mercredi 5 décembre 2012

Contribution - Violences contre les femmes.Le récit d’une battante, survivre à la torture.

Être femme dans mon pays, c’est donc cela ? Être exposée à toutes ces violences ? Au travail, dans la rue, les transports… et même chez soi ! Surtout chez soi. Combien sont‑elles, ou plutôt, combien sommes‑nous à avoir connu l’enfer de la violence dans notre propre maison ? Je suis une de ces femmes, voici mon histoire…
 
Mon enfance et mon adolescence, je les ai vécues sous d’autres cieux. Mon père, émigré, était un homme à principes. Ma mère l’était tout autant. Elle a élevé ses enfants avec beaucoup de sévérité, surtout les filles, comme elle l’aurait fait "au bled", davantage même. Aînée des filles dans une famille nombreuse, confrontée à mille interdits, j’ai grandi là‑bas, en terre d’exil. Et puis arriva la date fatidique qui allait faire de moi une personne majeure, libre de ses décisions et de ses actes. Seulement voilà, mes parents en avaient décidé autrement. Et la veille de mes dix‑huit ans, à quelques semaines du baccalauréat, on m’a arrachée à mes études et à mes rêves et on m’a emmenée au pays.
 
Ce pays, le mien, l’Algérie, j’y ai débarqué un soir de printemps contre mon gré. C’est là que j’ai eu mes dix‑huit ans, sans que cela change quoi ce soit à mon statut de femme mineure. J’ai refait ma terminale, décroché le bac sciences, fière de mon 20/20 à l’épreuve de sciences naturelles. C’est que je voulais devenir médecin. Je me suis inscrite à l’USTHB, à Bab Ezzouar. Mais de mes études de médecine, je n’ai fait que la première année, celle du tronc commun. Pourquoi ? Eh bien justement, c’est là que commence le chapitre de mes déboires conjugaux, huit interminables années d’enfer…
 
 
Mariée pour le pire
 
J’ai rencontré L. à l’université. Il achevait ses études d’économie, à Alger. Il était de passage à l’USTHB dans le cadre d’un match de volley‑ball. C’était donc lui, "mon destin", lui que la vie me réservait, pour le meilleur mais surtout, hélas, pour le pire ! Tout est allé très vite, je me suis mariée à vingt ans – sur injonction parentale – avec ce grand volleyeur qui me trouvait « sage et pondérée ». Pendant les quelques mois qu’ont duré nos fiançailles, il s’est montré aimable, ouvert et très obligeant. Rien ne laissait présager le triste sort qui m’attendait.
 
Et puis sitôt le mariage établi, il a commencé à changer. Je me souviens qu’à la mairie, une fois les formalités terminées, il m’a dit : « Maintenant, tu n’es plus n’importe qui, tu es madame S. Je t’ai donné un nom. Tu dois t’en montrer digne et en prendre soin ». Son nom, je l’ai porté comme une malédiction, un lourd fardeau. L’alliance qui lui était associée me brûlait le doigt, à tel point qu’aujourd’hui, je ne supporte plus la moindre bague à mon annulaire gauche…
 
 
Tu ne seras pas médecin !
 
À la rentrée universitaire, j’ai dû tracer une croix sur l’un de mes rêves les plus chers. Fraîchement mariée, je devais déjà me soumettre à la volonté de cet homme, suivre la voie qu’il traçait pour moi. Je l’entends encore me dire : « Tu ne retourneras pas à Bab Ezzouar, tu oublies tes études de médecine, il est hors de question que tu fasses des gardes ! Jamais ma femme ne passera ses nuits dans un hôpital, jamais, au grand jamais ! » Mes larmes et mes supplications ne me furent d’aucun secours, j’ai dû me résigner, tout en encaissant les premiers coups, les premières insultes. C’est ce jour-là que j’ai reçu le premier crachat.
 
Comment pouvais-je m’entêter à vouloir poursuivre des études qui allaient salir son nom, entacher son honneur ? Une femme respectable ne passe aucune nuit ailleurs que sous le toit conjugal. Ou alors, c’est qu’elle est « sans moralité, indigne de confiance », arguments assénés entre deux coups de pied dans les tibias. Non, une épouse respectable ne pouvait se destiner qu’à l’enseignement, c’était la seule porte qu’il me permettait d’entrevoir. Alors j’ai fait l’ENS, et je suis devenue prof.
 
