mardi 30 octobre 2012

Le 17 octobre 2012 et à la veille de sa visite officielle en Algérie annoncée pour le mois de décembre, le président de la république française déclara courageusement : «le 17 octobre 1961, des Algériens qui manifestaient pour le droit à l'indépendance ont été tués lors d'une sanglante répression.La République reconnaît avec lucidité ces faits. Cinquante et un ans après cette tragédie, je rends hommage à la mémoire des victimes». Même courte et inachevée cette déclaration fera date dans l'histoire des relations franco-algériennes, car le souvenir mémoriel de tous les jetés à la Seine, trop longtemps occulté, devient dès à présent partagé.

Les massacres du 17 octobre, des bobards, selon Marine Le Pen

L'homme s'est approprié la parole pour dissimuler ses pensées, dit un adage, mais il est aussi vérifiable, que des hommes et des femmes, s'en servent pour divulguer leurs réflexions. Resterait l'art et la manière de le faire.

Il y a les speedés, les agités, les remuants, comme il y a les calmes, les self-contrôle, les posés, les philosophes olympiens et les pondérés. Et si on vient au monde un peu moulé comme cela, le culturel, l'école, la famille et l'environnement peuvent dans des conditions voulues, creuser les sillons de ces états, pour les rendre intrinsèques à celle ou à celui qui les porte, qui en fait alors des vérités absolues.

Dès lors s'en défaire, en se transcendant et admettre que la vérité, en dehors des dogmes sensés être indiscutables, ne peut-être que relative, est un travail à faire sur soi, sa vie durant. Le 17 octobre 2012, c'est-à-dire 51 ans après la féroce répression endurée dans les rues de Paris par des femmes, des enfants et des adultes émigrés, sortis manifester paisiblement, sur ordre du FLN historique, pour revendiquer l'indépendance de l'Algérie, mais aussi, pour dénoncer le couvre-feu que leur imposait le sinistre préfet de police de la capitale française, grand collaborateur nazi, Maurice Papon. Cet individu s'illustra comme haut fonctionnaire de la préfecture de Gironde, lorsqu'il avait supervisé, vingt ans auparavant, personnellement, les préparatifs de la déportation des juifs de son département de compétence vers Drancy et de là, aux différents camps de concentration hitlériens. Il était en ce temps là secrétaire général de la préfecture à Bordeaux, sous le régime capitulard de Vichy. Il ordonna à ses services de recenser tous les juifs dans chaque coin et recoin de sa préfecture, jusque dans les hôpitaux, les sanatoriums et les maisons de retraite, de toute la région de Bordelaise. Il réalisa cette funeste prouesse en exécution zélée, stricte et fidèle des ordres des nazis allemands. Des documents authentifiés attestent que 1560 femmes et enfants juifs, seront entassés dans des wagons à bestiaux, et acheminés ensuite à Auschwitz pour la solution finale. Donc ce 17 octobre 2012 et à la veille de sa visite officielle en Algérie annoncée pour le mois de décembre, le président de la république française déclara courageusement : «le 17 octobre 1961, des Algériens qui manifestaient pour le droit à l'indépendance ont été tués lors d'une sanglante répression.La République reconnaît avec lucidité ces faits. Cinquante et un ans après cette tragédie, je rends hommage à la mémoire des victimes». Même courte et inachevée cette déclaration fera date dans l'histoire des relations franco-algériennes, car le souvenir mémoriel de tous les jetés à la Seine, trop longtemps occulté, devient dès à présent partagé. Cependant, toute la droite française dans tout son spectre, engourdie et ankylosée, depuis les déculottées électorales infligées par le camp de la gauche à l'élection présidentielle de mai 2012 et aux élections législatives de juin 2012. Qui cherche, vainement comme celui qui se noie à s'accrocher à la moindre brindille elle même emportée par déferlante, se réveille et bave comme une bête enragée. Et la première à dégainer pour mitrailler le président français, fut la fille de son père, Marine Le Pen.

