre du gouvernement français ne s'y était jusqu'ici rendu pour commémorer cette page sombre de l'histoire franco-algérienne, selon l'entourage de Todeschini. Malgré les déclarations de dirigeants français, notamment du président François Hollande qui a reconnu en décembre 2012 les "souffrances que la colonisation a infligées" aux Algériens et dénoncé un "système (colonial) profondément injuste et brutal", le travail de mémoire reste compliqué entre les deux pays.
L'Algérie souhaiterait que la France aille au-delà de cette politique des "petits pas" et s'excuse pour son passé colonial. Paris se refuse pour l'heure à faire acte de "repentance" tout en reconnnaissant que la relation franco-algérienne doit reposer sur un "socle de vérité".
"voyage mémoriel"
"Ma visite s'inscrit ainsi dans une démarche d'amitié, de respect et dans le souci de continuer à appréhender notre mémoire commune de manière apaisée et lucide, en vue de mieux nous tourner ensemble vers l'avenir", a indiqué à l'APS le secrétaire d'Etat.
Lors de ce "voyage mémoriel", Todeschini va déposer une gerbe de fleurs devant la stèle commémorative de la première victime algérienne de la répression des manifestations du 8 mai 1945. Le ministre se rend sur place en avril plutôt qu'en mai pour des raisons d'agenda, la France célébrant de son côté le 8 mai le 70e anniversaire de la fin de la guerre 1939-1945, selon l'entourage du secrétaire d'Etat.
Ce jour-là, alors que la France célébrait la victoire des Alliés sur l'Allemagne nazie, les festivités tournèrent au drame à Sétif, Guelma et Kheratta, dans l'est de l'Algérie, où des nationalistes défilèrent, drapeaux algériens à la main.
La répression des manifestations, considérées comme les prémices de la guerre d'indépendance, fit plusieurs milliers de morts parmi les Algériens – jusqu'à 45.000 selon la mémoire collective algérienne – victimes de la police, de l'armée ou de milices de colons. Une centaine d'Européens, pris à partie par des nationalistes algériens, furent également tués.
"Notre histoire est multiple et complexe. Elle ne se limite pas à nos affrontements", a noté le secrétaire d'Etat français qui doit par ailleurs remettre lundi les insignes de la Légion d'honneur à six vétérans algériens de la seconde guerre mondiale qui ont combattu pour la France.

http://www.huffingtonpost.fr/2015/04/19/massacre-setif-visite-ministre-francais-algerie_n_7094482.html?ncid=fcbklnkfrhpmg00000001

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