Très vite, les violences sont devenues quotidiennes. Les insultes viraient au pure délire : « Je t’ai ramassée dans la rue, je t’ai épousée, je t’ai donné un nom, j’ai fait de toi quelqu’un et tu oses me tenir tête ! » Il me surveillait de près, choisissait lui-même mes tenues, ma coiffure, me suivait à la fac, puis jusqu’au lycée, ou m’y attendait à la sortie des cours, pour s’assurer que je ne parlais à aucune des anciennes amies avec lesquelles il m’avait contrainte à couper tout contact. Elles avaient, disait‑il, « une influence néfaste » sur moi, me « remontaient la tête (sic) ». Il m’avait même coupée de ma famille, m’interdisait de recevoir mes propres parents, ou mes sœurs, tout comme il m’empêchait de leur rendre visite. Eux aussi exerçaient sur moi « une influence néfaste ».
 
 
Silence, on cogne !
 
Mon compagnon, l’homme qui était censé me protéger, est vite devenu mon bourreau. Au moindre manquement à ses règles de « savoir‑vivre », il m’abreuvait de crachats et d’insultes, à grands renforts de coups de pied dans les jambes, de coups de poing quand la cible était plus haute, pour un oui, pour un non, pour un rien… Je payais même pour ses propres maladresses. S’il se coupait en se rasant, c’était par ma faute, parce qu’il avait manqué de concentration au moment où il m’appelait… S’il cassait quelque chose à la maison (une tasse, un bibelot, un stylo…), c’était toujours moi « la responsable », parce que c’était moi qui avais mis cet objet à sa portée, qui l’avais placé là où il l’avait pris. Ou qui ne l’en avais pas déplacé. Peu importe. C’était moi la fautive, je devais donc payer.
 
Et la batterie de punitions était bien fournie. J’y ai souvent eu droit. Comme ces nuits d’hiver passées sur le balcon, où il me reléguait pour la nuit, recroquevillée sur une chaise, parfois à même le sol, sans couverture. Ce balcon, j’y ai passé de longues heures, à grelotter de froid dans l’obscurité, pendant que lui dormait confortablement, au chaud. Parfois, il ajoutait un raffinement à cette punition : un seau d’eau froide, dont il venait m’asperger parce qu’il ne parvenait pas à trouver le sommeil, à cause de moi… Je ne retrouvais le droit de dormir dans le lit conjugal qu’après m’être excusée, faite toute petite, rabaissée à ses pieds pour lui donner tout le loisir de me toiser de son imposante stature. Pour lui, je n’étais qu’une « rkhissa », « une ingrate », une « traître (sic) ».
 
Même quand il me laissait partager le lit conjugal, il lui arrivait, au beau milieu de la nuit, de me donner un violent coup de pied pour me jeter à terre, dans mon sommeil, parce que j’avais les faveurs de Morphée alors que lui n’arrivait pas à fermer l’œil, à cause d’un souci ou d’un autre, qu’il trouvait toujours le moyen de rattacher à moi, d’une façon ou d’une autre. Il m’attribuait tous les torts, ne s’en reconnaissait jamais aucun. C’était invariablement moi la cause de son malheur, grand ou petit, fût‑il purement fictif. Alors il fallait que je paie.
 
Que de fois suis‑je allée étudier, puis travailler, en retenant mes larmes, pour faire bonne figure en dépit des marques violacées sur mon visage, habilement camouflées sous plusieurs couches de fond de teint, quand les lunettes de soleil ne suffisaient pas à donner le change ! Quand j’étais trop marquée, j’étais contrainte de m’absenter, le temps de redevenir présentable. Aujourd’hui encore, certaines traces demeurent, sur mes jambes, mes bras… Le temps ne les a pas effacées, tout juste atténuées, mais elles sont là, bien visibles, comme ces rainures bleues, juste au‑dessus de la cheville droite, souvenir d’un magistral coup de pied reçu pour être restée devant la télévision, à 20 heures, alors que mon mari avait décrété l’extinction des feux. Je voulais juste suivre une série dont il me laissait parfois voir un épisode, quand il était dans de bonnes dispositions. Ce soir‑là, il avait frappé tellement fort que je n’ai pas pu marcher pendant plusieurs jours.
 
