Le FIS, Front islamique du Salut, parti de Dieu, de l'islam, de la «solution» a changé. Il a eu cinq fils. Le premier est vieux, borgne, avec un casier judiciaire, des antécédents, fatigué d'avoir porté les armes et qui vend du sable ou des herbes médicinales ou qui blanchit l'argent du maquis. C'est Benaïcha ou Madani Mezrag. Le second est un délinquant: il a fait comme l'aîné, il a pris les armes mais dans le Sahara. Son maquis est la dune. Son temps est le sable. Son Ali Benhadj est Ben Laden est son taghout est Obama. Il finira mal, mort. C'est Bel Mokhtar. L'autre fils? Il est un peu instruit, mou, calculateur, fonctionnaire, spécialiste en Rokia et en soutien. Il a un versant algérois, un versant égyptien. C'est Soltani oie le Néo-Mokri. L'autre fils est un idiot. Trahi par son frère, sa famille, ses amis, ses ennemis et ses voisins. Il est destiné à être trompé et a créer des partis qui lui seront volé. C'est Djaballah. L'autre est Amar Ghoul. Il est rusé, froid, un peu fourbe. C'est le plus jeune fils du FIS. Enfant gâté de la fratrie, il vise la présidence, le pouvoir, pas le califat, pas la médina. Il est le contraire de Youssef: c'est lui qui jette ses frères dans le puits et qui dit que le loup les a mangés.
Les cinq rêvent de prendre le pouvoir, comme leur père. Prendre le pouvoir par le dos, dit Bel Mokhtar. Prendre le pouvoir par les épaules et lui dire des mots gentils, comme pense Amar Ghoul. Ou prendre le pouvoir par la patience comme le pense le MSP, Mokri et Soltani. Ou prendre le pouvoir par la main et l'épouser dans un grand hôtel du Qatar comme la famille Abassi. Ou prendre le pouvoir par le chaos, la foule et les pieds comme en rêve Benhadj Ali. Ou prendre le pouvoir pour un imbécile comme persiste à le croire Djaballah. Tous rêvent de prendre le pouvoir, de l'épouser, de lui faire des enfants, de se multiplier. Et après? Dieu trouvera la suite que Morsi n'a pas trouvé. Dès qu'ils prennent un État, les islamistes le transforment en tapis de prière puis attendent la fin du monde. C'est leur métier et ils ne savent pas faire autre chose. Ils n'ont pas de stratégie pour le pain, l'assiette, l'avenir, la liberté ou le bonheur. Le but est après la mort, pas avant. Ils n'ont pas de nationalité propre dans le cadre de la Oumma. Ils peuvent se rencontrer à Sidi Fredj ou a Honolulu, c'est la même terre, la même idée, le même but. Ils sont frères. Ils se préparent donc, solidaires, pour l'Algérie. C'est le temps des Foutouhates pour eux, après la victoire en l'Égypte, en Tunisie et en Libye. La reconquête. Et nous? Ceux qui ne se convertissent pas seront tués ou vendus ou exilés ou paieront l'impôt, la jizya. La dernière réunion des islamistes à Sidi Fredj n'est pas une petite fête d'anniversaire. C'est une revue des troupes.
par Kamel Daoud
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