La question du « comment va-t-il faire campagne sur sa chaise roulante ? » est absurde ou très secondaire. Le candidat n’est pas un homme, mais un ensemble qui va du ventre à la tête. Une mécanique. Bouteflika est la tête de proue : il sera élu même s’il faut passer par le taxidermiste. Il est juste l’effigie sur la grosse pièce de monnaie nationale que tout le monde a en poche. Par intuition et par réflexion ses timides concurrents le savent et hésitent sur les rebords de la grande assiette. Déchirés parfois entre l’ambition et l’évidence, la lucidité et la tentation de l’épopée. L’exercice, pour le moment et pour certains, consiste à ne pas se prononcer mais à garder un minimum de visibilité. Ceci pour les grosses pointures.
Les autres candidats, encore au premières marches, sont parfois admirables et inutiles, parfois sourds mais pas muets, parfois calculateur mais avenir, parfois loufoque et avec un égo démesuré. Présidents de partis, des dissidents qui provoquent la méfiance, des lutteurs pour la vérité qui provoquent la compassion ou un écrivain qui fait sourire par ses arguments simplistes. Nous vieillirons avant qu’ils n’aient leur chance. Lecture pessimiste ? Que non. Juste lucide.
Que pouvons nous contre ? L’Occident a déjà voté Bouteflika. Le pétrole aussi, le gaz schiste, les puissances, les voisins, l’armée et les danseurs, le FLN et les voix dociles de la ruralité algérienne très conservatrice et frileuse. Tout est contre nous, nous qui rêvons d’une réforme douce et d’une transition sans violence. Ce régime semble increvable, riche et bien soutenu. Quand il meurt, il ne fait que s’asseoir, se reposer un peu puis se relever.
La question n’est pas si Bouteflika est candidat ou pas. Le système alimentaire l’est déjà. Les gens voteront pour le repas gratuit, l’argent facile, la fanfare patriotique orale, la paresse rémunérée, la corruption facile et pour que rien ne bouge. C’est tout. Le reste, c’est du Yasmina Khadra.
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