Bien sûr, pas question d’aller voir le médecin, il aurait posé des questions indiscrètes et mis en péril la réputation de mari irréprochable qu’il s’était fabriquée. Car aussi incroyable que cela puisse paraître, aux yeux des gens, nous formions le couple parfait, heureux et sans problèmes. Il était très doué pour ça. Faire croire aux gens qu’il était l’homme et le mari idéal. Fort de son immunité conjugale, tout monstre qu’il était en privé, il demeurait pour les autres un homme au‑dessus de tout soupçon. Ma mère, à laquelle je m’étais confiée, m’exhortait à être courageuse, à préserver mon couple. « C’est ton mari, tu dois être patiente, c’est ton devoir ». Peu importait l’étendue de ma détresse.
 
 
Humiliations et viol conjugal
 
Mais où trouver la force de supporter les humiliations et la douleur des coups ? La liste de ces humiliations est trop longue pour être énumérée ici, en voici juste une, à titre d’exemple : me voir interdire l’accès aux toilettes, qu’il gardait verrouillées, jusqu’à ce que je ne puisse plus me retenir et que je n’aie plus d’autre choix que de faire sur moi. La petite flaque d’urine à mes pieds consacrait sa supériorité, sa victoire. Plus il m’humiliait, plus il se sentait grand ! Dans ces moments‑là, il jubilait, il prolongeait son triomphe : « Tu es sale, tu es dégoûtante ! Souillon ! Va te laver ! » Et pendant que je me lavais, toujours à l’eau froide, comme il me l’imposait, il restait là, face à moi, à me foudroyer de son regard terrifiant. Il m’a infligé cet ignoble traitement jusqu’à ce que je trouve une parade : me passer de boire, endurer la soif, la dompter et la vaincre. La tuer. Ne rien boire, pendant des jours, quitte à subir d’horribles crampes qui me prenaient de plus en plus souvent. C’était préférable à l’humiliation de la petite flaque. C’est ainsi que j’ai perdu la soif. Aujourd’hui encore, je ne la ressens plus, même si tout cela est loin derrière moi.
 
Où trouver aussi la force de subir ses assauts après avoir été battue ? Car il fallait accomplir le devoir conjugal, même après les coups, même en larmes, même ensanglantée, même transie de douleur, pour ensuite être violemment jetée hors du lit, une fois qu’il en avait fini. Quand je résistais, quand je ne cédais ni aux coups de pied, ni aux coups de poing, il allait à la cuisine chercher un grand couteau, posait la lame juste sous mes yeux, menaçait de me déchirer le regard, de me balafrer, la pointe du couteau effleurait ma peau et je finissais par céder, par subir…
 
 
Une mère avant tout
 
J’ai vécu comme ça pendant huit ans. Les jours où c’était trop dur, je puisais du courage dans les yeux de mes deux filles, nées de cette union désastreuse. L’idée d’abandonner mes enfants mettait vite fin aux velléités suicidaires qui me tourmentaient dans les moments les plus difficiles. Mais pourquoi, me direz‑vous, avoir supporté tout cela pendant toutes ces années ? Pourquoi n’être pas partie plus tôt ? Eh bien parce qu’on est tétanisée par la terreur, par la perspective des représailles, par les menaces maintes fois répétées. Ce genre d’homme sait comment vous tenir à sa merci, vous enchaîner, moralement, en brisant votre volonté, en vous humiliant, en annihilant en vous toute estime de soi, en exploitant toutes vos faiblesses, en vous tenant la bride courte. Il s’applique à vous faire mal au plus profond de vous, n’épargne ni votre intimité ni votre âme et inflige à votre corps des meurtrissures répétées, ne vous laisse un peu de répit que pour reprendre de plus belle.
 
