lundi 30 novembre 2015

Algérie : un général en prison, des députés qui se battent à l'Assemblée



L'Algérie vit sous tension depuis quelques semaines. Une atmosphère que la presse locale privée relate en soulignant l'indignation après la condamnation, jeudi, à 5 ans de prison ferme de l'ancien chef de la lutte antiterroriste, le général Hassan. 
Outre les journaux locaux indépendants, plusieurs responsables politiquesd'opposition dénoncent un «réglement de compte» au sommet de l'Etat à un moment où la lutte contre le terrorisme est devenue une priorité planétaire.



Même l'ancien ministre de la Défense Khaled Nezzar, qui fut l'homme fort du pays de 1992 à 1994 au début de l'insurrection islamiste qui voulait abattre le régime, y est allé de son commentaire. «C'est une condamnation criminelle et infamante qui jette l'opprobre sur le général Hassan et sa famille», a t-il dit.

Agé de 68 ans, le général Hassan, de son vrai nom Abdelkader Ait-Ouarabi, est l'ex-patron du Service de coordination opérationnelle et de renseignement antiterroriste (Scorat), spécialisé dans l'infiltration des groupes terroristes. Il a été jugé par le tribunal militaire d’Oran dans un strict huis clos qui rend impossible la connaissance du fond de l'affaire. Sa condamnation, une première pour un haut responsable des services secrets, est aussi le signe d'«une épuration politique pour crime de non-allégeance» au président Abdelaziz Bouteflika et à ses proches, a estimé le chef du Parti Avant-gardes des Libertés, Ali Benflis, ex-Premier ministre et ex-ministre de la Justice. 

Selon cet adversaire du clan Bouteflika, dont il fut d'abord un proche, «l'opacité totale qui entoure cette affaire et l'absence de toute communication officielle à son sujet» suggèrent «des arrières pensées et des manipulations de la part du régime». Le général Hassan avait été admis à la retraite en 2013, et immédiatement placé sous contrôle judiciaire, avant son arrestation en août dernier. 

La tension politique s'est transformée en bagarre à l'Assemblée

Son départ avait donné le signal d'une reprise en main du tout-puissant Département du Renseignement et de la Sécurité (DRS) qui a culminé en septembre avec le départ de son chef, le général Mohamed Mediene dit Toufik, mais appelé par les Algériens, qui le craignent sans l'avoir jamais vu, «rab dzaïr (dieu de l'Algérie)». Il a surtout payé son opposition à un quatrième mandat de Bouteflika, très affaibli par la maladie. 

En juillet, c'est le chef de la garde présidentielle qui est limogé ainsi que plusieurs de ses subordonnés, en raison de surprenants coups de feu au sein de la résidence d'Etat de Zéralda, à l'est de la capitale, où Bouteflika quasi invisible en public reçoit quelques personnalités étrangères depuis son retour de l'hôpital en 2013.

Début novembre, même des proches de Bouteflika ont émis, pour la première fois, des doutes sur ses capacités à diriger l'Algérie, confrontée, selon eux, à un «climat général dégradé». Dans une lettre rendue publique, ils ont demandé à le rencontrer pour s'en assurer malgré les assurances du gouvernement affirmant que Bouteflika même malade travaille et donne ses directives. En vain. 

Ce lundi matin, alors que l'Assemblée nationale devait examiner le projet de loi de finances 2016, des députés de l'opposition ont montré leurs forces afin d'empêcher le début des travaux. Des bagarres ont eu lieu entre opposants et élus de la majorité présidentielle dominée par le vieux parti FLN. Des images violentes captées par la chaîne privée Ennahar font le tour du net depuis la mi-journée. On y voit le président de l'Assemblée entouré par des gardes de la sécurité, des députés levant des pancartes pour dire non à cette loi, mais surtout des scènes de bousculades et de coups... mêlant des femmes et des hommes dans une assemblée algérienne gagnée par l'effervescence que connait bien la rue depuis la réélection de Bouteflika sur un fauteuil en 2014. 

source : Le Parisien 

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