lundi 24 juin 2013

La dispersion des énergies du «pôle démocratique» rend difficile toute possibilité de constituer un rapport de forces pouvant contraindre le pouvoir à concéder des espaces démocratiques.


Eclatées et atomisées, les forces politiques se réclamant du courant démocratique seraient-elles en mesure de faire triompher un projet politique alternatif ou, tout au moins, de peser sur l’échiquier politique à la faveur de la succession qui s’annonce compliquée ? Pas si facile face à un pouvoir autoritaire dominant. Une confrontation politique asymétrique. Fortement divisée sur la stratégie suivie durant la violence des années quatre-vingt-dix, la mouvance démocratique s’est perdue dans les méandres idéologiques et autres polarisations factices. A l’ombre de la décennie rouge, ce courant s’est livré en son sein une «guerre civile» dont les conséquences continuent d’alimenter les divergences dont il aurait pu faire l’économie.
Les partis politiques appartenant à cette mouvance sont plutôt enclins à se livrer bataille entre eux qu’à en découdre en rangs serrés avec le pouvoir dominant qui a fait disparaître le champ sur lequel devrait naturellement se construire une alternative démocratique. Le régime en place, hostile à l’idée de changement démocratique, a porté le coup de grâce en imposant dangereusement un verrouillage de l’espace d’expression politique autonome. La vie politique nationale, plombée par des lois scélérates, a conduit à l’étouffement de toute expression libre. Une explication objective qui ne saurait justifier à elle seule l’éparpillement et l’incapacité du courant démocratique de se reconstituer et se faire le porte-flambeau d’un fort désir de liberté et de démocratie qui s’exprime pourtant dans la société. Les crises chroniques dans lesquelles se sont engouffrés ces partis ont démobilisé les militants les plus tenaces ; elles ont aussi eu pour conséquence de pousser leurs leaders influents en dehors des appareils qui se sont vidés de leur vitalité politique. Les cadres politiques classiques attirent de moins en moins de militants, échaudés par la succession de rendez-vous ratés.
Il n’est sans doute pas un hasard si les personnalités politiques qui font montre du plus grand dynamisme en la conjoncture soient dissidentes pour la plupart d’entre elles et en rupture de ban avec les partis. Ces figures tentent, dans la difficulté, de faire exister la parole démocratique et progressiste.
Cependant, la jonction en vue de construire un rapport de forces pouvant permettre de peser sur la scène politique peine à se faire entre les différentes voix et initiatives appelant au changement démocratique. Pourtant, dans le fond, les initiatives formulées par ces acteurs convergent, voire développent les mêmes constats et proposent les mêmes solutions. Cette dispersion des énergies du «pôle démocratique» rend difficile toute possibilité d’entraîner l’adhésion militante et partant, de constituer un rapport de forces pouvant contraindre le pouvoir à concéder des espaces démocratiques. La prochaine élection présidentielle, à terme ou anticipée, pourrait être une chance et constituer «une opportunité fondatrice d’un nouvel ordre politique et social si l’ensemble des acteurs politiques qui rejettent l’autoritarisme se rassemblaient autour d’un projet démocratique clair, porté par un élan populaire, à travers un large débat libre et franc», pour reprendre les propos de l’opposant Djamel Zenati. Auquel cas, l’opposition démocratique devrait sortir d’une posture attentiste. Pour Abdessalam Ali-Rachedi, qui a lancé une campagne nationale pour la IIe République, il ne s’agit pas «de poser la question de fédérer les forces démocratiques en vue de futures échéances politiques, mais plutôt comment rassembler les citoyennes et les citoyens pour imposer le changement et créer les conditions d’une alternative démocratique». Mais pour le moment, les principaux acteurs de cette famille politique n’affichent aucune disponibilité à construire ensemble, laissant le pouvoir organiser seul une succession en interne permettant le maintien du système.
Hacen Ouali

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