samedi 21 juin 2014

Le musée de la France et de l'Algérie appartient désormais à l'Histoire

Les travaux du musée de l'Histoire de la France et de l'Algérie étaient loin d'être terminés. (Photo Redouane Anfoussi)Les travaux du musée de l'Histoire de la France et de l'Algérie étaient loin d'être terminés. (Photo Redouane Anfoussi) L'utilisation de l'article, la reproduction, la diffusion est interdite - LMRS - (c) Copyright Journal La Marseillaise

Politique. L'agglo de Montpellier, qui s'est prononcée en faveur d'un centre d'art moderne, a définitivement enterré le dossier ce jeudi 19 juin.

Ni l'indignation des historiens dont le travail avait atténué les polémiques, ni les protestations de certains élus n'y auront changé quelque chose. Le projet du musée de l'Histoire de la France et de l'Algérie au sein de l'HôtelMontcalm situé près de la gare Saint-Roch de Montpellier, ne verra jamais le jour.
Ce jeudi 19 juin, après une heure de débat passionné, 72 des 88 élus* présents de l'agglomération de Montpellier ont suivi la proposition du président Philippe Saurel. A savoir : enterrer définitivement, au profit d'un centre d'art contemporain, l'idée d'un musée longtemps polémique lancée par feu Gerorges Frêche il y a près de 10 ans. "On m'avait dit que le musée était prêt à ouvrir sur 800 m2 et qu'il coûtait 6 millions. La vérité c'est qu'il restait 2,5 ans de travaux sur 3 à 4 000 m2 utilisables et 13 millions à débourser sur 23", rappelle d'abord Philippe Saurel qui assure que le projet n'avait pas obtenu le label musée de France de la ministre Filippetti et que le consul d'Algérie n'a jamais été associé (ce que dément l'ancien président d'Agglo Jean-Pierre Moure).
"Il n'y avait pas de parité entre historiens français et algériens au sein du conseil scientifique" reproche le maire de Grabels (Parti de gauche) René Revol qui estime que ce musée n'était pas la bonne manière de traiter l'Histoire. Même vote pour le FN mais pour des raisons idéologiques opposées. "Ce projet a été dévoyé par rapport à ce qu'il était au début" regrette France Jamet qui n'aurait pas dit non à un musée à la gloire de la colonisation.
Des critiques de tous bords
Le fait qu'il ne s'agissait plus d'un musée de l'Algérie française, c'est justement ce qui fait dire à l'élu d'opposition Hervé Martin (PCF) que ce projet était nécessaire. "Sortir de la guerre des mémoires sera-t-il possible un jour ?" interroge-t-il. "Ce n'était pas un musée pour les pieds-noirs", abonde Perla Danan, élue sur les bancs de l'UMP. "Ce musée était une chance pour Montpellier, l'occasion d'être carrefour de l'arc latin et de réconcilier les deuxrives de la Méditerranée", abonde Julie Frêche, très émue. "La rigueur scientifique permettait de dépassionner le débat au-delà des blessures mémorielles. Abandonner ce musée, c'est laisser place à l'idéologie".
De son côté Jacques Domergue (UMP) reproche à Philippe Saurel l'idée d'un "musée a minima" dans le cas où les collections d'objets déjà achetées par l'agglo seraient hébergées dans l'ancien site militaire de l'EAI, au lieu d'aller à Perpignan au centre de documentation de la France en Algérie. "Votre centre d'art contemporain, c'est une raison de circonstance", lance l'ancien député UMP à Philippe Saurel.
Pour Max Lévita, c'est au contraire une "décision de sagesse". "Les plaies sont encore béantes", argumente le vice-président aux finances. "Je n'ai reçu aucun courrier de citoyens de Montpellier et j'ai été élu par le peuple", tranche P. Saurel. Et d'ajouter, "sans vouloir marcher sur la mémoire des pieds-noirs". "J'ai conscience que ma proposition n'est pas juste à 100%. Mais pour sortir des polémiques, l'intérêt passe par ce musée d'art contemporain qui sera un moteur économique bien plus grand qu'un musée sur l'Algérie".
Rémy Cougnenc
source : l'Hérault du jour

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire