La Ligue arabe à l’épreuve de son “printemps”
En attendant que soit fixée la date de la réunion de Genève, les Syriens devront se débrouiller seuls. Enfin, avec le renfort du Hamas et des armes russes, d’un côté, et celui de la légion djihadiste et des armes franco-britanniques, qataries et saoudiennes, de l’autre.
Au G8, les puissances occidentales et la Russie ont fait le constat de l’impasse diplomatique. Mais les armes ne manquent pas tant. Militairement, ce n’est peut-être pas assez ; mais humainement, c’est certainement catastrophique. Ce qui se perd en dégâts, parce que les forces en présence sont relativement limitées en moyens, sera compensé par le temps et la barbarie.
Si la chute du régime Al-Assad constitue toujours l’enjeu des affrontements entre l’armée régulière soutenue par le Hamas libanais et les insurgés à abattre, la guerre n’est déjà plus celle des Syriens. Outre qu’elle constitue la manifestation la plus tragique et la plus explicite d’une résurgence de la guerre froide, elle concentre les affrontements entre sous-gendarmes du Proche et Moyen-Orient.
L’aspiration démocratique qui, sans conteste, est à l’origine de la vague de “Printemps arabes” s’est, une nouvelle fois, perdue de vue devant les antagonismes qui déchirent le monde arabo-musulman, antagonismes eux-mêmes intégrés par une compétition géopolitique qui les dépasse.
Ce dépassement est illustré par l’évanouissement de la Ligue arabe. Après avoir longtemps fait illusion en s’appuyant sur le fonds de commerce palestinien, le syndicat des régimes des pays dits arabes a éclaté au moment où éclatait leur solidarité. L’organisation a su survivre à des crises et même des guerres interarabes parce que, jusqu’ici, les pouvoirs en question, même quand ils se faisaient la guerre, ne se contestaient pas en tant que régimes nationalement légitimes. C’est la première fois depuis sa création que l’organisation est sommée de se poser la question de la légitimité des régimes de certains de ses États membres.
La ligue fut, dans un premier temps, privatisée par le Qatar, superviseur autoproclamé du “Printemps arabe”, sponsor prodigue des insurgés et des légionnaires islamistes notamment, bureau de liaison politique du soutien occidental aux révolutions arabes. Puis elle devint sans objet puisque l’idée de communauté d’intérêts des pays dits arabes s’est avérée sans fondement : l’intervention de l’Iran et des questions confessionnelles dans la problématique régionale a fait exploser la notion de “nation arabe”. L’abandon de fait de la revendication du droit national palestinien a fini par ôter à la ligue le prétexte de prédilection de sa légitimité ainsi que l’argumentation victimaire de son existence diplomatique.
Le printemps dit “arabe” aura eu raison d’une des plus coûteuses séquelles politiques de l’épreuve coloniale : la création autoritaire d’un ensemble géopolitique et culturel sans fondements réels, l’expansion historique d’une religion ne pouvant justifier la proclamation d’une communauté “identitaire”. Tellement sans fondement que les “fondamentalistes” tentent aujourd’hui de nous imposer une uniformité rituelle et linguistique à la force du glaive, comme au “bon vieux temps”.
Que reste-t-il du monde dit arabe ? Une arène où s’expriment les rancœurs nées d’une “fraternité” imposée et exploitée par un réseau de proconsuls néocoloniaux ?
Au G8, les puissances occidentales et la Russie ont fait le constat de l’impasse diplomatique. Mais les armes ne manquent pas tant. Militairement, ce n’est peut-être pas assez ; mais humainement, c’est certainement catastrophique. Ce qui se perd en dégâts, parce que les forces en présence sont relativement limitées en moyens, sera compensé par le temps et la barbarie.
Si la chute du régime Al-Assad constitue toujours l’enjeu des affrontements entre l’armée régulière soutenue par le Hamas libanais et les insurgés à abattre, la guerre n’est déjà plus celle des Syriens. Outre qu’elle constitue la manifestation la plus tragique et la plus explicite d’une résurgence de la guerre froide, elle concentre les affrontements entre sous-gendarmes du Proche et Moyen-Orient.
L’aspiration démocratique qui, sans conteste, est à l’origine de la vague de “Printemps arabes” s’est, une nouvelle fois, perdue de vue devant les antagonismes qui déchirent le monde arabo-musulman, antagonismes eux-mêmes intégrés par une compétition géopolitique qui les dépasse.
Ce dépassement est illustré par l’évanouissement de la Ligue arabe. Après avoir longtemps fait illusion en s’appuyant sur le fonds de commerce palestinien, le syndicat des régimes des pays dits arabes a éclaté au moment où éclatait leur solidarité. L’organisation a su survivre à des crises et même des guerres interarabes parce que, jusqu’ici, les pouvoirs en question, même quand ils se faisaient la guerre, ne se contestaient pas en tant que régimes nationalement légitimes. C’est la première fois depuis sa création que l’organisation est sommée de se poser la question de la légitimité des régimes de certains de ses États membres.
La ligue fut, dans un premier temps, privatisée par le Qatar, superviseur autoproclamé du “Printemps arabe”, sponsor prodigue des insurgés et des légionnaires islamistes notamment, bureau de liaison politique du soutien occidental aux révolutions arabes. Puis elle devint sans objet puisque l’idée de communauté d’intérêts des pays dits arabes s’est avérée sans fondement : l’intervention de l’Iran et des questions confessionnelles dans la problématique régionale a fait exploser la notion de “nation arabe”. L’abandon de fait de la revendication du droit national palestinien a fini par ôter à la ligue le prétexte de prédilection de sa légitimité ainsi que l’argumentation victimaire de son existence diplomatique.
Le printemps dit “arabe” aura eu raison d’une des plus coûteuses séquelles politiques de l’épreuve coloniale : la création autoritaire d’un ensemble géopolitique et culturel sans fondements réels, l’expansion historique d’une religion ne pouvant justifier la proclamation d’une communauté “identitaire”. Tellement sans fondement que les “fondamentalistes” tentent aujourd’hui de nous imposer une uniformité rituelle et linguistique à la force du glaive, comme au “bon vieux temps”.
Que reste-t-il du monde dit arabe ? Une arène où s’expriment les rancœurs nées d’une “fraternité” imposée et exploitée par un réseau de proconsuls néocoloniaux ?
Mustapha Hammouche
source Liberté Algérie
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