On s’habitue, on prend le pli. On se résigne et on endure tout. Car on sait qu’on ne peut compter sur personne. Car on est seule à savoir de quoi est capable le mari tortionnaire. Ou parce qu’on n’a pas où aller, où emmener les enfants… Alors on reste. On continue à subir, en silence. Jusqu’à ce que l’on réalise qu’on n’a plus rien à perdre.
 
 
« Tu vas crever »
 
Et pour moi, ce jour est arrivé au lendemain d’une visite que m’ont rendue ma mère et mes sœurs, à son insu. On venait d’emménager dans un nouvel appartement et je suis passée outre l’interdiction d’en communiquer l’adresse à ma famille. Il avait décidé que je n’avais plus de famille. Ni d’amies. Il m’a interdit de sympathiser avec mes nouveaux collègues, de parler aux voisines… Alors, quand il a su que j’avais reçu ma mère et mes sœurs pendant qu’il était à son travail, que j’avais saboté ses plans, le monstre en lui s’est surpassé. Rouée de coups, j’ai tenté d’appeler les voisins à mon secours, il a frappé plus fort. Je me suis écroulée. J’avais perdu connaissance. Je ne sais pas combien de temps je suis restée inanimée, plusieurs heures sans doute, car j’ai ouvert les yeux dans l’obscurité. Il a allumé une lampe, m’a dit avoir fermé toutes les portes, à commencer par la porte d’entrée, blindée. « Tu peux crier et appeler qui tu veux mais personne ne viendra te sauver », m’a‑t‑il dit en pointant vers moi un grand couteau de cuisine. Les petites étaient dans leur chambre, endormies, heureusement.
 
« Je vais commencer par te casser toutes les dents, puis je vais te déchirer le ventre, de bas en haut : ce soir, tu vas crever ! » m’a‑t‑il dit en brandissant toujours le couteau. Terriblement affaiblie, je n’ai même pas cherché à m’éloigner, ni même à esquisser le moindre geste de défense. Il voulait en finir, alors je lui ai dit : « Vas-y, fais-le, tu me rendras service ! » Et j’ai ajouté : « Pauvre homme, va ! Oui, tu n’es vraiment qu’un pauvre homme ! » Il m’a attrapée par les cheveux, son poing était à hauteur de mon visage, prêt à cogner. Il avait posé le couteau sur la table. En homme méthodique, il voulait que les choses se passent comme il les avait annoncées, me casser d’abord les dents. Mais il s’est ravisé quand il a réalisé que le couteau était à ma portée, s’en est vite saisi et a pointé la lame vers ma gorge. J’ai fermé les yeux et j’ai simulé un évanouissement. Je suis tombée à ses pieds et je n’ai plus bougé, le temps de rassembler mes esprits, d’aviser… Lui était là, debout, le couteau encore à la main, maugréant contre mon « s… de père », ma « s… de mère », mes sœurs, mes frères qui tous, s’imaginait‑il, s’étaient ligués contre lui et complotaient dans son dos pour détruire son foyer.
 
 
Les derniers coups
 
J’ai pensé à mes filles. Une fois de plus. J’ai ouvert les yeux, ai imploré le pardon de mon bourreau, reconnu tous les torts dont il m’accablait, me suis moi-même traitée d’ingrate et d’épouse indigne, lui ai promis de ne plus rien faire à l’avenir qui puisse le contrarier, pourvu seulement qu’il accepte de lâcher le couteau. Et il a fini par le reposer sur la table. Il m’a traînée jusqu’à la chambre en me tirant par les cheveux, m’a donné encore quelques coups et m’a laissée sur le sol. Je ne disais plus rien, je ne pleurais même plus. J’encaissais en silence. J’ai reçu quelques crachats, les derniers. Il s’est mis au lit et s’est endormi. Moi, par terre, je tremblais à l’idée qu’il puisse se réveiller et s’acharner encore sur moi. Mais il a dormi, jusqu’au petit matin. Il s’est levé, m’a juste donné un coup de pied avant de me dire : « Va préparer mon café ». Une demi-heure après, il partait à son travail.
 
