lundi 22 octobre 2012

POLEMIQUE - Les investissements qataris inquiètent dans l'Hexagone...

Ce ne sont pas les 35°C qui ont dû pousser Nicolas Sarkozy, début octobre, à venir faire un jogging sur la corniche de Doha. Durant son quinquennat, le Qatar a su avancer ses pions en France. Mais le poids que ce micro-Etat du Golfe a acquis, aussi bien sur le plan économique que diplomatique, divise cette même classe politique. Dernier soubresaut en date: un fonds de 50 millions d'euros pour les projets de banlieue retoqué par le gouvernement en un plus consensuel fonds franco-qatari pour les PME.

Interrogations multiples

Ce week-end, Christan Estrosi, le maire de Nice, n'a pas hésité à dire publiquement qu'il préférait que le grand stade de Nice soit sponsorisé par les Allemands d'Allianz Rivierra plutôt que par Emirates, la compagnie basée à Dubaï, autre pétromonarchie du Golfe. De fait, de l'extrême droite à l'extrême gauche, la méfiance est de mise face à ces émirats. Quand Marine Le Pen dénonce «un cheval de Troie de l'islamisme», Jean-Luc Mélenchon parle d'«une colonisation par l'argent».
«Officiellement, le Qatar est un ami. Il est donc normal d'avoir des relations avec lui. Mais le double jeu en politique, ça existe», affirme le député (UMP) Lionnel Luca, qui réclame une commission d'enquête parlementaire. «Une commission permettrait de poser des questions, telles que: “Est-ce que l'argent dégagé en France sert à financer des gens qui agissent contre les intérêts français?”» Des informations de presse font état, sans preuve, du financement par le Qatar des groupes djihadistes au Mali ou en Tunisie. Même François Hollande a évoqué la question.
Au PS, Julien Dray est l'un des rares à souscrire à une telle commission. «Ce n'est pas inamical. Je veux juste comprendre pourquoi ils investissent autant. Je ne suis pas de ceux qui disent que l'argent n'a pas d'odeur.» «Faisons attention à ne pas faire fuir les investisseurs étrangers qui sont facteurs d'emploi et de croissance», met en garde Nadine Morano (UMP), qui a assisté au Prix Qatar de l'Arc de Triomphe. A la question de la proximité de la monarchie wahhabite avec les groupes djihadistes, elle répond: «La France aussi vend des armes!»
Alexandre Sulzer
Fonds «banlieues»
Lancé sous le quinquennat de Sarkozy, ce fonds de 100 millions d'euros sera abondé à 50% par le Qatar et à 50% par l'Etat et des entreprises françaises. Placé sous la tutelle de la Caisse des dépôts, il est finalement destiné aux «territoires déshérités», ruralité comprise. «Ce n'est pas un fonds communautaire, c'est purement du business», affirme le Qatar.

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