Refus de la transition et de l’implication de l’armée et niet au retour de l’ex-fis
Ouyahia fixe les lignes rouges du pouvoir
Par : Azzeddine Bensouiah
L’idée d’une transition est “inacceptable” et l’Armée n’est pas au service de “manœuvres politiciennes”. Ce sont les réponses d’Ouyahia à la CNLTD et à Mouloud Hamrouche.
À mi-chemin des consultations politiques autour du projet de la révision constitutionnelle, le directeur de cabinet de la présidence de la République, Ahmed Ouyahia, a tenu à rencontrer la presse, non pas pour faire le bilan de ces consultations ni pour donner les grandes lignes directrices devant définir la mouture finale de la révision constitutionnelle, mais pour répondre à ses détracteurs et dire que la porte du dialogue reste ouverte à tout le monde. Grand amateur de chiffres, Ahmed Ouyahia en usera au début de son intervention, pour tenter de minimiser la portée des boycotteurs et leur représentativité.
Ainsi, le directeur de cabinet de la présidence de la République aura tenu 64 rencontres, avec 75 partenaires, depuis le début des consultations, dont 23 parties reçues rien que la semaine écoulée. Dans son agenda figure, à partir du 21 juin et jusqu’au 8 juillet prochain, 48 rencontres avec 65 partenaires, dont 30 partis politiques.
Pourquoi une révision constitutionnelle maintenant ?
Ahmed Ouyahia tentera de répondre aux adversaires de la démarche du pouvoir qui s’interrogent sur l’opportunité de la révision constitutionnelle, en cette période précise, ou qui estiment que cela ne constitue pas la priorité. Tout en rappelant que le processus des réformes politiques a débuté en 2011, au lendemain de l’éclatement des premières révoltes dans le monde arabe, il dira que c’est le travail de la commission Bensalah et, ensuite, celui de la commission installée par Sellal, qui ont abouti au projet de la révision constitutionnelle, avec cette précision de taille : la maladie du Président, qui est intervenue en plein milieu du processus.
Pour M. Ouyahia, le pouvoir aurait pu se passer des ces consultations et proposer directement le projet au Parlement ou par voie référendaire. L’orateur dira que seule la Constitution de 1976 a été faite dans le calme et avait bénéficié d’un large débat. Les autres révisions constitutionnelles ont toutes été faites dans l’urgence. D’où, selon lui, la nécessité de procéder présentement à une révision constitutionnelle dans le calme et avec le plus large débat possible et surtout avec consensus.
Dialogue ou monologue ?
Ahmed Ouyahia réfute les accusations de l’opposition qui parle de monologue. Il dit avoir reçu des personnalités, dont des faiseurs de l’indépendance, des gestionnaires, des représentants d’institutions ainsi que des leaders departis politiques, dont une dizaine appartient à l’opposition, tout en mettant l’accent sur la présence particulière du doyen des partis de l’opposition (le FFS, sans toutefois le nommer).
Répondant aux boycotteurs, Ahmed Ouyahia tentera de situer l’origine des différends entre eux et le pouvoir. Pour eux, le pays est en crise, et lui, préfère parler de défis à relever, notamment en matière d’emploi, de logement et de relance économique.
Il usera de son arme préférée, les chiffres, pour démonter les arguments de l’opposition, en affirmant, par exemple, que dix millions d’enfants passent actuellement des examens, que 230 000 logements sociaux vont être distribués et que la sécurité est assurée.
Pour Ouyahia, le plus dangereux différend opposant les boycotteurs au pouvoir se situe au niveau de la méthodologie. Pour les premiers, la priorité ne se situe pas dans la révision de la Constitution, mais dans l’instauration d’une période de transition. Tout en rejetant catégoriquement l’idée, il dira que “la transition est inacceptable, elle est en contradiction avec la volonté populaire”, avant de rappeler que l’Algérie a été le premier pays à avoir vécu une douloureuse période de transition, non sans faire le parallèle avec les actuelles transitions difficiles dans certains pays arabes.
Autre niet catégorique, celui-là adressé particulièrement à Mouloud Hamrouche, sans le nommer : l’implication de l’Armée dans la période de transition. Ahmed Ouyahia affirmera que “l’Armée est au service du peuple et non au service de manœuvres politiciennes.”