Après avoir succédé à son papa à la tête du parti d'extrême droite, le front national, comme quoi dans ces milieux les enfants et les copains d'abord et les autres au vent mauvais, n'est pas une vue de l'esprit notamment dans la maison Le Pen. Le 18 octobre 2012, elle déclara tout de go, que François Hollande :«a mal choisi son événement puisque des rapports très sérieux ont été rendus qui démontrent que ce soi-disant massacre de 300 personnes jetées à la Seine et de 2.300 blessés est juste un bobard».      Elle aurait réagi autrement qu'elle aurait fait l'évènement, néanmoins, les choses demeurent en l'état et Marine Le Pen, continue comme on le lui a inculqué à réagir à l'épidermique, dès qu'elle entend, Algérie, algériens ou arabes. Mauvais réflexe au temps du développement des techniques modernes de communication. Mais d'un autre coté, que peuvent raccommoder et remmailler de pareils outils pour communiquer, face au conditionnement quasi pavlovien dans les milieux de l'extrême droite. Donc, la première dame de cette tendance se retrouve là dans son élément et accomplit parfaitement sa mission de propagandiste.         Elle choisit à escient d'être extrémiste et excessive, jusqu'à l'abus dévergondé, son option sémantique de communication. Mais dites nous donc madame Le Pen, pourquoi juste un bobard ? C'est-à-dire pas sérieux, une blague, un canular, plaisanterie et même mystification. J'admets qu'en la matière, il est fréquent que les protagonistes divergent pour restituer les évènements historiques, et encore plus quand il s'agit de chiffres. Ceux de la fédération de France du FLN historique, donnent 30 à 40 000 manifestants, dont 327 seront soit assassinés, soit portés disparus. Benjamin Stora, avancera quant à lui 100, à 200 morts, ce nombre est confirmé par Linda Amiri et corroborés par les enquêtes entreprises et les recherches effectuées par l'historien Jean Luc Einaudi, pour les besoins de son ouvrage : « la bataille de Paris», aux éditions du Seuil, en 1991. Cependant il est noter que le macabre bilan produit par les officiels français de l'époque, indiquait en toute irresponsabilité,2 morts parmi les manifestants Algériens et 1 Français métropolitain, 64 blessés et 11500 arrestations, ainsi que de 13 blessés du côté de la police.

La polémique ne s'arrêtera jamais, puisque même, quand Jean pierre Chevènement alors ministre de l'intérieur commanda un rapport sur ces évènement en 1998. Le conseiller d'état rapporteur en charge de l'enquête, Dieudonné Mandelkern, conclura tranchant à sept victimes «officielles» et à vingt-cinq «probables». Et Toute honte bue, il déclara à ce propos, le 5 mai 1998, à une journaliste l'Humanité, ceci :« Le chiffre que nous avançons n'a rien d'officiel. Il affirma par ailleurs et dans le même document que des archives avaient disparu, celles de la Brigade fluviale, notamment détruites il y a quelques années, et qui auraient pourtant été très précieuses pour nos recherches». Aussi s'il est certain que chacun est et demeure libre dans le choix et dans la sélection de ses références, Marine Le Pen y compris. Egalement personne n'a inversement le droit d'éructer et railler, en le qualifiant de bobards, le moindre malheur humain, encore plus quand il s'agit d'acharnement policier gratuit, mais sanglant sur des femmes et des enfants, et d'assassinats de paisibles manifestants en les balançant dans les eaux furieuses de la Seine.

Il est de bonne stratégie, mais incorrect et indécent de se rappeler au monde et d'entreprendre de se vendre, en cassant du sucre sur des cadavres, sur une mémoire et des plaies encore saignantes. En l'occurrence la démarche stratégique s'il en est, pue le charognard. C'est vrai quand un chef de parti postule pour la présidence de son pays se fait irrespectueusement battre, par les voix de citoyens et pareillement quand il n'arrive pas à décrocher un siège de député, dans une circonscription qui lui était semble-t-il acquise, ce qui le cas de madame Le Pen, il y a de quoi se poser des questions, sur le sérieux et sur la maturité de ses déclarations. Dans son imaginaire travaillé depuis sa naissance en 1968, par un milieu vital hostile à tout ce qui vient d'ailleurs, composé par son père, ses maris, ses compagnons, ses amis, et ses fréquentations. Même l'université où elle a étudié le droit, Assas II, qui est présentée comme bastion de l'extrême droite, font qu'elle a érigé et intériorisé comme croyance intangible, pour le restant de ses jours, que la France et les français demeurent menacés et qu'en dehors de l'extrême droite, point de salut. Et que le danger qui guette, inquiète et épouvante la France c'est l'émigration, qu'importe d'où l'on vient. Pour Marine et tous ses condisciples, émigration égale insécurité pour son pays et sa population. Les émigrés, distille et instille-t-elle prennent le travail des français, ils leur piquent leur baguette et leur beefsteak.

