dimanche 20 avril 2014

La police réprime la marche du Printemps berbère à Tizi Ouzou


La marche à laquelle ont appelé d’anciens animateurs du Mouvement culturel berbère, le Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie (Mak) et le RCD, interdite par les autorités, a tourné à l’émeute, après avoir été empêchée, puis réprimée violemment par les forces anti-émeutes, déployées dans la matinée autour du lieu de départ initial devant le portail de l’université Mouloud Mammeri.


Les affrontements entre des centaines de manifestants et autant d’éléments du Corps national de sécurité (CNS) ont eu lieu durant toute la matinée à coups de pierres et d’objets divers. Plusieurs membres parmi les organisateurs criaient vers les manifestants à rester pacifiques et à ne pas riposter aux provocations, mais en vain.

D’autres manifestants, anciens du mouvement citoyen des arch, du MCB, ainsi que des représentants de la maison de la culture de Tizi Ouzou, se sont déplacés de leur côté vers le carrefour-est du centre ville de Tizi Ouzou pour le dépôt d’une gerbe de fleurs à la mémoire des victimes du printemps noir de 2001.

La marche est prévue à 11 h  devant le portail de l’université pour célébrer le 34e anniversaire du printemps berbère d’avril 1980. Cependant, des centaines d’éléments des forces anti-émeutes, ainsi qu’une multitude policiers en civil, ont barricadé les lieux sur les deux côtés au fur et à mesure de l’arrivée de manifestants qui entraient dans la masse de militants déployant des emblèmes amazighs.

Avant le moment du démarrage de la marche, et alors que le président du MAK, criait que, «aujourd’hui, nous effectuons notre marche, quels que soient les obstacles», subitement une pluie de pierres et de bouteilles d’eau en plastiques, ainsi que des bouteilles vides de bière atterrissaient sur les têtes des marcheurs.

La riposte est immédiate de la part des manifestants, puis la charge de dizaines d’éléments anti-émeutes à l’aide de pierres, boucliers de protection en main et des gourdins. Pris en tenaille par une haie d’autres éléments des forces anti-émeutes, alignés au devant de l’autopont de la place du 20 Avril, de nombreux manifestants ont été arrêtés, tandis que d’autres ont été blessés. Un jeune manifestant ensanglanté après avoir reçu sur la tête un tesson de bouteille, a été évacué, a t-on constaté.

Quelque temps après, et pendant que les choses s’envenimait davantage, les services de sécurité ont usé de bombes lacrymogène pour tenter de disperser les manifestants qui voulaient forcer. Devant l’irritation, des pierres jaillissent également depuis l’enceinte de l’université où se sont abrités des étudiants militants  et membres du conseil universitaire du MAK, qui ont distribué d’ailleurs une déclaration au cours du regroupement matinal. Ripostant par des jets de pierres, les manifestants ont barricadé  les rues jouxtant le lieu de la manifestation pour empêcher l’avancée des policiers. Les mots d’ordre de cette marche s’articulaient notamment autour de l’officialisation de la langue amazighe et divers slogans hostiles au pouvoir.

«C’est une marche pacifique que nous voulions organiser, comme à chaque 20 avril depuis 1980. Nous ne comprenons pas le déploiement d’un aussi gigantesque dispositif sécuritaire et pourquoi toutes ces provocations ?», nous dira un des marcheurs, sexagénaire. Un calme semble s’installer progressivement dans l’après midi. Par ailleurs, dans une déclaration reçue à  la rédaction de notre bureau, les signataires de l’appel du MCB  pour la commémoration du 34e  anniversaire du printemps berbère   « dénoncent avec la plus grande fermeté l’empêchement à Tizi Ouzou de la manifestation qui devait se tenir dans un cadre rassembleur, unitaire et pacifique ». La répression de cette marche, ajoutent-ils,  constitue  un acte grave et porte atteinte au 20 avril, date historique et symbole du combat amazigh et des libertés démocratiques.

« Des provocations manifestes des forces de répressions ont transformé une manifestation qui se voulait pacifique en émeutes avec de nombreux blessés, des interpellations et violation des la franchise universitaires. Le pouvoir porte seul l’entière responsabilité de cette agression et des conséquences qui en découlent », soulignent les organisateurs de la marche.

Pour eux,  « le message du pouvoir qui vient de s’arroger une rallonge de cinq ans ne souffre aucune nuance quant a sa politiquer de déni  de toutes les libertés et notamment celle relative à la revendication amazighe ». Les rédacteurs de la déclaration  appellent enfin  «  l’ensemble des militants de la cause amazigh toutes tendances confondues à une large concertation pour dégager les voies et moyens à même d’imposer notre combat ».
 
Ahcène Tahraoui
source : El Watan

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