Islamistes et pouvoir : le pacte renouvelé ?
Au lendemain de l’opération de com des Invalides, le ministère de la Défense s’est exprimé pour rappeler le statut républicain de l’ANP. Le message est complet : le Président se remet et n’a donc pas besoin d’être remplacé et l’armée n’a pas vocation à forcer l’alternance.
L’initiative personnelle de Mohamed Mechati aurait-elle suffi à susciter la mise au point de l’institution militaire ? Non, bien sûr. Est-ce donc les appels à la mise en œuvre de l’article 88 de la Constitution qui l’ont poussée à réagir ? La réaction serait alors inopportune de la part d’une armée qui revendique sa républicanité, cette procédure relevant justement d’un usage légal de la loi fondamentale et n’impliquant théoriquement pas l’intervention de l’institution militaire. C’est le communiqué de l’armée qui, en confortant l’amalgame voulu par le pouvoir entre l’évocation d’une mise en œuvre d’une procédure constitutionnelle et un supposé “coup d’État médical”, constitue finalement une ingérence dans un débat politique !
En n’énonçant pas le motif précis de son message, celui-ci prend l’allure d’une prise de position : il vient soutenir une thèse — celle qui entend faire de la question de la capacité du Président à poursuivre sa mission une question interne au pouvoir — contre une autre — celle qui estime qu’il s’agit d’une question démocratique qui concerne la nation et dont le traitement a besoin de transparence.
L’armée sait très bien que ce n’est pas l’éventualité d’une quelconque procédure d’“impeachment” qui menace le régime.
Les tenants du statu quo le savent aussi. Mais tous savent qu’un moment de vérité nous attend à brève échéance ; c’est Amar Ghoul qui, en premier, a rendu hommage à la neutralité proclamée de l’armée.
“Une neutralité” exprimée au moment où le projet de statu quo assaisonné à la sauce “Frères musulmans”, conforme à la norme “printemps arabe”. Bombant le torse, Makri, de l’aile “opposante” du Hamas, invite à Sidi-Fredj Ghannouchi qui arrive accompagné d’un conseiller de Bouteflika.
Au même moment, Amar Ghoul, représentant de l’aile “embeded” du même Hamas s’écrie : “Je suis un fruit du défunt Mahfoud Nahnah et un bienfait de Bouteflika.”
Par cette formule, le ministre des Travaux publics nous rappelle qu’il n’y a pas eu de rupture entre l’époque des charters de jeunes pour Kandahar et le temps de la gestion dilapidatrice des ressources nationales ! Au contraire, le renouvellement du pacte entre islamisme et clanisme se précise. Le régime, que symbolisent désormais ses scandales financiers, a besoin de perdurer pour perpétuer les abus et l’impunité des coteries ; il est, pour cela, en demande d’alliances et les islamistes le savent.
Et quand Makri joue l’opposant intraitable, le ministre des Travaux publics rappelle cette nécessité tactique : “Nous serons un ticket déterminant ; nous comptons jouer les premiers rôles.” Trop de monde a besoin de défendre sa peau et le statu quo est salutaire pour chacun. Dans ce contexte, le marché des islamistes se résume à cette espèce de compromis à la tunisienne : “les premiers rôles” et on vous laisse… le premier rôle. L’armée, “républicaine”, a déjà averti qu’elle n’interviendra pas si on laisse le régime s’occuper tranquillement de sa cuisine interne.
L’initiative personnelle de Mohamed Mechati aurait-elle suffi à susciter la mise au point de l’institution militaire ? Non, bien sûr. Est-ce donc les appels à la mise en œuvre de l’article 88 de la Constitution qui l’ont poussée à réagir ? La réaction serait alors inopportune de la part d’une armée qui revendique sa républicanité, cette procédure relevant justement d’un usage légal de la loi fondamentale et n’impliquant théoriquement pas l’intervention de l’institution militaire. C’est le communiqué de l’armée qui, en confortant l’amalgame voulu par le pouvoir entre l’évocation d’une mise en œuvre d’une procédure constitutionnelle et un supposé “coup d’État médical”, constitue finalement une ingérence dans un débat politique !
En n’énonçant pas le motif précis de son message, celui-ci prend l’allure d’une prise de position : il vient soutenir une thèse — celle qui entend faire de la question de la capacité du Président à poursuivre sa mission une question interne au pouvoir — contre une autre — celle qui estime qu’il s’agit d’une question démocratique qui concerne la nation et dont le traitement a besoin de transparence.
L’armée sait très bien que ce n’est pas l’éventualité d’une quelconque procédure d’“impeachment” qui menace le régime.
Les tenants du statu quo le savent aussi. Mais tous savent qu’un moment de vérité nous attend à brève échéance ; c’est Amar Ghoul qui, en premier, a rendu hommage à la neutralité proclamée de l’armée.
“Une neutralité” exprimée au moment où le projet de statu quo assaisonné à la sauce “Frères musulmans”, conforme à la norme “printemps arabe”. Bombant le torse, Makri, de l’aile “opposante” du Hamas, invite à Sidi-Fredj Ghannouchi qui arrive accompagné d’un conseiller de Bouteflika.
Au même moment, Amar Ghoul, représentant de l’aile “embeded” du même Hamas s’écrie : “Je suis un fruit du défunt Mahfoud Nahnah et un bienfait de Bouteflika.”
Par cette formule, le ministre des Travaux publics nous rappelle qu’il n’y a pas eu de rupture entre l’époque des charters de jeunes pour Kandahar et le temps de la gestion dilapidatrice des ressources nationales ! Au contraire, le renouvellement du pacte entre islamisme et clanisme se précise. Le régime, que symbolisent désormais ses scandales financiers, a besoin de perdurer pour perpétuer les abus et l’impunité des coteries ; il est, pour cela, en demande d’alliances et les islamistes le savent.
Et quand Makri joue l’opposant intraitable, le ministre des Travaux publics rappelle cette nécessité tactique : “Nous serons un ticket déterminant ; nous comptons jouer les premiers rôles.” Trop de monde a besoin de défendre sa peau et le statu quo est salutaire pour chacun. Dans ce contexte, le marché des islamistes se résume à cette espèce de compromis à la tunisienne : “les premiers rôles” et on vous laisse… le premier rôle. L’armée, “républicaine”, a déjà averti qu’elle n’interviendra pas si on laisse le régime s’occuper tranquillement de sa cuisine interne.
Mustapha Hammouche
source Liberté algérie
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