Quant aux partis qui agitent le spectre de la rue, Ahmed Ouyahia dira : “Nous respectons tous les partis légaux. Nous n’avons pas affaire à des anarchistes”. Cela dit, l’État, avertira-t-il, est debout et “nous refusons que le peuple soit l’essence de manœuvres politiciennes”.
Toutefois, et concernant la conférence nationale tenue par la coordination de l’opposition, Ahmed Ouyahia n’y voit aucun inconvénient et estime que celle-ci pourra tenir d’autres rencontres, si elle le souhaite. Il ajoutera que les portes de la présidence de la République restent ouvertes et que les boycotteurs y seront les bienvenus, à tout moment.
Interrogé sur son probable retour à la tête du RND, Ahmed Ouyahia rétorquera par l’humour, en disant “passez leur le bonjour”, une façon de dire qu’il a tourné la page de cet épisode.
Il défendra, avec un zèle qu’il est seul à maîtriser, le quatrième mandat du président Bouteflika, en réaffirmant que “le Président s’est sacrifié” en se lançant dans ce quatrième mandat, tout en estimant que sa fameuse phrase “tab jnani” lancée le 8 mai 2012 à Sétif, n’était pas pour tromper l’opinion publique.
Il n’y aura pas de retour du FIS
Tout comme le Premier ministre, Ahmed Ouyahia exclut tout retour de l’ex-FIS sur la scène politique, en répondant à la question relative à l’invitation d’anciens leaders de ce parti aux consultations. Pour lui, tout est dans la forme, en affirmant avoir invité des personnalités et non un parti politique. Il dira avoir reçu El-Hachemi Sahnouni et Madani Mezrag et justifiera son choix. Pour lui, Sahnouni a été le premier, avec deux autres leaders du parti dissout, à aller à la télévision affirmer son opposition à la dérive de l’ex-FIS. Quant à Madani Mezrag, il dira que ce dernier, au lendemain de l’élection du président Zeroual, en 1995, avait pris attache avec le pouvoir pour affirmer sa disponibilité au dialogue. Estimant que “si nous sommes allés à la concorde civile, ensuite à la réconciliation nationale, c’est parce que les politiques nous ont fait tourner en rond. Nous avions tout fait avec les dirigeants de l’ex-FIS pour qu’ils appellent à la fin de la violence”.
Mais Ahmed Ouyahia précisera que Sahnouni et Mezrag n’ont pas évoqué, lors des consultations, la question du retour de l’ex-FIS.
Pour lui, la Charte pour la paix et la réconciliation nationale a posé un barrage à ceux qui ont causé la violence, tant qu’ils n’y auront pas renoncé.
Alors un FIS sous une autre appellation ? Là aussi, Ahmed Ouyahia se veut rassurant : l’article 177 de la Constitution, non concerné par la révision en cours, interdit tout parti basé sur la religion. Mais le même Ouyahia avouera que le courant salafiste, par exemple, est une réalité qu’on ne peut pas nier, tout comme il reconnaîtra que parmi les partis légaux existants, beaucoup sont d’obédience islamiste. Tout en laissant planer le doute sur les réelles intentions du pouvoir sur ce sujet, Ahmed Ouyahia tentera de faire le parallèle avec le changement d’attitude des anciens chefs de l’Exécutif, passés dans l’opposition, pour affirmer qu’“en politique, rien n’est immuable”.
Tamazight en ballottage
Même s’il s’est refusé à rendre public le contenu de ses discussions avec tous ses invités, Ahmed Ouyahia concèdera quelques bribes, à commencer par le consensus qui se serait dégagé autour du maintien du régime semi-présidentiel, au détriment du régime parlementaire pourtant réclamé par une bonne partie de la classe politique. Ahmed Ouyahia précisera que le maintien de ce système sera accompagné du renforcement des prérogatives du Premier ministre et du rôle du Parlement, la séparation des pouvoirs, ainsi que la garantie des libertés individuelles.
Quant à la question de l’officialisation de tamazight, Ahmed Ouyahia affirmera que la question a figuré dans les débats, mais refusera de dire si celle-ci serait prise en compte ou non, dans la mouture finale du projet de révision constitutionnelle. Cela étant, trois gros paquets de papier, constituant la teneur des discussions, sont déjà entassés. À l’issue des consultations, Ahmed Ouyahia et son équipe en feront une synthèse qu’ils présenteront au président de la République qui décidera d’une conférence nationale ou de nouvelles consultations.
