Le président Hollande a été bien accueilli en Algérie. Dans la plus pure tradition tiers-mondiste, des employés ont été transportés des wilayas limitrophes de la capitale contre payement de la journée chômée et des étudiants et des écoliers ont été déplacés pour jalonner son itinéraire. Cet accueil populaire “organisé” nous aura privés d’une occasion d’apprécier le réel sentiment populaire qu’un tel événement aurait dû susciter.
Pourtant la visite de Jacques Chirac, en 2001, à Bab El-Oued, avait montré que les Algériens pouvaient, malgré les rancœurs exprimées ou contenues, recevoir avec considération un chef d’État français. Avant que le réflexe policier du contrôle de l’expression populaire ne reprit le dessus à son retour en 2003.
La perception actuelle de la France par la rue et par la jeunesse algérienne surtout, puisqu’on en fait l’objet de tous ces empressements bilatéraux, reste donc à reconstituer. Si l’État algérien a su, par ses méthodes longtemps éprouvées, faire “parler le peuple”, il n’a pas laissé filtrer son appréciation sur la manière dont il fallait apprécier les messages de la France officielle à notre intention.
Hollande n’est tout de même pas venu pour signer des contrats commerciaux et une déclaration d’amitié qui ne nous engage que pour la durée de son mandat et… en termes si creux ! Dans son discours politique, il n’a ni récusé “l’injustice et la brutalité” de la colonisation ni n’est allé jusqu’à faire amende honorable quant à l’héritabilité de la responsabilité de la France de cette tragédie.
Si la criminalité du fait colonial n’a pas besoin d’être démontrée, on peut considérer que chacun a à se faire son idée sur le traitement politique de son passé par un État. Il restera au partenaire concerné de se faire la sienne et d’agir en conséquence. Or, au cours de la visite de François Hollande, cruciale de ce point de vue mémoriel, l’État algérien s’est fait muet. On avait l’impression d’une visite de chef d’État et de sa délégation, entourés de figurants qui n’étaient là que pour céder à l’exigence protocolaire.
Or, si la signature de contrats et d’accords devait signifier la fin de la controverse sur la question de la repentance, cela suppose que les préalables politiques fussent résolus. Sinon, peut-être fallait-il dissocier le domaine de la coopération et celui du contentieux mémoriel, puisque jusqu’ici, il y en avait un et que les dirigeants algériens n’ont rien fait pour le réduire.
C’est étrange cette façon d’organiser l’accueil : il y a deux chefs d’État quand il s’agit de cérémonials et de bains de foule et un seul quand il s’agit de s’exprimer. Tout se passe comme si notre État est là quand il s’agit pour nous d’applaudir et qu’il n’y a plus que l’État invité quand il s’agit de l’interpeller. On veut bien, mais à partir de quelle position algérienne officielle ?
La France a dit ce qu’elle avait à dire sur la question de la mémoire coloniale alors que les autorités algériennes ont tu la demande de repentance sans nous dire si elles s’en… repentent ou s’il s’agit d’un simple repli tactique. À partir de maintenant, les Algériens auront à se débrouiller avec le message clair, et peut-être insuffisant, de l’État Français et la non-position de leur État. En campagne pour 2014, notre pouvoir n’a pas le temps de s’occuper de mémoire.
Pourtant la visite de Jacques Chirac, en 2001, à Bab El-Oued, avait montré que les Algériens pouvaient, malgré les rancœurs exprimées ou contenues, recevoir avec considération un chef d’État français. Avant que le réflexe policier du contrôle de l’expression populaire ne reprit le dessus à son retour en 2003.
La perception actuelle de la France par la rue et par la jeunesse algérienne surtout, puisqu’on en fait l’objet de tous ces empressements bilatéraux, reste donc à reconstituer. Si l’État algérien a su, par ses méthodes longtemps éprouvées, faire “parler le peuple”, il n’a pas laissé filtrer son appréciation sur la manière dont il fallait apprécier les messages de la France officielle à notre intention.
Hollande n’est tout de même pas venu pour signer des contrats commerciaux et une déclaration d’amitié qui ne nous engage que pour la durée de son mandat et… en termes si creux ! Dans son discours politique, il n’a ni récusé “l’injustice et la brutalité” de la colonisation ni n’est allé jusqu’à faire amende honorable quant à l’héritabilité de la responsabilité de la France de cette tragédie.
Si la criminalité du fait colonial n’a pas besoin d’être démontrée, on peut considérer que chacun a à se faire son idée sur le traitement politique de son passé par un État. Il restera au partenaire concerné de se faire la sienne et d’agir en conséquence. Or, au cours de la visite de François Hollande, cruciale de ce point de vue mémoriel, l’État algérien s’est fait muet. On avait l’impression d’une visite de chef d’État et de sa délégation, entourés de figurants qui n’étaient là que pour céder à l’exigence protocolaire.
Or, si la signature de contrats et d’accords devait signifier la fin de la controverse sur la question de la repentance, cela suppose que les préalables politiques fussent résolus. Sinon, peut-être fallait-il dissocier le domaine de la coopération et celui du contentieux mémoriel, puisque jusqu’ici, il y en avait un et que les dirigeants algériens n’ont rien fait pour le réduire.
C’est étrange cette façon d’organiser l’accueil : il y a deux chefs d’État quand il s’agit de cérémonials et de bains de foule et un seul quand il s’agit de s’exprimer. Tout se passe comme si notre État est là quand il s’agit pour nous d’applaudir et qu’il n’y a plus que l’État invité quand il s’agit de l’interpeller. On veut bien, mais à partir de quelle position algérienne officielle ?
La France a dit ce qu’elle avait à dire sur la question de la mémoire coloniale alors que les autorités algériennes ont tu la demande de repentance sans nous dire si elles s’en… repentent ou s’il s’agit d’un simple repli tactique. À partir de maintenant, les Algériens auront à se débrouiller avec le message clair, et peut-être insuffisant, de l’État Français et la non-position de leur État. En campagne pour 2014, notre pouvoir n’a pas le temps de s’occuper de mémoire.
Mustapha Hammouche in Liberté dz
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