J’ai vérifié que les petites dormaient encore. Puis j’ai couru au commissariat, situé non loin de la maison. Après avoir écouté mon récit, un policier m’a conseillé d’aller d’abord voir un médecin‑légiste pour me faire délivrer un certificat. Il faut dire que les traces de coups étaient éloquentes. Il m’a expliqué que je devais m’attendre à me retrouver sous le coup de poursuites judiciaires pour abandon de domicile conjugal, enlèvement d’enfants… Un certificat médical plaiderait en ma faveur. « Ensuite, m’a dit le policier, revenez déposer votre plainte et partez chez des membres de votre proche famille. Surtout pas chez des étrangers, le mieux est d’aller chez vos parents ». Il a ajouté : « Madame, emportez tout ce que vous pouvez : il n’y a pas de vol entre époux ! »
 
Le médecin m’a délivré deux certificats, un pour la police, détaillé, attestant les violences subies la veille, et un autre, mentionnant dix jours d’incapacité de travail, pour mon employeur. Je suis retournée à la maison. Il fallait faire vite. Mon mari pouvait rentrer d’une minute à l’autre. J’ai rassemblé mes papiers, pris quelques effets personnels, une partie de mes bijoux, juste ceux que je portais habituellement, un peu d’argent et surtout, mes deux filles. J’ai loué un taxi et je suis partie. Pour toujours.
 
 
Pas encore au bout de mes peines…
 
Je quittais un enfer. Mais j’ignorais qu’il m’en faudrait traverser encore un autre. Celui de la femme divorcée exploitée par sa propre famille. Beaucoup de mal a été fait dans la maison familiale à cette intruse qu’on appelait « l’autre », ou « la folle », mais surtout à ses enfants. Les sinistres Thénardier eux-mêmes n’en ont pas tant fait à Cosette. Non, je ne dirai rien ici du long combat livré à la famille.
 
Ni de celui mené dans l’arène des tribunaux, jusqu’en Cour suprême, d’abord pour arracher un divorce que mon mari refusait de m’accorder, pour obtenir la garde de mes enfants, puis pour la conserver. Une "justice" des hommes, faite pour eux, par eux. Un de ces hommes en robe noire, à qui il incombe de rendre cette  justice, me l’a bien fait comprendre un certain jour… Je lui avais simplement dit : « Comment peut-on envisager de confier la garde de deux fillettes à un homme qui épouse une énième femme ? (Celles qu’il avait épousées après moi avaient tôt fait de le quitter, l’une après l’autre, invariablement. On imagine pourquoi…) »
 
Ce juge, le regard sévère, le ton autoritaire, m’avait alors répondu : « C’est son droit de se remarier, autant de fois qu’il le désire, quarante fois s’il le veut, cela ne vous regarde pas ! »
 
 
Une nouvelle vie
 
Je ne dirai rien de tout cela parce que ce serait trop long. Et tellement triste. Alors qu’aujourd’hui, je suis heureuse. Je mène une vie normale, celle d’une femme libre, choyée par ses enfants et par le meilleur des hommes, celui que la providence a mis un jour sur ma route, l’année de mes 35 ans, et que j’ai épousé en secondes noces. Nous avons eu une fille, à laquelle j’offre tout ce qui m’a manqué et qui a si cruellement manqué à ses demi-sœurs : un foyer équilibré, de l’amour, du respect, la sécurité. L’homme qui partage ma vie aujourd’hui fait de moi une femme heureuse. Avant, on me prenait tout. Aujourd’hui, lui me donne tout. Il ne m’interdit rien, ne m’impose rien. Il prend soin de moi, me laisse entièrement libre de mes décisions et de mes actes.    
 
Mes deux filles nées d’un premier lit sont les bienvenues chez lui. Alors que dans ma famille, on me disait : « Rends‑lui donc sa m… » Lui, il panse les blessures que d’autres m’ont faites. Dans tout ce que j’entreprends, il me soutient, m’ouvre la voie et m’accompagne. Cet homme‑là comprend que je répugne à porter une alliance, il n’en a jamais pris ombrage. Au contraire, lui‑même a fini par retirer la sienne.
 
Avec lui, je prends chaque jour ma revanche sur le sort. C’est une renaissance. Mieux : une résurrection. J’ai pris un nouveau départ. Un tout autre parcours s’offre à moi.
 

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