Drôle d’époque que la nôtre. Hier, nous étions sous la menace des extrémistes religieux. Aujourd’hui, c’est l’ère d’une autre race d’extrémistes : ceux des réseaux sociaux. On va pousser des cris de péripatéticienne outragée en me lançant : « Mais ça ne va pas quoi ! Tu compares la peste à un léger rhume ? Tu divagues ! » Je divague ? À la bonne heure.  C’est que vous n’avez pas été victimes de la chasse aux sorcières. Tu soutiens un candidat précis et voilà une chiée d’internautes à tes trousses dans un jargon à faire rougir une matrone de maison close. Ils ne proposent rien ces extrémistes au français à pousser à voter pour Moussa Touati, non, ils ne proposent rien, ils insultent, ils houspillent, ils injurient, ils défalquent, c’est exactement le mot que je cherchais, et il leur va très bien. Oui, ils défalquent avec un hennissement de plaisir sur les réseaux sociaux.
Encore au stade anal qui est, selon Freud, celui de l’opposition, ils sont d’une rare violence contre tous ceux qui soutiennent le Président-candidat. Entre mille exemples, je ne prendrai qu’un seul : celui de la soixantaine d’artistes ayant participé au clip en faveur de Bouteflika.  Suivons leurs traces sur les réseaux sociaux et notamment Facebook. Une meute d’enragés, anonymes pour la plupart, traquent ces personnalités comme s’ils étaient des pédophiles ou des assassins. Certains les traitent de harkis ! Oui, vous avez bien lu : harkis. Comme si Bouteflika était l’ennemi de l’Algérie et les artistes des traitres à la partie ! On aurait  traité ces dépassements d’un monde virtuel et anonyme avec le mépris qui convient en pareilles circonstances si certaines de ces victimes ne se sont pas trouvées profondément affectées par les dommages collatéraux dans leur vie de tous les jours.
En effet, à être insultés chaque jour sur Facebook, on nous rend forcément visibles, forcément coupables, forcément condamnables. Le pas est alors vite franchi pour ceux qui tiennent Facebook pour le monde réel et le monde réel pour un cauchemar. Ce décalage avec la réalité induit naturellement des comportements contraires à la raison. D’où l’hostilité que rencontrent dans certains milieux les Madjer, Belloumi, Cheb Yazid, Djamel Allam et tant d’autres qui n’ont commis comme crime que celui de soutenir pacifiquement leur candidat.  La chanteuse Kenza Farrah a tellement été attaquée sur Internet qu’elle recule et hurle à qui veut l’entendre qu’elle a été dupée. Oh, comme je comprends cette gosse des quartiers Nord de Marseille. Elle ne veut pas qu’on écorne son image pour une cause qui n’est pas la sienne. En France, elle est tellement loin de la houle d’Alger et des nouveaux inquisiteurs prêts à déféquer, c’est leur seule forme d’expression, sur toute voix contraire à la leur.
L’ère de la pensée unique est revenue ! Les enfants, vous êtes bien, malgré vous, les fils adultérins du FLN ! Je répète tellement je trouve cette trouvaille juste : Vous êtes les enfants adultérins du FLN. Vous ne le saviez pas ? Vous voilà un peu plus informés et, je l’espère, un peu plus conscients du soubassement psychanalytique de vos méfaits.
Ali Benflis entre promesses et menaces
Il en est à son troisième Premier ministre depuis le lancement de la campagne. Après Salat et Benouari, son cœur penche pour Benbitour.  D’ici la fin de la campagne, il consommera son quatrième Premier ministre.  Benflis est ainsi fait qu’il met toujours la charrue avant les bœufs courtisant le destin qui pourrait aller dans son sens. Il est semblable au héros de « Peau de chagrin » de Balzac qui voit ses vœux exaucés après un simple vœu. Il n’a pas tort. L’Algérie d’aujourd’hui aime les promesses.  Et Si Ali en est prodigue. Par éducation et par marketing politique. Là où il va, il donne du sur mesure au peuple. Vous avez besoin d’eau ? Vous en aurez à gogo. Je construirai des barrages. Votez pour moi. Vous êtes célibataire ? Je vous marierai. Votez pour moi. Il n’a pas parlé de promesses de marier les gens. Mais il en est capable. Benflis sans promesses, ce n’est plus Benflis. C’est un arbre sans branches, ni fruits. Sachant que les promesses n’engagent que ceux qui y croient, il essaime à tous vents comme il l’a fait à In Salah en promettant d’en faire une wilaya alors que c’est sa première visite dans cette ville perdue du grand Sud. La visiter, à près de 70 ans, avec la carrière politique qu’il a, montre l’estime en laquelle il tient cette région. Combien de fois est-il allé à Paris ou Marseille ?  Il est du Nord Ali Benflis, et lui aussi a perdu le Nord. Je veux dire le Sud.
Les habitants de cette région respectent les Anciens. Ils les appellent « les sages ». Et ils ne répondent jamais aux Anciens, même quand ils les poussent à l’émeute comme le fait ce sage d’entre les sages qu’est Ali Benflis qui leur demande de taper du poing sur la table pour se faire entendre. Taper du poing sur la table, vous vous rendez compte ! Je vais lui citer un proverbe de cette région qu’il ne connait pas et que j’ai visitée à plusieurs reprises sans avoir été chef du gouvernement : « Qui tape sur la table, tapera sur son père ! »  Est-ce que le chef du gouvernement veut pousser le peuple dans la rue pour se faire entendre ? Est-ce qu’il préconise la culture de la violence ? Je préfère ne pas le croire. Mais quand je vois qu’il n’a condamné de Bejaia que les agressions sur les journalistes et point l’incendie partiel de la Maison de la culture et point l’empêchement du meeting de Sellal et point donc l’expression démocratique, quand je l’entends déclarer qu’il a des armées de citoyens qui empêcheraient la fraude,  je me dis que Benflis flirte dangereusement avec le feu. Fidèle à son tempérament, il est même capable de faire des promesses au feu. Genre : « Avec moi, tu brûleras toute l’Algérie » Là, ce n’est pas une promesse en l’air. C’est un programme politique.
Gedoui et les fans d’Alzheimer
J’en ai par-dessus la citrouille de voir écorché mon nom. Certains m’insultent sous le nom de Ghedoui, d’autres Ghuedoui, d’autres encore Guedoui, quand ce n’est pas Gadoui. Qu’on m’insulte, si ça peut soulager certains, je veux bien. Mais qu’on écorche mon nom, ça c’est insupportable !  Ça veut dire quoi ? Soit que j’ai à faire à des analphabètes même pas capables d’orthographier mon nom correctement, soit c’est pire, ceux qui m’insultent sont touchés par la maladie d’Alzheimer, Al pour les intimes, car le problème est là. Ceux qui m’aiment bien écrivent correctement mon nom, ce sont les autres, les insulteurs, qui  sont incapables de le retenir. Je n’en tire aucune conclusion, même si elle est évidente. À ces gens-là, je dis : Hé les gars, au lieu de m’insulter et d’injurier Bouteflika, pourquoi n’allez-vous pas vous soigner ? Ça vous ferait un bien fou de retrouver votre mémoire et peut-être aussi votre esprit. Votre mal est sans remède comme la bêtise ? Comme je vous comprends. Puisque votre  mémoire est comme votre haine incurable, alors je vous dis : Continuez à écorcher mon nom et à m’insulter. Ce n’est pas grave, puisque vous n’avez aucune mémoire. Quel est mon nom déjà ?

Ghani Gedoui.
source : tsa