À mi-chemin des consultations politiques autour du projet de la révision constitutionnelle, le directeur de cabinet de la présidence de la République, Ahmed Ouyahia, a tenu à rencontrer la presse, non pas pour faire le bilan de ces consultations ni pour donner les grandes lignes directrices devant définir la mouture finale de la révision constitutionnelle, mais pour répondre à ses détracteurs et dire que la porte du dialogue reste ouverte à tout le monde. Grand amateur de chiffres, Ahmed Ouyahia en usera au début de son intervention, pour tenter de minimiser la portée des boycotteurs et leur représentativité.
Ainsi, le directeur de cabinet de la présidence de la République aura tenu 64 rencontres, avec 75 partenaires, depuis le début des consultations, dont 23 parties reçues rien que la semaine écoulée. Dans son agenda figure, à partir du 21 juin et jusqu’au 8 juillet prochain, 48 rencontres avec 65 partenaires, dont 30 partis politiques.
Pourquoi une révision constitutionnelle maintenant ?
Ahmed Ouyahia tentera de répondre aux adversaires de la démarche du pouvoir qui s’interrogent sur l’opportunité de la révision constitutionnelle, en cette période précise, ou qui estiment que cela ne constitue pas la priorité. Tout en rappelant que le processus des réformes politiques a débuté en 2011, au lendemain de l’éclatement des premières révoltes dans le monde arabe, il dira que c’est le travail de la commission Bensalah et, ensuite, celui de la commission installée par Sellal, qui ont abouti au projet de la révision constitutionnelle, avec cette précision de taille : la maladie du Président, qui est intervenue en plein milieu du processus.
Pour M. Ouyahia, le pouvoir aurait pu se passer des ces consultations et proposer directement le projet au Parlement ou par voie référendaire. L’orateur dira que seule la Constitution de 1976 a été faite dans le calme et avait bénéficié d’un large débat. Les autres révisions constitutionnelles ont toutes été faites dans l’urgence. D’où, selon lui, la nécessité de procéder présentement à une révision constitutionnelle dans le calme et avec le plus large débat possible et surtout avec consensus.
Dialogue ou monologue ?
Ahmed Ouyahia réfute les accusations de l’opposition qui parle de monologue. Il dit avoir reçu des personnalités, dont des faiseurs de l’indépendance, des gestionnaires, des représentants d’institutions ainsi que des leaders departis politiques, dont une dizaine appartient à l’opposition, tout en mettant l’accent sur la présence particulière du doyen des partis de l’opposition (le FFS, sans toutefois le nommer).
Répondant aux boycotteurs, Ahmed Ouyahia tentera de situer l’origine des différends entre eux et le pouvoir. Pour eux, le pays est en crise, et lui, préfère parler de défis à relever, notamment en matière d’emploi, de logement et de relance économique.
Il usera de son arme préférée, les chiffres, pour démonter les arguments de l’opposition, en affirmant, par exemple, que dix millions d’enfants passent actuellement des examens, que 230 000 logements sociaux vont être distribués et que la sécurité est assurée.
Pour Ouyahia, le plus dangereux différend opposant les boycotteurs au pouvoir se situe au niveau de la méthodologie. Pour les premiers, la priorité ne se situe pas dans la révision de la Constitution, mais dans l’instauration d’une période de transition. Tout en rejetant catégoriquement l’idée, il dira que “la transition est inacceptable, elle est en contradiction avec la volonté populaire”, avant de rappeler que l’Algérie a été le premier pays à avoir vécu une douloureuse période de transition, non sans faire le parallèle avec les actuelles transitions difficiles dans certains pays arabes.
Autre niet catégorique, celui-là adressé particulièrement à Mouloud Hamrouche, sans le nommer : l’implication de l’Armée dans la période de transition. Ahmed Ouyahia affirmera que “l’Armée est au service du peuple et non au service de manœuvres politiciennes.”
Quant aux partis qui agitent le spectre de la rue, Ahmed Ouyahia dira : “Nous respectons tous les partis légaux. Nous n’avons pas affaire à des anarchistes”. Cela dit, l’État, avertira-t-il, est debout et “nous refusons que le peuple soit l’essence de manœuvres politiciennes”.
