Révision de la Constitution
Ali Haroun critique la forme et “corrige” le fond
Par : Mohamed Mouloudj
Il estime que l’amendement primordial est “d’assurer la sincérité du vote dès le préambule et la sanction de la fraude dès les premiers articles de la Constitution”.
C’est dans le cadre des consultations sur la révision constitutionnelle que Ali Haroun a été reçu, jeudi, par Ahmed Ouyahia, au siège de la Présidence. En tant que personnalité nationale, il a développé son point de vue sur le sujet des consultations en mettant en avant les contradictions, les ratages et aussi une critique de la procédure imposée par le pouvoir pour mener les pourparlers.
D’emblée, l’ancien responsable à la Fédération de France du FLN a expliqué que la démarche du pouvoir laisse planer le doute sur le déroulement et même la suite à donner à ces consultations. Il a souligné qu’il aurait été mieux de confier cette tâche à “une instance aussi représentative que possible, incluant les représentants de l’opposition”, qui sera chargée “de dégager, synthétiser et formuler les propositions d’amendement”. Il a déploré qu’un demi-siècle après l’Indépendance, l’Algérie soit encore malade de ses rapports entre le peuple et le pouvoir. “Depuis 1962, un fil conducteur relie tous les dysfonctionnements qui entravent notre évolution vers un État de droit”, a-t-il analysé en ajoutant qu’il faut absolument “l’identifier pour le trancher, si l’on veut vivre sur la base d’un réel consensus émanant de la volonté nationale et non d’un scrutin manipulé, trituré, falsifié (…)”. Il estime que l’amendement primordial est “d’assurer la sincérité du vote dès le préambule et la sanction de la fraude dès les premiers articles de la Constitution” en appelant “à la constitutionnalisation de l’alternance démocratique”. Après un rappel des Constitutions successives du pays, Ali Haroun explique qu’à chaque étape, “la volonté populaire est méconnue” avec comme signe les relations État-citoyen qui “ne sont que des rapports de force et non de droit”. Dans une analyse des textes et amendements proposés par les services de la Présidence, M. Haroun fait remarquer que la notion du “peuple algérien” ajouté à l’amendement qui stipule que “… sous la conduite du Front de libération nationale, le peuple algérien restaure enfin un État moderne”, est un non-sens historique. Cette affirmation “est contraire à la vérité historique. Les Algériens indifférents à la lutte de libération, les administratifs, agents du colonialisme français, les harkis, les membres des Comités de salut public et de certains partis politiques qui ont refusé de se placer sous la conduite du FLN et l’ont même combattu les armes à la main, faisaient tous partie du peuple algérien”, a-t-il dit. Quant à la réconciliation nationale élevée au stade de valeur nationale, il a estimé qu’elle “est contraire au concept d’unité admis par l’ensemble du peuple algérien”. “Car, explique-t-il, elle laisserait supposer que cette unité serait fragile, menacée en permanence…” “En faire une valeur (…) suppose que l’on veuille se prémunir contre un probable avenir de non-conciliations et de discordes”, a encore relevé M. Haroun en ajoutant que si cette réconciliation est constitutionnalisée, “ce serait pour assurer davantage les bénéficiaires de grâce et d’amnistie”, et si elle vise le but politique de recherche d’un certain électorat, “elle ne saurait prospérer au détriment des victimes des atrocités du terrorisme durant la décennie noire”. À propos de l’article 2 qui stipule que “l’islam religion de l’État”, M. Haroun met en garde contre son interprétation dogmatique. Il a rappelé que les partisans de cette distorsion ont été à l’origine de l’une des plus effroyables périodes de notre histoire. Donnant son avis sur tamazight, M. Haroun a indiqué que cette langue “doit trouver auprès de l’arabe le statut qui lui convient de langue nationale et officielle”.
