FRANCE - ALGERIE
Pour la première fois, l’ambassadeur de France à Alger, Bernard Bajolet, a qualifié "d’épouvantables massacres" les évènements du 8 mai 1945, commis par l’armée française dans trois villes situées à l’est de l’Algérie.
Le 8 mai 1945, l’Algérie, alors partie de la France, fête la victoire sur le nazisme, à laquelle bon nombre de musulmans des colonies françaises d’Afrique du Nord ont contribué. Cependant, au travers des atrocités de la Seconde guerre mondiale, l’idée de l’auto-détermination des peuples a fait son chemin. Ainsi en va-t-il de certains Algériens, d’autant que le pouvoir à Paris les a longtemps considérés avant 1939 comme directement inspirés par le fascisme italien ou le franquisme espagnol.
Ce 8 mai 1945 donc, des manifestations éclatent et tournent très vite au bain de sang : un millier d’Européens sont tués ; quant aux Algériens, ils sont entre 10.000 et 45.000 à y laisser leur vie. Le général De Gaulle, au pouvoir au sortir de la guerre, enverra les moyens "adéquats" pour mater la rébellion. Le général de gendarmerie lui retournera un rapport qui promettra une nouvelle période de conciliation entre les communautés pour des décennies… En réalité, il s’agissait du premier acte de ce que l’on appellera dès 1954 la Guerre d’Algérie.
A propos des évènements de Sétif et de Guelma, théâtres des plus violents affrontements, les gouvernements français auront le plus grand mal à reconnaître le qualificatif de "massacre". C’est d’ailleurs la première fois aujourd’hui qu’un ambassadeur de France en Algérie emploie cette terminologie, semblant rompre non seulement avec les tentatives qu’avaient animé certains députés français en 2004 pour reconnaître le rôle positif de la colonisation, et semblant rompre également avec l’auto-flagellation historique si agaçante aux yeux du Président français Nicolas Sarkozy.
Car l’enjeu est désormais tout autre : le projet d’union de la Méditerranée, que Nicolas Sarkozy appelle grandement de ses vœux, implique de faire quelques entorses au principe ci-dessus mentionné. L’union sans l’Algérie n’aurait pas grande consistance. Pour l’instant, seul un ambassadeur a parlé ; attendons la suite…
Gauthier Rybinski
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