Toutefois, et concernant la conférence nationale tenue par la coordination de l’opposition, Ahmed Ouyahia n’y voit aucun inconvénient et estime que celle-ci pourra tenir d’autres rencontres, si elle le souhaite. Il ajoutera que les portes de la présidence de la République restent ouvertes et que les boycotteurs y seront les bienvenus, à tout moment.
Interrogé sur son probable retour à la tête du RND, Ahmed Ouyahia rétorquera par l’humour, en disant “passez leur le bonjour”, une façon de dire qu’il a tourné la page de cet épisode.
Il défendra, avec un zèle qu’il est seul à maîtriser, le quatrième mandat du président Bouteflika, en réaffirmant que “le Président s’est sacrifié” en se lançant dans ce quatrième mandat, tout en estimant que sa fameuse phrase “tab jnani” lancée le 8 mai 2012 à Sétif, n’était pas pour tromper l’opinion publique.
Il n’y aura pas de retour du FIS
Tout comme le Premier ministre, Ahmed Ouyahia exclut tout retour de l’ex-FIS sur la scène politique, en répondant à la question relative à l’invitation d’anciens leaders de ce parti aux consultations. Pour lui, tout est dans la forme, en affirmant avoir invité des personnalités et non un parti politique. Il dira avoir reçu El-Hachemi Sahnouni et Madani Mezrag et justifiera son choix. Pour lui, Sahnouni a été le premier, avec deux autres leaders du parti dissout, à aller à la télévision affirmer son opposition à la dérive de l’ex-FIS. Quant à Madani Mezrag, il dira que ce dernier, au lendemain de l’élection du président Zeroual, en 1995, avait pris attache avec le pouvoir pour affirmer sa disponibilité au dialogue. Estimant que “si nous sommes allés à la concorde civile, ensuite à la réconciliation nationale, c’est parce que les politiques nous ont fait tourner en rond. Nous avions tout fait avec les dirigeants de l’ex-FIS pour qu’ils appellent à la fin de la violence”.
Mais Ahmed Ouyahia précisera que Sahnouni et Mezrag n’ont pas évoqué, lors des consultations, la question du retour de l’ex-FIS.
Pour lui, la Charte pour la paix et la réconciliation nationale a posé un barrage à ceux qui ont causé la violence, tant qu’ils n’y auront pas renoncé.
Alors un FIS sous une autre appellation ? Là aussi, Ahmed Ouyahia se veut rassurant : l’article 177 de la Constitution, non concerné par la révision en cours, interdit tout parti basé sur la religion. Mais le même Ouyahia avouera que le courant salafiste, par exemple, est une réalité qu’on ne peut pas nier, tout comme il reconnaîtra que parmi les partis légaux existants, beaucoup sont d’obédience islamiste. Tout en laissant planer le doute sur les réelles intentions du pouvoir sur ce sujet, Ahmed Ouyahia tentera de faire le parallèle avec le changement d’attitude des anciens chefs de l’Exécutif, passés dans l’opposition, pour affirmer qu’“en politique, rien n’est immuable”.
Tamazight en ballottage
Même s’il s’est refusé à rendre public le contenu de ses discussions avec tous ses invités, Ahmed Ouyahia concèdera quelques bribes, à commencer par le consensus qui se serait dégagé autour du maintien du régime semi-présidentiel, au détriment du régime parlementaire pourtant réclamé par une bonne partie de la classe politique. Ahmed Ouyahia précisera que le maintien de ce système sera accompagné du renforcement des prérogatives du Premier ministre et du rôle du Parlement, la séparation des pouvoirs, ainsi que la garantie des libertés individuelles.
Quant à la question de l’officialisation de tamazight, Ahmed Ouyahia affirmera que la question a figuré dans les débats, mais refusera de dire si celle-ci serait prise en compte ou non, dans la mouture finale du projet de révision constitutionnelle. Cela étant, trois gros paquets de papier, constituant la teneur des discussions, sont déjà entassés. À l’issue des consultations, Ahmed Ouyahia et son équipe en feront une synthèse qu’ils présenteront au président de la République qui décidera d’une conférence nationale ou de nouvelles consultations.
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