Ali Haroun a évoqué aussi l’emblème national et des questions liées à la justice, comme la présomption d’innocence, le pouvoir judiciaire, la protection du magistrat. “La réforme primordiale et fondamentale des amendements serait d’assurer la régularité et la sincérité du choix du citoyen-électeur par un texte constitutionnel”, a-t-il écrit en appelant à la mise sur pied d’une
C’est dans le cadre des consultations sur la révision constitutionnelle que Ali Haroun a été reçu, jeudi, par Ahmed Ouyahia, au siège de la Présidence. En tant que personnalité nationale, il a développé son point de vue sur le sujet des consultations en mettant en avant les contradictions, les ratages et aussi une critique de la procédure imposée par le pouvoir pour mener les pourparlers.
D’emblée, l’ancien responsable à la Fédération de France du FLN a expliqué que la démarche du pouvoir laisse planer le doute sur le déroulement et même la suite à donner à ces consultations. Il a souligné qu’il aurait été mieux de confier cette tâche à “une instance aussi représentative que possible, incluant les représentants de l’opposition”, qui sera chargée “de dégager, synthétiser et formuler les propositions d’amendement”. Il a déploré qu’un demi-siècle après l’Indépendance, l’Algérie soit encore malade de ses rapports entre le peuple et le pouvoir. “Depuis 1962, un fil conducteur relie tous les dysfonctionnements qui entravent notre évolution vers un État de droit”, a-t-il analysé en ajoutant qu’il faut absolument “l’identifier pour le trancher, si l’on veut vivre sur la base d’un réel consensus émanant de la volonté nationale et non d’un scrutin manipulé, trituré, falsifié (…)”. Il estime que l’amendement primordial est “d’assurer la sincérité du vote dès le préambule et la sanction de la fraude dès les premiers articles de la Constitution” en appelant “à la constitutionnalisation de l’alternance démocratique”. Après un rappel des Constitutions successives du pays, Ali Haroun explique qu’à chaque étape, “la volonté populaire est méconnue” avec comme signe les relations État-citoyen qui “ne sont que des rapports de force et non de droit”. Dans une analyse des textes et amendements proposés par les services de la Présidence, M. Haroun fait remarquer que la notion du “peuple algérien” ajouté à l’amendement qui stipule que “… sous la conduite du Front de libération nationale, le peuple algérien restaure enfin un État moderne”, est un non-sens historique. Cette affirmation “est contraire à la vérité historique. Les Algériens indifférents à la lutte de libération, les administratifs, agents du colonialisme français, les harkis, les membres des Comités de salut public et de certains partis politiques qui ont refusé de se placer sous la conduite du FLN et l’ont même combattu les armes à la main, faisaient tous partie du peuple algérien”, a-t-il dit. Quant à la réconciliation nationale élevée au stade de valeur nationale, il a estimé qu’elle “est contraire au concept d’unité admis par l’ensemble du peuple algérien”. “Car, explique-t-il, elle laisserait supposer que cette unité serait fragile, menacée en permanence…” “En faire une valeur (…) suppose que l’on veuille se prémunir contre un probable avenir de non-conciliations et de discordes”, a encore relevé M. Haroun en ajoutant que si cette réconciliation est constitutionnalisée, “ce serait pour assurer davantage les bénéficiaires de grâce et d’amnistie”, et si elle vise le but politique de recherche d’un certain électorat, “elle ne saurait prospérer au détriment des victimes des atrocités du terrorisme durant la décennie noire”. À propos de l’article 2 qui stipule que “l’islam religion de l’État”, M. Haroun met en garde contre son interprétation dogmatique. Il a rappelé que les partisans de cette distorsion ont été à l’origine de l’une des plus effroyables périodes de notre histoire. Donnant son avis sur tamazight, M. Haroun a indiqué que cette langue “doit trouver auprès de l’arabe le statut qui lui convient de langue nationale et officielle”.
Ali Haroun a évoqué aussi l’emblème national et des questions liées à la justice, comme la présomption d’innocence, le pouvoir judiciaire, la protection du magistrat. “La réforme primordiale et fondamentale des amendements serait d’assurer la régularité et la sincérité du choix du citoyen-électeur par un texte constitutionnel”, a-t-il écrit en appelant à la mise sur pied d’une
institution
“ad hoc”, comprenant les diverses tendances de l’opinion publique, chargée de la préparation de cette révision pour éviter que cet important chantier ne soit, en fin de compte, qu’“un dialogue entre le pouvoir et lui-même”.M M
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