mardi 23 octobre 2012

Le Sénat demande la reconnaissance du 17 octobre 1961.

Au lendemain de l'intervention de François Hollande sur le sujet, le Sénat a adopté une résolution en ce sens.

Six jours après la déclaration de François Hollande rompant le silence officiel sur la "répression sanglante" de la manifestation des Algériens du 17 octobre 1961, le Sénat a adopté une résolution demandant que "la France reconnaisse ces faits".
A l'occasion du 51ème anniversaire de cette répression qui a fait, selon les sources, de plusieurs dizaines à environ 200 morts, l'Elysée avait publié un communiqué citant François Hollande. "La République reconnaît avec lucidité ces faits", avait écrit le chef de l'Etat, évoquant "une sanglante répression".
"C'est un acte important, tant attendu, auquel il nous revient aujourd'hui de donner toute sa portée par un vote solennel de notre assemblée", a jugé devant la Haute assemblée Pierre Laurent au nom du PCF à l'origine de la proposition de résolution.
Ce "premier pas" doit être "suivi des actes nécessaires à l'établissement définitif de la vérité et à la reconnaissance des crimes coloniaux, dont le 17 octobre 1961 constitue, avec d'autres, un épisode tragique", a-t-il jugé.

Ouvrir les archives ? 

Pierre Laurent a demandé ainsi l'ouverture de toutes les archives concernant les guerres coloniales. "Ne serait-il pas souhaitable à ce sujet que les archives de l'Etat soient soumises à des règles communes en matière d'archives conformes au fonctionnement d'un Etat démocratique?", a-t-il demandé. Selon lui, cela aurait "le mérite de contribuer à faire la lumière sur les agissements de la France et de son armée dans les pays africains notamment".
"Je suis disposé à ce qu'on ouvre les archives", a affirmé pour sa part l'ancien ministre UMP Roger Karoutchi. "Tout le monde est d'accord pour rétablir la vérité absolue". Mais, a-t-il poursuivi, "mettons en cause les responsabilités de ceux qui ont dérapé, mais pas celle de la République".

"Dépression nerveuse quasi permanente"

Robert Hue (RDSE) a jugé important de disposer "d'un lieu du souvenir à la mémoire des victimes, comme le propose la résolution". Esther Benbassa (écologiste) a demandé "plus que l'érection d'un lieu de mémoire", "notre devoir à nous, ici, est d'exiger que le 17 octobre 1961 trouve sa juste place dans l'histoire de notre pays".
Alain Vidalies, ministre des Relations avec le Parlement, a apporté le soutien du gouvernement à la résolution, jugeant qu'"il faut que la vérité soit dite, sans repentance, ni accusation particulière".
La déclaration de François Hollande avait été critiquée à droite, l'ex-Premier ministre François Fillon, par exemple, s'élevant contre "la culpabilité permanente" assénée dans une France "en dépression nerveuse quasi permanente". "Bien sûr qu'on peut reconnaître !", avait-il dit, "mais chacun sait qu'il y a aussi les crimes de l'Algérie au lendemain de l'indépendance, le massacre des harkis, la questions des archives algériennes jamais ouvertes".

"Un partenariat stratégique" avec l'Algérie ? 

Le Sénat doit encore examiner jeudi une proposition de loi faisant du 19 mars, date anniversaire du cessez-le-feu en Algérie, une "journée nationale du souvenir" en mémoire des victimes du conflit. Cette proposition, adoptée par l'Assemblée il y a plus de dix ans, le 22 janvier 2001, suscite depuis de vives polémiques.
Pour de nombreuses associations, d'anciens combattants, mais aussi de rapatriés d'Algérie, le 19 mars marque en effet le début de l'exode de pieds-noirs et de la tragédie des harkis.
Le débat sur la reconnaissance de la répression du 17 octobre 1961 comme l'examen du texte sur le 19 mars surviennent à quelques semaines d'un voyage de François Hollande en décembre en Algérie au cours duquel la France souhaite conclure un "partenariat stratégique".

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