La classe politique algérienne est dans le flou et le fait n’est pas nouveau. Déjà bien avant la détérioration de l’état de santé de Bouteflika et son hospitalisation en France, les partis politiques ne disposaient pas d’éléments d’information sur les intentions immédiates du pouvoir : quelle révision de la Constitution ? Quatrième mandat ou non ? Les deux questions, qui ne sont pas indépendantes l’une de l’autre, restaient sans réponse et mettaient dans l’expectative partis politiques et candidats éventuels à la prochaine présidentielle. Depuis le 27 avril dernier, date à laquelle le chef de l’État a été évacué à l’hôpital parisien du Val-de -Grâce, les choses se sont quelque peu éclaircies. Avec même une certitude : il n’est plus question de 4e mandat. Un chef de parti, un seul, a osé annoncer son soutien à un nouveau quinquennat pour Bouteflika à compter de 2014. Pour autant, et c’est le but du jeu, l’opacité entretenue sur l’état de santé réel du président Bouteflika laisse encore planer le doute : reviendra-t-il au pays dans un délai et dans un état de santé qui lui permettraient de concrétiser son projet de révision constitutionnelle ?
À elle seule, l’absence de réponse fiable à cette question est de nature à tétaniser les leaders politiques, notamment ceux de l’opposition. C’est toujours le but du jeu. Même les islamistes, dont on sait qu’ils sont à l’affût depuis les révoltes populaires et les changements intervenus dans les pays de la région, ne savent visiblement pas sur quel pied danser, alors que la succession pourrait se jouer dans un délai très proche. Peut-être même avant 2014. Quand le chef du MSP affirme que pour l’heure, il préfère “explorer les scénarios possibles”, il avoue, en réalité, qu’il est “dans le cirage”, comme bien d’autres acteurs politiques. Pis, “les scénarios possibles” ne dépendent pas seulement du paramètre de la santé de Bouteflika, mais aussi et surtout des choix que “les décideurs éternels” vont opérer, si ce n’est déjà fait. La visite toute proche d’Erdogan à Alger donnera peut-être un indice de plus sur la santé actuelle de Bouteflika, que celui-ci le reçoive à Alger ou non. Elle donnera aussi aux islamistes algériens adeptes du modèle turc l’occasion de pérorer sur les réussites économiques de la Turquie sous “la conduite éclairée” du parti au pouvoir à Ankara, mais sans plus. Car après cela, ils en seront tous à scruter l’horizon, à explorer “les scénarios possibles”.
source liberté dz
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