Ils usent et abusent des avantages sociaux, on en privant des français. Ils imposent des façons de vivre, qui dérangent l'ordre établi, encore et encore. Alors franchouillarde et effrayée, quand le président français ose reconnaître, avec lucidité au nom de la république française, une vérité historique, cela déstabilise Marine malgré elle, victime de ses propres obsessions. A ce propos il me souvient l'avoir un jour vue à la télé, présentant le diagramme des 9 points à joindre par quatre segments de droite, sans lever le crayon. Mais à l'époque, elle n'avait rien expliqué. Pour l'aider à sa surmonter sa phobie de l'étranger, de l'autre, du métèque, l'exercice en question qui avait été crée par Maier, sert justement à expliquer que l'on peut dans certaines conditions cocasses trouver solution à son problème en dépassant précisément les limites de son propre cadre de références.       C'est-à-dire en mettant de coté, ne serait-ce que le temps de surmonter ses difficultés, l'ensemble de ses idées, de ses opinions, de ses croyances, de ses valeurs, de ses connaissances, de ses certitudes et de ses convictions. Mais chez Marine il est bien clair, que c'est une nature. Alors prêcher à un converti relève de l'absurdité. Madame Le Pen est dans son personnage, sauf qu'elle le subi maladivement, tout en s'illusionnant l'assumer. L'autre ruade est venu de l'ex premier ministre François Fillon, qui lui, cherche à se repositionner et prendre la tête du parti de la droite classique l'UMP. Et comme il est en course pour ce poste avec un autre prétendant de taille, François Copé, qui n'arrête pas de le désarçonner à chaque étape, Fillon tire sur tout ce qui vient de la gauche. Monsieur l'ex premier ministre, avait donc commenté l'initiative de François Hollande, en ces termes: «J'en ai assez que tous les 15 jours la France se découvre une nouvelle responsabilité, mette en avant sa culpabilité permanente, a-t-il dit. On est déjà dans un pays qui est en dépression nerveuse quasi permanente, on n'a pas besoin de ça. Ce n'est pas au président de la République en permanence de faire ce discours de culpabilité qui vient sur un pays dont vous sentez bien qu'il est fragilisé. C'est aux historiens de parler de ces sujets». Indécrottable la droite française, elle est soit tout le temps en phobie de quelque chose, sinon oublieuse de l'essentiel. Je rappelle ici, à monsieur Fillon, que ce sont le gouvernement et les députés de droite qui avaient aux lieux et places des historiens ouvert cette brèche commettant ainsi une hérésie académique et didactique, par leur mélange des genres.

Ils s'étaient érigés en historiens le temps d'une session parlementaire, pour dicter à la France toute entière, un pan de son histoire officielle. C'est une majorité de droite qui avait osé réviser l'histoire par la loi. Mais depuis quand monsieur l'ancien premier ministre l'histoire est-elle devenue du domaine du législatif ? C'est la droite française qui avait trahi Montesquieu, en étant infidèle et déloyale à la théorie de la séparation des pouvoirs. Alors votre insignifiant fait d'arme, consistant à reprocher au président Hollande de laisser les historiens parler de ces sujets, ne vous dédouane, ni ne vous rachète, vous et vous amis député de quoi que cela soit. Effectivement monsieur vous aviez osé,et vous vous êtes hasardé,à faire voter la loi 2005/158 du 23 février 2005 portant reconnaissance de la nation et contribution nationale en faveur des français rapatriés,qui dispose en son article premier notamment : « La nation exprime sa reconnaissance aux femmes et aux hommes qui ont participé à l'œuvre accomplie par la France dans les anciens départements français d'Algérie, au Maroc, en Tunisie et en Indochine ainsi que dans les territoires placés antérieurement sous la souveraineté française». Et qui prescrit et ordonne en son article 4, alinéa 2, que: «les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord et accordent à l'histoire et aux sacrifices des combattants de l'armée française issus de ces territoires la place éminente à laquelle ils ont droit». Monsieur révisez vos classiques et arrêtez de vous servir, comme madame Le Pen des malheurs d'hommes et des femmes encore meurtris dans leur chaire et leur âme, pour vous repositionner politiquement. Et sans tomber dans le travers de m'ériger en moralisateur, car j'ai trop de respect pour les avis des autres, mais quand c'est trop je le dis. Toutefois, je me questionne. Qui raisonner quand le chef de l'extrême droite française joue à l'hystérique, et que le prétendant au leadership de la droite conservatrice se risque à l'amnésie ? Mission impossible pour tout être humain normalement constitué. Et pour revenir à l'adage annoncé en présentation de cette chronique, qui peut être décliné selon son l'inspiration de son auteur, c'est à un autre français, peut être plus futé, Talleyrand, que j'emprunte la formulation. Il disait: «La parole a été donnée à l'homme pour qu'il trahisse sa pensée». Malheureusement d'autres hommes et femmes et pas des moindres, auront à chaque fois perdu une occasion de se taire. Enfin à tous je dis modestement que si la déclaration de monsieur le président de la république française comporte beaucoup de dignité et énormément d'intensité dans sa formulation, nous l'apprécions humblement à sa juste valeur, pour la simple raison qu'elle nous était, en tout état de cause, historiquement et légitimement due. Notre ambition d'algériens est simplement de vivre en harmonie avec tous les faits et tous les instants de notre histoire, et en toute amitié avec tous nos partenaires de par le monde, cependant sans aliéner notre mémoire collective.

par Abdelkader Leklek

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